La folie de la bienveillance et des bouddhismes marchands
Ils disent que le monde contient une dualité permanente, que cette dualité est ce qui est, et qu'il faut désormais accepter ce qui est pour trouver la plénitude et aller mieux individuellement et collectivement.
Mais si tu parles du monde, de la société et des gens, tu parles de l'extérieur, alors qu'il faut chercher en soi uniquement. L'extérieur est rejeté, c'est l'intérieur et l'intériorité qui est vrai.
Mais si tu parles de la nécessité de voir disparaître certaines choses, la nécessité de détruire pour constuire, tu as tort. Il faut construire et arrêter de détruire. Détruire est mal, constuire est bien.
Mais si tu parles de l'importance de dire NON à certaines choses et de te dresser contre, tu as tort, car, il faut dire OUI et arrêter de dire NON. Le NON, qui contient deux fois la lettre N, c'est la haine alors que le OUI, c'est l'Amour. Le NON est interdit.
Mais si tu parles d'être CONTRE, tu as tort. Il faut désormais être POUR, uniquement.
Ainsi parlent, aux quotidien, les adeptes de la bienveillance, de l'acceptation de ce qui est c'est à dire la dualité d'un cosmos qui existe par la tension des opposés.
Folie humaine.
Et l'habitat sur la ZAD, ET AILLEURS ?!
Je vous renvoie vers le magnifique livre de mon ami Ivan Illich : « L'art d'habiter », pour simplement constater avec Ivan que nous avons étrangement perdu en chemin ce trait caractéristique et fondamental de l'espèce humaine (...mais bon comme nous avons TOUT perdu...). C'est un des constats les plus puissants que j'ai fait ces dernières années : les gens n'habitent plus.
Concernant les expulsions politiques (et militaires !) de ceux qui cherchent à retrouver l'art d'habiter, Illich nous offre cette terrible analyse : (Est-ce que c'est ce qui attend finalement les Zadistes ?! Ou bien allons-nous enfin nous réveiller sur ce sujet ?)
Le sujet de l'habitat, vraiment trop peu abordé est pourtant fondamental, en lui-même, mais aussi métaphoriquement. En effet, le vieux monde que nous voulons voir finir est comme un immense édifice (non vernaculaire donc, qui s'impose à nous), et nôtre tâche est de le faire disparaître sans le faire exploser directement sans quoi il nous tomberait dessus et nous tuerait. Cela consiste pour chacun de nous (et ensemble) à retirer brique après brique, patiemment mais sûrement. Les briques du vieux monde existent très logiquement les unes par rapport aux autres, et on est souvent obligé pour retirer telle ou telle d'en avoir préalablement retirées certaines autres.
Voyez-vous à quel point cette métaphore se superpose parfaitement à notre situation réelle en terme d'habitat ? Nous n'habitons pas, nous sommes des "logés", hétéronomes, dans des édifices, non respirant, malsains, pollués, non vernaculaires, qui nous enserrent, et nous font vivre une pression d'Enfer, insoutenable, INDIGNE.
Soit nous sommes "LOCATAIRES" avec la pression financière délirante du loyer à payer et avec cette relation si exquise, si DIABOLIQUE, avec "le propriétaire" ; tout ça, c'est UN ENFER.
Soit nous sommes PROPRIÉTAIRES et nous payons un loyer à la banque. La pression est la même. Nous sommes dans tous les cas en conséquence des esclaves du travail-des propriétaires et/ou des banques.
Et en plus, — et c'est bien le pire du pire qui devrait nous faire péter les plombs — , nous n'habitons pas (relire Illich ci-dessus).
De plus, ces mauvaises conditions initiales ne permettront pas une bonne articulation de l'individuel et du collectif, tout aussi fondamentale.
Et de cette situation initiale délétère découle des mauvais rapports humains (des conflits perpétuels) qui ne devraient pas nous étonner — ils sont une conséquence, un symptôme, il faut traiter la cause, qui est le mode d'habitat — .
Tout ça me fait penser aussi à la description de Giono au début du texte « l'homme qui plantait des arbres » :
Notre vrai besoin à tous, CHACUN, c'est HA-BI-TER ! et habiter pour articuler l'individuel et le collectif et en articulant l'individuel et le collectif.
Et c'est d'avoir DE L'ESPACE ! DE L'AIR !!! Saint-Ex disait dans Citadelle cette chose très vraie : « le vice n'est que puissance sans emploi ». J'ajouterais la paraphrase suivante : le vice est aussi puissance sans espace.
Je vous renvoie aussi à mes autres articles : « Tuer l'idéologie pavillonnaire et l'idéologie de la maison bourgeoise » et « Ce qu'il faut de terre à l'homme ».
A l'heure actuelle (l'heure de la barbarie intégrale), une solution viable et assez miraculeuse existe dans l'habitat à ossature-bois, mur en paille et mortier, sur terrain agricole, déclaré en abris de jardin. On a tous appris des quantités de choses complexes et inutiles à « L'Éducation Gouvernementale ». Construire une petite maison de ce type est simplissime, à côté d'une infinité d'autres choses que nous faisons et que nous avons appris à faire (en étant FORCÉ en plus et à contre cœur).
N'est-ce pas le plus beau des travaux, qui se fait exactement à l'inverse d'un contre cœur, que d'AUTOCONSTRUIRE SA PETITE MAISON ?
Pourquoi on nous bourre le mou avec l'idéologie du travail, si ce n'est même pas pour réaliser le premier des travaux de l'homme, depuis que l'homme est sur la terre: HA-BI-TER (et se nourrir par ses propres moyens !).
Pourquoi ne pas habiter cette vie comme il se doit, comme le créateur la voulue ?
Pourquoi être esclave toute sa vie ?
Pourquoi continuer ces vies de dingues, où nous travaillons comme des dingues, simplement pour être logés dans des cages ?
Comment se fait-il que nous ne parvenons pas à nous focaliser collectivement sur ce point ABSURDE et gorgé de mal jusqu'à la lie ?! Comment se fait-il qu'un PEUPLE accepte cet état de chose scandaleux au dernier degré ?! Comment se fait qu'individuellement et collectivement nous acceptons que nos vies soient offertes aux banques et aux capitalistes uniquement par le truchement de lois absurdes qui empêchent de vivre ?
Quiconque quitte les boulevards du fric et la loi de l'argent pour chercher la vie fera le même parcours concernant l'habitat. Les notions rencontrées au travers des lois seront toujours les mêmes : terrain agricole ou naturel, abri de jardin, « abri de moins de 20² », « abri moins de 5m²», « En tant qu'agriculteur », « Qu'a-t-on le droit de faire sur un terrain non-constructible ? », caravane, roulotte, camion, yourte, tipis, pilotis, "flottant", prérogatives du maire, ...
Nous sommes des centaines de milliers, chercheurs de vie, à manipuler constamment ces notions dans tous les sens, à la recherche de LA solution, de LA bonne stratégie, alors qu'il n'y en a pourtant aucune. Car s'il y en avait une, tous les chercheurs de vie s'y seraient engouffrés depuis longtemps et tout le monde aurait fini par suivre. Pourquoi se refuser ce constat mortel ? Parce que ça fait trop mal au cœur ?
Concernant l'habitat, toutes les lois concourent JUSQU’À L'ABSURDE COMPLET, à ce que nous soyons tous radicalement INTERDITS DE VIVRE.
Si nous pouvions vivre, si nous pouvions quitter la loi de l'argent, s'il y avait une seule solution LÉGALE viable : tout le monde s'y engouffrerait, et ça ferait comme je le disais : un trou dans la bulle d'air, irrécupérable pour la loi de l'argent et des banques.
Et puis pourquoi faisons-nous à ce point-là les niais et les naïfs ? Nous savons bien que depuis des lustres, d'autres, avant nous, ont essayé de faire apparaître des trous et que c'est justement leurs actes qui ont permis, pour les gouvernements, de mettre au point de nouvelles lois afin de créer les nouvelles impasses nécessaires au maintien de la loi de l'argent.
A chaque nouveau commencement de trou vers le chemin de vie, en réaction, une nouvelle lois vient y mettre un terme instantanément.
Tant que les individus n'auront pas le courage de brandir sans faiblir, sans fléchir, cette certitude que nous sommes radicalement interdits de vivre, et que nous vivons dans la pire dictature qui soit depuis la nuit des temps, rien de bougera d'un iota. Car ce système vit de notre tendance à nous satisfaire de l'illusion de vie. Tant que nous ne serons pas un nombre substantiel-critique à affirmer que la vie est autre chose que l'état de chose actuel, rien de bougera. Tant que nous nous satisferons, même bon an mal an, de l'état de chose, rien ne bougera. Tant qu'il n'existera pas en chacun de nous un incommensurable NON, PERMANENT, rien ne bougera.
Rien ne bougera : la réalité restera opposée à la vie et à l'amour.
La réalité restera la matérialisation constante de la loi de l'argent. Nous continuerons de vivre en Enfer.
Bas les masques ! Sur le rôle social avec Raoul Vaneigem
ÊTRE UN. Retour en 1967 avec Raoul Vaneigem sur l'horreur absolue des rôles sociaux.
Serait-il possible que les êtres qui peuplent le monde se donnent pour but de ne plus morceler leur êtres dans de multiples rôles, masques et personnages ? Serait-il possible que chacun se mette enfin en route pour devenir une seule personne : lui-même, plutôt que de se changer sans cesse en fonction des situations, s'individuer pour être qui on est dans chaque situation ?
Raoul Vaneigem avait très bien décrit ce phénomène en 1967, dans « Le traité de savoir vivre à l'usage des jeunes générations », voici mon relevé de citations sur ce thème crucial :
« Les instants de la survie se suivent et se ressemblent, comme se suivent et se ressemblent les attitudes spécialisées qui leur répondent, les rôles. »
« Dans la vie quotidienne, les rôles imprègnent l’individu, ils le tiennent éloigné de ce qu’il est et de ce qu’il veut être authentiquement ; ils sont l’aliénation incrustée dans le vécu. Là, les jeux sont faits, c’est pourquoi ils ont cessé d’être des jeux. Les stéréotypes dictent à chacun en particulier, on pourrait presque dire « intimement », ce que les idéologies imposent collectivement. La contrainte et le mensonge s’individualisent, cernent de plus près chaque être particulier. »
« Plus l’homme se connaît par la voie officielle, plus il s’aliène.»
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« Le rôle a pour fonction de vampiriser la volonté de vivre. Le rôle représente le vécu en le transformant en chose, il console de la vie qu’il appauvrit. Il devient aussi un plaisir substitutif et névrotique. Il importe de se détacher des rôles et les rendre au ludique. »
Raoul Vaneigem cite une magistrale sortie de Pascal :
« Nous voulons vivre dans l’idée des autres, dans une vie imaginaire et nous nous efforçons pour cela de paraître. Nous travaillons à embellir et à conserver cet être imaginaire et nous négligeons le véritable.»
J'ajoute au passage ce propos d'un anonyme (très logiquement anonyme) :
« Une personne dans sa force et son pouvoir intérieur n'a plus besoin de montrer aux autres qui elle est, n'a plus besoin d'être reconnue par les autres, n'a plus besoin de se mettre en avant parce que simplement elle le sait elle-même, se valide et se reconnaît elle-même, et c'est en elle dans l'Être et non plus à l'extérieur, au travers des autres et le paraître. Le regard est intérieur et non plus extérieur. » Anonyme.
Vaneigem encore :
« Le rôle est la monnaie d’échange du sacrifice individuel ; en tant que tel, il exerce une fonction compensatoire. Résidu de la séparation, il s’efforce enfin de créer une unité comportementale. »
« Voici un homme de trente-cinq ans. Chaque matin, il prend sa voiture, entre au bureau, classe des fiches, déjeune en ville, joue au poker, reclasse des fiches, quitte le travail, boit deux Ricard, rentre chez lui, retrouve sa femme, embrasse ses enfants, mange un steak sur un fond de T.V., se couche, fait l’amour, s’endort. Qui réduit la vie d’un homme à cette pitoyable suite de clichés ? C’est lui-même, c’est l’homme dont je parle qui s’efforce de décomposer sa journée en une suite de poses choisies plus ou moins inconsciemment parmi la gamme des stéréotypes dominants. Il se détourne du plaisir authentique pour gagner une joie frelatée, trop démonstrative pour n’être pas de façade. Les rôles assumés l’un après l’autre lui procurent un chatouillement de satisfaction quand il réussit à les modeler fidèlement sur les stéréotypes. La satisfaction du rôle bien rempli. »
« En de brefs instants, la vie quotidienne libère une énergie qui, si elle n’était pas récupérée, dispersée, gaspillée dans les rôles, suffirait à bouleverser l’univers de la survie. Qui dira la force de frappe d’une rêverie passionnée, du plaisir d’aimer, d’un désir naissant, d’un élan de sympathie ? Ces moments de vie authentique, chacun cherche spontanément à les accroître afin qu’ils gagnent l’intégralité de la quotidienneté, mais le conditionnement réduit la plupart des hommes à les poursuivre à revers, par le biais de l’inhumain ; à les perdre à jamais à l’instant de les atteindre. »
« Pourquoi les hommes accordent-ils aux rôles un prix parfois supérieur au prix qu’ils accordent à leur propre vie ? »
« Plus on a de choses et de rôles, plus on est ; ainsi en décide l’organisation de l’apparence. Mais du point de vue de la réalité vécue, ce qui se gagne en degré de pouvoir se perd d’autant dans la réalisation authentique. Ce qui se gagne en paraître se perd en être et en devoir-être. »
« Et plus la vie quotidienne est pauvre, plus s’exacerbe l’attrait de l’inauthentique. Et plus l’illusion l’emporte, plus la vie quotidienne s’appauvrit. Délogée de l’essentiel à force d’interdits, de contraintes et de mensonges, la réalité vécue paraît si peu digne d’intérêt que les chemins de l’apparence accaparent tous les soins. On vit son rôle mieux que sa propre vie. »
« Il existe une ivresse de l’identification. »
« La survie et ses illusions protectrices forment un tout indissoluble. Les rôles s’éteignent évidemment quand disparaît la survie. La survie sans les rôles est une mort civile. De même que nous sommes condamnés à la survie, nous sommes condamnés à faire « bonne figure » dans l’inauthentique. L’armure empêche la liberté des gestes et amortit les chocs. Sous la carapace tout est vulnérable. Reste donc la solution ludique du « faire comme si » ; ruser avec les rôles. »
« Mais il faut cependant détruire un monde aussi factice, c’est pourquoi les gens avisés laissent jouer les rôles entre eux. Passer pour un irresponsable, voilà la meilleure façon d’être responsable pour soi. »
« Il me suffit d’être totalement vrai avec ceux de mon bord, avec les défenseurs de la vie authentique. Plus on se détache du rôle, mieux on le manipule contre l’adversaire. Mieux on se garde du poids des choses, plus on conquiert la légèreté du mouvement. »
« Seul l’ennemi recherche la rencontre sur le terrain des rôles. »
« Pour être quelqu’un, l’individu doit, comme on dit, faire la part des choses, entretenir ses rôles, les polir, les remettre sur le métier, s’initier progressivement jusqu’à mériter la promotion spectaculaire. Les usines scolaires, la publicité, le conditionnement de tout Ordre aide avec sollicitude l’enfant, l’adolescent, l’adulte à gagner leur place dans la grande famille des consommateurs.
Tous se construisent grâce à l’illusoire sentiment de participer que partagent leurs membres, sentiments que l’on peut entretenir par des réunions, des insignes, des menus travaux, des responsabilités... Il y a, dans cet effarant scoutisme à tous les niveaux, des stéréotypes du cru : martyrs, héros, modèles, génie, penseur, dévoué de service et grand homme à succès. Le pouvoir est lié à son organisation de l’apparence. »
« La spécialisation est la science du rôle. »
« Il (le spécialiste) sait, au besoin, renoncer à la multiplicité des rôles pour n’en conserver qu’un, condenser son pouvoir au lieu de l’essaimer, réduire sa vie à l’unilinéaire. »
« Mon plaisir n’a pas de nom. Les trop rares moments où je me construis n’offrent aucune poignée par où l’on puisse les manipuler de l’extérieur. Seule la dépossession de soi s’empêtre dans le nom des choses qui nous écrasent. »
« S’il était homme, le pouvoir ne se féliciterait jamais assez des rencontres qu’il a su empêcher. Les places désertes, le décor pétrifié montrent l’homme déshumanisé par les choses qu’il a crées et qui, figées dans un urbanisme où se condense la force oppressive des idéologies, le vident de sa substance, le vampirisent. »
« La plupart des gens connaissent bien le malaise d’entrer dans un groupe et de prendre contact, c’est l’angoisse du comédien, la peur de tenir mal son rôle. »
« Il n’y a que des rôles autour de toi ? Jettes-y ta désinvolture, ton humour, ta distanciation ; joue avec eux comme le chat avec la souris ; il se peut qu’à ce traitement, l’un ou l’autre de tes proches s’éveille à lui-même. »
Bas les masques !
Sylvain Rochex
L'hitlerisme est intact !
A l'heure où il est carrément annoncé le massacre de nos frères par l'État sanguinaire : http://www.lemonde.fr/planete/article/2018/01/12/notre-dame-des-landes-la-gendarmerie-se-prepare-a-une-operation-d-ampleur_5240937_3244.html
Il est tristement à nouveau l'heure pour cette image (ci-contre) :
Ce qui m'aura le plus étonné ici bas, c'est la lâcheté des humains.
Cette lâcheté abyssale, totale, absolue. L'homme n'est qu'un animal craintif, méchant et sanguinaire d'être craintif. On parle de la complexité de l'humain et de respecter cette complexité or, il est simple et monocorde : il ressent de la crainte en continu et il tue sans cesse pour essayer de l'apaiser quelques secondes.
Si je ne comprends pas cette lâcheté, c'est que je ne comprends pas LE SENS DE LA VIE que ça raconte d'abord pour chacun et in fine pour l'ensemble. Je ne parviens pas à comprendre ce qui est vécu au fond du cœur de chacun à être lâche et pleutre. On peut être lâche un temps mais quand les vies entières sont des histoires intégrales de lâcheté, c'est autre chose qui apparaît. Quelle histoire de leur propre vie les gens se racontent-ils à eux-mêmes ? C'est cela que je ne comprends pas. Comment tu tiens debout à savoir, à palper en continu ta propre lâcheté ? A te scinder en différentes versions de toi-même et à incorporer des rôles sociaux pour OBTENIR. A savoir que tu es uniquement intéressé par le fait de bouffer, de baiser, de boire, de posséder, d'avoir de l'argent, et que tu es obnubilé par TES objets, TES enfants, TON travail, TA maison, TES amis, TA femme... Comment font-ils pour vivre tout en sachant qu'ils sont l'inverse du héros qu'ils voient dans leur feuilleton favori ? Ils savent que là où leur héros de série franchit des lignes, voit plus loin, va plus loin, défie la pesanteur et la fatalité, se dresse, réagit, c'est là où eux-mêmes reculent éternellement. Comment font-ils... ?
Inconsciemment même les plus "gauchistes" veulent que les zadistes se fassent MASSACRER car la ZAD, en tant qu'expérience concrète en pleine lumière, même imparfaite, dit combien leur œuvres sont mauvaises :
Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées. » Jean 3
Ces jours-ci, comme chaque semaine depuis 15 ans, je continue de militer de mille manières, d'aller parler aux gens dans la rue, même de faire du porte à porte, de transformer le monde, de dénoncer l'injustice, de tacler les hommes de pouvoirs, de me dresser, de risquer, de m'engager publiquement, face à ce peuple d'éternels pantouflards lâches, pleutres, et égoïstes, toujours et encore : FASCINÉS PAR LA PUISSANCE.
Et pour ce point aussi, les gens veulent que les zadistes se fassent massacrer. Tellement craintifs, ils veulent voir de leurs propres yeux le bras armé de l'État s'abattre sur leur propre frère, car sentir la force de l'État, la voir, ça va les rassurer pour un petit temps.
J'ai l'impression que les gens voient la ZAD comme un simple squat alors qu'il ne s'agit pas du tout de ça, mais d'un pays, avec une communauté et des habitants soudés qui vont se défendre s'ils se font attaquer. Et donc, cela dessine un massacre.
Si les gens voient la ZAD comme un squat c'est qu'ils ignorent le prix d'un jardin, ils ignorent l'attachement qu'on peut avoir pour le romarin et toutes les autres choses vivantes qui poussent depuis X années devant notre porte. Ils ignorent que la petite cabane de bric et de broc — qui correspond pour eux à la cabane à outils de leur pavillon ou à une maisonnette pour enfant — est EN FAIT une vraie maison chaleureuse pour son habitant de la ZAD... On ne peut pas déloger des gens qui ont autant investi AFFECTIVEMENT parlant ! et ORGANIQUEMENT, sans créer des choses très graves !!!
Bref, un massacre se prépare, et on entend le silence des pantoufles.
Oui, l'histoire se répète à cause de la lâcheté, à cause de l'absence de COURAGE, à ne pas penser uniquement à sa propre vie.
Avant hier, j'ai essayé de parler avec un habitant de ma commune (porte à porte), et pour lui, la "fraternité", c'est un mot, me disait-il, qui concerne uniquement LA FAMILLE, étant donné que ça vient de "frère"... Je n'ai pas osé lui demander si l'expression "famille humaine" pouvait avoir du sens pour lui...
L’HITLÉRISME EST INTACT.
« Au bonheur des Dames » à l'école, pour se soumettre au capitalisme
Franchement, à l'heure actuelle, si y'a un bien un livre à lire dans ses jeunes années (— parmi les milliards de milliards de livres imprimés dans le monde —), à la fois pour découvrir le plaisir de lire et pour l'importance des enjeux proposés c'est bien : « Au bonheur des Dames » de Émile Zola... Et ça tombe bien, c'est un classique des collèges et des lycées. Largement étudié en ces lieux, on donne ainsi goût à la lecture à des millions de collégiens et de lycéens. En effet, c'est tellement vrai : rien de mieux qu'un pavé en forme de saga aristocratique multi-personnages, multi-intrigues, multi-situations pour donner à tous le goût de lire mais surtout « Au bonheur des dames », ça permet de faire le lien avec les dossiers sur H&M et celui sur Apple étudiés en classe de 4ème et de plonger les élèves dans ce qui fut la genèse de la société d'hyper-consommation actuelle. Zola qui, rappelons-le, se moque littéralement de mon ami Tolstoï dans une préface à l'édition française de « Quelle est ma vie ? » (Paru avec le titre : Le travail et l'argent). Ce doux rêveur Tolstoï a la bêtise d'imaginer un monde sans argent et sans exploitation et il se fait un peu rappeler à l'ordre par le raisonnable Zola ! Je ne sais pas si Tolstoï a lu « Au Bonheur des Dames » mais il aurait dû, il aurait sûrement découvert que le triomphe du capitalisme est irrémédiable (et c'est donc cela qu'il faut faire passer comme message aux plus jeunes). Ha, que nos enfants deviennent tous aussi raisonnables que Zola, ce serait si agréable au lieu qu'ils cherchent à rejoindre Notre Dame des Landes (Tiens y'a une Dame de ce côté aussi ! — mais une seule ! —).
Pour vraiment comprendre pourquoi il est urgent que les plus jeunes étudient ce livre... voici la section « Le Capitalisme » sur Wikipédia dans l'article sur « Le bonheur des Dames » :
Zola étudie tous les rouages d'une société capitaliste où l'argent est le moteur principal des relations économiques et humaines. Son attitude envers lui peut être illustrée par son commentaire au sujet de son roman du même nom : « Je n'attaque ni ne défends l'argent, je le montre comme une force nécessaire jusqu'à ce jour, comme une force de civilisation et de progrès. » Il étudie donc la mécanique financière du grand magasin, le rôle joué par les grandes banques, l'importance de la production à grande échelle. Il analyse avec minutie le montage financier qui permet l'expulsion de Bourras, qu'il qualifie avec lucidité de « canaillerie dans toute sa légalité ». Depuis son roman La Curée, sa vision a changé : la fortune ne se crée plus sur une malhonnêteté ; elle est le fruit du travail et de la compétence de grands capitaines d'industrie comme le baron Hartmann ou Octave Mouret. Les stratégies commerciales qu'il décrit sont encore d'actualité et, dans cet univers mercantile, préfigurant la société de consommation, la femme est un enjeu économique, une « mine de houille » à exploiter. Cependant, le rôle de l'argent à tous les niveaux de la société, le principe de l'intéressement, les primes données à ceux qui découvrent les erreurs des autres induisent une lutte perpétuelle entre individus. Zola précise : « La lutte pour la vie est entière — chacun va à son intérêt immédiat. »Dans cette guerre continue, les plus faibles, ou ceux qui n'arrivent pas à s'adapter, sont écrasés. C'est ce qu'on appelle le darwinisme social. Les employés inefficaces sont renvoyés, les petits commerces détruits. La position de Zola sur cet envers du décor est ambiguë. L'attention qu'il met à faire éprouver au lecteur de la compassion pour les petits laisse penser qu'il est mal à l'aise à ce sujet. Denise, qui est sa porte-parole, souffre de cet état de fait mais finit par reconnaître que « ces maux irrémédiables […] sont l'enfantement douloureux de chaque génération ». Zola tente de lutter contre cette vision pessimiste, il cherche à voir, dans cette concurrence et ses effets, une condition nécessaire au progrès : si le meilleur gagne, tout le monde en profite. Il tente, avec le personnage de Denise, de montrer que cette grande machine capitaliste peut également profiter aux travailleurs, qui peuvent bénéficier de conditions sociales améliorées. Mais certains lecteurs ne s'y trompent pas : Henri Guillemin, par exemple, y voit un « capitalisme triomphant » sous « un badigeon paternaliste ».
>Ô Éducation Nationale, que tes choix sont limpides !
À Étienne Chouard ! Pourquoi nous ne devenons pas constituants ?
Je pourrais l'adresser à la terre entière mais j'ai choisi Étienne Chouard qui se demande sans cesse pourquoi le peuple ne se met pas en chemin pour devenir constituant, et pourquoi nous n'organisons pas partout des ateliers constituants ou autres séquences d'apprentissage mutuel sur des thèmes essentiels d'émancipation ? La réponse est dans l'image suivante (programme de la médiathèque de la commune de La Rochette de 3700 habitants) :
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende, et que ceux qui ont des yeux pour voir, voient.
Note importante : cette image bien réelle est, on ne peut plus, REPRÉSENTATIVE, de tout ce qui se fait dans TOUTES les bibliothèques des villes petites et moyennes.
Sur l'ennui
Concernant l'universel sujet de l'ennui et une certaine dialectique de l'ennui, je voulais donner quelques éléments en m'appuyant sur Nietzsche d'une part et sur Christiane Rochefort de l'autre.
Première sorte d'ennui : l'ennui de soi à soi, l'ennui qui nous fait culpabiliser, l'ennui que nous regrettons (à tort), l'ennui qui nous fait souffrir. L'ennui que nous voulons chasser (à tort). L'ennui qui nous fait peur quand il s'approche de nous (à pas de loup pourtant). Cette première sorte d'ennui est l'ennui né de notre autonomie et donc comment pourrait-il être mauvais ?
Eh bien le meilleur texte que j'ai pu lire sur cet ennui-là est chez Nietzsche dans Le gai savoir.
Comme Nietzsche, je pense qu'accepter l'ennui quand il nous saisit, en l'intégrant — avec le même genre de travail sur nous-même qu'on peut faire avec n'importe quelle souffrance — est l'expression d'une force qui sera payante en terme d'individuation dans la durée.
Nietzsche, dans le gai savoir :
« Chercher du travail pour avoir un salaire — en cela, presque tous les hommes des pays civilisés sont aujourd'hui semblables ; le travail est pour eux tous un moyen, et non le but lui-même ; c'est pourquoi ils ne font guère preuve de subtilité dans le choix de leur travail, pourvu qu'il rapporte bien. Mais il existe des hommes plus rares qui préfèrent périr plutôt que de travailler sans prendre plaisir à leur travail : ces hommes difficiles, qu'il est dur de satisfaire, qui n'ont que faire d'un bon salaire si le travail n'est pas par lui-même le salaire de tous les salaires. A cette espèce d'hommes exceptionnelle appartiennent les artistes et les contemplatifs de toute sorte, mais aussi ces oisifs qui passent leur vie à la chasse, en voyages, en affaires de cœur et en aventures. Ils veulent tous le travail et la peine pourvu qu'ils soient liés au plaisir, et le travail le plus pénible, le plus dur s'il le faut. Ils sont pour le reste d'une paresse résolue, quand bien même cette paresse aurait pour corrélat l'appauvrissement, le déshonneur, l'exposition de sa santé et de sa vie. Ils ne craignent pas tant l'ennui que le travail dépourvu de plaisir : ils ont même besoin de beaucoup d'ennui pour réussir leur travail. Pour le penseur et pour les esprits inventifs, l'ennui est ce désagréable « temps calme » de l'âme qui précède la traversée heureuse et les vents joyeux ; il doit le supporter, il doit attendre qu'il produise son effet sur lui : — voilà précisément ce que les natures plus modeste ne peuvent absolument pas obtenir d'elles-mêmes ! Il est commun de chasser l'ennui loin de soi par tous les moyens : tout comme il est commun de travailler sans plaisir. »
Effectuant des recherches complémentaires à partir de ce passage sur Internet, je découvre que c'est un texte très fortement labellisé "Éducation Nationale" et qu'il est fréquemment soumis à l'étude scolaire — ennuyeuse — par de nombreux lycéens. C'est à noter car je fais tous les jours des recherches littéraires ou philosophiques et c'est pas souvent que les passages que j'étudie ont le tampon "Éducation Nationale"...
A toutes fins utiles, on observera que ce n'est évidemment pas un hasard. Voici un texte qui parle du TRAVAIL, et du SALAIRE et conformément à l'esprit de Nietzsche, on y trouve une certaine description d'un homme aristocratique en opposition avec le vulgaire. Bref, voilà donc, effectivement, un passage qui — pris isolément — a tout pour plaire à l'indigente mission idéologique et politique de l'Éducation Nationale...
Cette observation étant faite, si on sort ce texte de "l'Éducation Nationale" pour le remettre avec les autres dans la grande bibliothèque du monde, ces idées sur l'ennui sont vraiment enrichissantes. Mais malgré tout, ça fait toujours mal de constater que la bibliothèque d'un seul homme lettré (n'importe lequel) est toujours moins idéologique et infiniment plus diversifiée que la bibliothèque de l'Éducation Nationale. Quelle sale obsédée morbide cette pute d'École Nationale au service du mal le plus cristallin !
De plus (2ème partie de la dialectique), il y a une ironie abyssale à étudier ce texte de Nietzsche à l'École étant donné que la forme de l'ennui provoqué par l'École est d'une toute autre nature. Cette autre sorte d'ennui (radicalement opposée), est l'ennui né de l'hétéronomie, du surmoi, des abus de pouvoir, des injonctions extérieures et de conditions carcérales, comme en parle si bien Christiane Rochefort dans 3 citations ci-après :
« L'école a fidèlement évolué, ou muté, en harmonie profonde avec les besoins de l'Industrie et de ses services. En dépit de résistances internes elle est sa pépinière de matériel humain adéquat. Elle est calquée sur ses structures, et les transmet : soumission, compétition, ségrégation, hiérarchisation, et ennui mortel de l'âme. » Christiane Rochefort
« les temples de l'ennui pré-industriel» Christiane Rochefort, à propos de l’école
Ou encore :
« Expropriation du corps.
Bouclé là à six ans, après l'exercice préliminaire de la Maternelle - ambiguë, compliquée, importante, de plus en plus tôt la Maternelle. On tombe sur des chaises dures, et on écoute des mots pendant des heures. Est-ce par hasard que cette jeune créature croissante, cette boule d'énergie neuve, cet explorateur aventureux, est tenu immobile, pétrifié, confiné, réduit par grand soleil à la contemplation de murs, et à la rétention angoissée de la vessie voire du ventre, 6 heures par jour à temps fixe sauf récrés à minutes fixes et vacances à dates fixes, durant 7 années ou plus ? Comment apprendre mieux à s'écraser ? Ça rentre par les muscles, les sens, les viscères, les nerfs, les neurones. C'est une leçon totalitaire, la plus impérieuse n'étant pas celle du prof. La position assise est reconnue néfaste pour la charpente les vaisseaux les canaux, et voilà comment votre Occidental a la colonne soudée, les tubes engorgés les poumons rétrécis des hémorroïdes et la fesse plate. Ça fait un siècle qu'on les voit les enfants gratter les pieds se tortiller, sauter comme des ressorts quand L'HEURE sonne (sans parler de 20 % de scoliotiques). Ces manifestations sont mises au compte de leur turbulence, pas de l'immobilité insupportable qu'on leur impose : le tort sur la victime. Non ce n'est pas un hasard. C'est un dessein, si obscur qu'il soit à ceux qui l'accomplissent. Il s'agit de casser. Casser physiquement la fantastique machine à désirer et à jouir. Que nous sommes, fûmes, avons été, tous, requiem. Tu ne vivras pas, tu n'es pas venu au monde pour ça. La machine est solide et résiste longtemps. Être enfant c'est de l'héroïsme. Cette déclaration fera ricaner ceux qui ont oublié qu'ils ont été des enfants, qui ainsi se trahiront. » Christiane Rochefort
Si l'ennui décrit par Nietzsche peut élever l'homme, l'ennui décrit par Rochefort le fracasse contre un bloc de béton. L'ennui à l'école est cet ennui qui contient les deux acceptions de l'ennui : s'ennuyer d'une part et avoir des ennuis ou être ennuyé par quelqu'un d'autre part. L'ennui à l'École, comme tout ennui provoqué par un pouvoir, donne un ennui étymologique (in odium) : provoquer la haine de soi, de la vie, être un objet de haine. Étymologiquement : mettre quelqu'un dans l'ennui tout en l'ennuyant, c'est le plus fort accélérateur de la haine qui soit (dans toutes les directions : de soi à soi, des autres vers soi-même, puis de soi vers les autres et la vie).
Les récents déscolarisés (qu'ils aient 8 ans ou qu'ils soient retraités), font tous la découverte étrange de ce passage d'un type d'ennui à l'autre : de l'ennui Rochefortien (hétéronome) à l'ennui Nietzschéen (autonome).
Sachons donc philosopher là-dessus avec les bon outils pour les distinguer et entreprendre de cultiver le deuxième, l'accueillir et « attendre qu'il produise son effet sur nous ».
Sylvain Rochex — 7 décembre 2017
Un jour, nous cesserons de tuer l'Amitié.
Si on veut s'intéresser correctement au pouls du monde (— pour constater qu'il ne bat plus —), on peut ausculter très attentivement la lettre suivante.
Certains penseront qu'elle est spécifique, singulière, locale, qu'elle ne dit donc rien du global, car il s'agit d'une petite commune dans une campagne française, de six signataires, et de quelques sujets tous simples, pourtant elle dit totalement notre monde (immonde).
Cette lettre est déjà par elle-même scandaleuse dans son essence tant le fait d'aller vers les uns les autres ne devrait pas en passer par une demande au despote, mais si je vous dis qu'en plus, cette lettre n'a obtenu AUCUNE RÉPONSE en une année écoulée depuis sa rédaction et que tout ce qui est proposé n'a jamais eu lieu, alors vous avez les nouvelles les plus fraîches qui soient de notre monde. Car PARTOUT, et TOUJOURS, l'oeuvre du monde est de détruire l'Amitié, la Fraternité, la Convivialité, l'Entraide et la Charité. Tout changera, mais alors vraiment tout quand nous nous souleverons d'un seul homme contre cela. Car tout ce qui nous manque, pour prendre soin de nous tous et de la Terre, pour maintenir ouvert l'imaginaire social et politique, ne viendra que de l'Amitié, de la rencontre libre et égalitaire, en présentiel, ici et maintenant, dans la salle du village.
« Impossible éco-fuite » par Nicolas Casaux

« Tout cela pour dire, en paraphrasant Thoreau, qu’il existe un millier de manières d’avoir l’impression de s’attaquer aux branches du mal (qui ne font parfois que stimuler leur croissance), contre une seule manière de s’attaquer à ses racines.
Que pour l’instant, le mouvement de résistance organisé capable de s’attaquer à ces racines, de frapper où ça fait mal pour paralyser ou mettre hors d’état de nuire la machine industrielle à consumer des combustibles fossiles, à émettre du CO2, à réchauffer l’atmosphère, à la saturer de particules toxiques, à vider les océans, à les remplir de plastiques et à les acidifier, à raser les forêts, à les remplacer par des villes, des monocultures et des routes, à perforer les sols pour en extraire des « ressources minières », etc., n’est pas en vue.
Et qu’il incombe, à ceux qui le comprennent, de faire ce qu’ils peuvent pour participer à la création d’une telle résistance. »
PS : en prime, vous trouverez dans cet article une citation de la maman de mano solo... ;-)
Où est l'amitié permaculturelle ? (résiduelle)
Où est, avant toutes autres choses, l'amitié permaculturelle ? (base incontournable et incompressible de toute permaculture digne de ce nom)
La première cause en est l'absence d'espaces communs. Le communal, par définition toujours ouvert et autogéré, sous toutes ses formes (salles diverses, jardins, théâtres,...) est ce qui permet d'obtenir dans une cité un état résiduel de l'amitié. De cette manière, les braises de l'amitié sont toujours là, et il y a juste à souffler dessus légèrement pour que ça reparte. Si un communal accueille en heure de pointe plus de cent personnes, il restera toujours quelques-uns même aux heures les moins fréquentées. Dans ce genre de situation d'amitié "permaculturelle", pour quiconque veut ajouter du bois au feu de l'amitié, les choses sont simples, directes, voulues et attendues. On rend immédiatement grâce à celui qui souffle sur les braises et ajoute du bois puisque c'est précisément pour ça qu'on maintient toujours des braises à cet endroit.
J'ai pris l'exemple d'un communal, mais on pourrait penser à des centaines de situations de maintien d'une amitié résiduelle (permaculturelle).
Cette idéologie du "projet" nous dit aussi que l'amitié ne peut plus exister de façon résiduelle et gratuite afin justement qu'elle existe uniquement sous forme de projets-produits. Afin de vendre aux gens une nouvelle séquence d'amitié frelatée, il faut pour cela tout arracher à chaque fois, tout consommer et terminer le projet-produit. Et en guise de travail de fond, il faut arracher toutes possibilités d'amitié libre et spontanée qui reposeraient sur des dispositifs pérennes d'amitié permaculturelle.
Vous vivez dans un monde où le feu de l'amitié est sans cesse allumé puis brutalement éteint, où l'arbre de l'amitié est sans cesse planté, puis immédiatement arraché et décimé... On n'a pas le temps de l'aider à pousser, de l'arroser, de mettre du fumier, de le voir grandir, non, il faut en planter un autre (qu'on arrachera), puis encore un autre (qu'on arrachera aussi), puis encore un autre et ainsi de suite. Tout ça parce que chaque arrachage et nouvelle plantation est favorable à la circulation monétaire. Vous vivez dans un monde où le maître est l'argent lequel intime constamment d'arracher pour replanter. Et vous voudriez vous sentir bien, enthousiaste ?
Là aussi, tout a été fait pour que nous vivions l'amitié sous forme d'une succession de courts fleurissements et d'arrachages immédiats à partir desquels il faut toujours tout recommencer à chaque fois.
Pour illustrer cela, je vais partir d'un type de situation extrêmement banale que nous avons tous vécue des milliers de fois : le moment où tout retombe (— à zéro —) après une courte période d'extase amicale. Il peut s'agir d'une soirée, d'une semaine ou même de trois semaines vécues dans l'amitié, le partage et la joie (ou pourquoi pas des polémiques aussi). Il y aura toujours ce moment, qui finit toujours par arriver, où tout va brutalement retomber, où vous vous retrouverez tout seul, où toute l'amitié et la joie seront en cendres froides et où il vous faudra tout reprendre de zéro pour espérer revivre ce genre de chose. Si vous m'avez bien suivi jusqu'ici, je ne critique pas l'existence d'une gradation dans le phénomène, je dénonce ( — et le mot est faible —), l'absence d'état résiduel de l'amitié. Je dénonce que nous ayons tous à passer par le néant avant de revivre un soupçon d'amitié, et que nous devions sans cesse tout reprendre à zéro la concernant.
Les téléphones et Internet ont fait un tort énorme à l'amitié résiduelle et permaculturelle. Avant, on savait que l'ami pouvait débarquer à tout moment et à l'échelon de la cité toute entière, cela créait un fluide d'amitié résiduelle globale. Mais maintenant, qui appelle qui ? Est-ce que j'ose l'appeler pour qu'on se voit ? Chez qui ? Chez lui ? Chez moi ? Est-ce que j'appelle cet autre pour qu'il soit là aussi ? Et puis, une fois qu'on se sera vu, qu'on aura « bu un coup » (voir mon article : "on boit un coup?"), eh bien ça sera fini, consommé, il faudra tout recommencer de zéro, reprendre son téléphone : « j'appelle qui ? J'aimerais bien qu'on m'appelle. ». On pense peut-être qu'être dans ce genre d'état est normal. Eh bien non ! C'est un état morbide. Il existe d'autres formes possible de « société » qui en porte vraiment le nom, et qui conservent à chaque instant du temps une amitié résiduelle sur laquelle il y a juste à sauter si le cœur nous en dit.
Alors, avant de parler de la permaculture concernant les plantes ou autres, ça serait bien de se consacrer à la première de toutes les permacultures, celle de l'amitié permanente : cette permaculture où l'on arrache pas les cœurs à tout bout de champ.
Sylvain Rochex — 24 novembre 2017
La plus grosse part du gâteau... mais c'est normal !

Les questions que je veux poser c'est : combien d'entre-eux pensent que cette meilleure part est indigne et injuste (et catastrophique) ? Combien d'entre-eux se rendent seulement compte qu'ils ont une meilleure part ? Et parmi ceux qui s'en rendent compte combien essaient de peser pour changer la situation en faveur d'une égalité politique dans laquelle ils perdraient leurs avantages ?
Il pense qu'ils sont plus méritants, que ce qu'ils ont en plus, il l'ont parce qu'ils sont meilleurs que les autres. Mais que dis-je !? Il n'y pense même pas, être au dessus des autres est pour eux quelque-chose de naturel, qui coule de source, c'est en fait la vision même qu'ils ont de l'égalité (car pour eux ils vivent en situation d'égalité quoiqu'il se passe). C'est tellement juste pour eux qu'ils aient une plus grosse part du gâteau qu'ils ne voient même plus que leur part est plus grosse, beaucoup plus grosse, énorme ! C'est comme s'ils estimaient en permanence qu'ils ont eu moins que les autres au point initial et qu'à chaque fois qu'un gâteau se présente, ils prennent tout naturellement une compensation qui leur reviendrait de droit. Vouloir plus les autres, avoir plus que les autres, ne leur posent en fait aucun problème puisqu'ils s'estimeraient lésés bien en amont, tout au départ. Et c'est vrai : quand on a l'occasion rarissime de creuser avec eux, on se rend compte qu'ils pensent réellement avoir plus souffert que les autres. Ils peuvent même remonter 4 générations s'il le faut pour trouver un aïeul assassiné ou miséreux, enfin bref, ils finiront toujours par trouver une idée, quelque-chose pour dire qu'ils ont plus souffert que les autres. Mais qu'en savent-ils des souffrances des autres et de la mesure de la souffrance en général ?
Quels sont les défauts et les manques vécus au départ pour qu'ils éprouvent le besoin de tout ramener vers eux, parfois pendant toute une vie, sans que ça crée un seul instant selon eux une inégalité insupportable ?
Ils sont donc évidemment à plaindre : c'est les plus perdus d'entre-nous. Mais ça n'empêche pas qu'ils nous cassent tous terriblement les couilles, et qu'ils sont — oui, plus que les autres pour le coup — à la base de la destruction de la vie.
L'obsession destructrice et morbide du devenir et du parvenir.

Car devenir cette chose nous empêchera de devenir un humain. Entre devenir humain et devenir une chose qui satisfera les autres (un travailleur), il s'agit de deux trajectoires totalement différentes voire carrément opposées.
Moi qui ai globalement eu une vie de rébellion vis-à-vis de la société, je peux dire que j'y ai quand même passé au moins au total 32 ans (de ma naissance à 2012), même si c'était déjà beaucoup plus tranquille depuis 2006 : j'avais déjà entamé un détachement notoire vis-à-vis de l'obsession du devenir et du parvenir. Depuis 2012, les termes que j'ai employés pour me définir (contraint parfois par l'administration) étaient enfin totalement emprunts de détachement, voire relevaient du jeu : vraiment plus rien à foutre.
En ayant fini avec l'obsession du devenir et du parvenir depuis environ 2012, je peux enfin totalement me consacrer à devenir un Homme, un humain et un homme. Et il n'y a là plus aucune obsession morbide de devenir, plus aucune ascension sociale lié au parvenir, aucun compte à rendre à personne, si ce n'est au cosmos.
2) S'occuper de nous chauffer quand les températures baissent. Nous ne faisons pas cela, nous appuyons sur un bouton.
3) S'occuper de nous nourrir. Nous ne faisons pas cela, nous allons à Carrefour ou à Biocoop.
4) S'occuper de boire de l'eau pure. Nous ne faisons pas cela, nous payons un abonnement au syndicat des eaux, nous tournons le robinet et cette eau n'est pas pure.
5) S'occuper de déposer nos excréments et urines de façon à ce qu'ils finissent dans le sol. Nous en soucier. Nous ne faisons pas cela. Nous faisons dans l'eau potable, nous souillons les eaux de surface et l'État s'en occupe tant bien que mal (à notre place). S'occuper de sa merde serait un bon début pour devenir un être vivant.
6) Respirer de l'air pur. Nous ne faisons pas cela, nous acceptons de respirer un air pollué.
7) S'occuper de nous habiller. L'homo sapiens n'ayant plus de poil, il lui faut trouver à se couvrir (à partir de fibres végétales ou animales). Nous ne faisons pas cela, nous allons dans des magasins de vêtement acheter des vêtements tout faits.
8) Pour couvrir tous nos besoins ci-dessus : abris, chaleur, eau pure, air pur, vêtements, nourriture, déposer nos excréments sur le sol, nous avons besoin d'espace et de vivre dans un milieu qui contient de la terre vivante, un écosystème, des arbres et des plantes. Nous ne faisons pas cela, nous vivons dans un milieu stérile, exigu et nous participons chaque jour à destruction des milieux naturels.
9) S'occuper d'avoir des relations avec les autres. Nous ne faisons pas cela car cela implique des rapports d'égalité. Dès qu'une personne détient du pouvoir sur l'autre, ce n'est pas une relation mais une guerre pour la survie et l'égo. Nous ne participons pas à tous le champ de relations qui devrait exister au service des besoins vitaux de chacun.
10) S'occuper de notre âme. Nous ne faisons pas cela, nous nous adaptons à cette société de mort et n'avons pas de temps pour notre âme et notre esprit. Nous suivons les directives de l'État, des guides, des gourous, des leaders, des profs, des dominants, des intellectuels, des aristocrates, des riches, des scientifiques et des religions toutes faites.
11) Disposer du temps (tout notre temps) afin de pouvoir s'occuper de nos besoins vitaux et de notre âme. Nous n'avons pas cela.
(...) Et combien de martyrs ont souffert et qui souffrent en ce moment, pour la doctrine du monde, des souffrances qu’il me serait difficile d’énumérer ! (...) Les neuf dixièmes des souffrances humaines sont supportées par les hommes au nom de la doctrine du monde, que toutes ces souffrances sont inutiles et auraient pu ne pas exister, que la majorité des hommes sont des martyrs de la doctrine du monde.
(...) Une des premières conditions de bonheur généralement admises par tout le monde est une existence qui ne rompe pas le lien de l’homme avec la nature, c’est-à-dire une vie où l’on jouit du ciel, du soleil, de l’air pur, de la terre couverte de végétaux et peuplée d’animaux. De tout temps les hommes ont considéré comme un grand malheur d’être privés de tout cela. Voyez donc ce qu’est l’existence des hommes qui vivent selon la doctrine du monde. Plus ils ont réussi, suivant la doctrine du monde, plus ils sont privés de ces conditions de bonheur. Plus leur succès mondain est grand, moins ils jouissent de la lumière du soleil, des champs, des bois, de la vue des animaux domestiques et sauvages. (...) Comme des prisonniers se consolent avec un brin d’herbe qui pousse dans la cour de leur prison, — avec une araignée ou une souris, ainsi ces gens-là se consolent quelquefois avec des plantes d’appartement étiolées,
(...) S’ils ont des enfants, ils se privent de la joie d’être en communion avec eux.
D’après leurs coutumes, ils doivent les confier à des établissements d’instruction publique, de sorte que de la vie de famille ils n’ont que les chagrins — des enfants qui, dès leur jeunesse, deviennent aussi malheureux que leurs parents,
(...) Plus on monte et plus le cercle des hommes avec lesquels il est permis d’entretenir des relations se resserre et se rétrécit ; plus on monte et plus le niveau moral et intellectuel des hommes qui forment ce cercle s’abaisse.
(...) Pour un homme du monde opulent et sa femme, il n’existe que quelques dizaines de familles de la société. Le reste leur est étranger. Pour le ministre et le richard et leur famille — il n’y a plus qu’une dizaine de gens aussi riches et aussi importants qu’eux. Pour les empereurs et les rois, le cercle se resserre encore. N’est-ce pas la détention cellulaire, qui n’admet pour le détenu que des relations avec deux ou trois geôliers ?
(...) Les uns après les autres, ils périssent victimes de la doctrine du monde.
(...) Une vie après l’autre est jetée sous le char de cette idole ; le char passe en broyant leurs existences, et de nouvelles victimes se précipitent, en masse, sous les roues avec des malédictions, des gémissements et des lamentations !
(...) Qu’un homme cesse d’avoir foi dans la doctrine du monde, qu’il ne croie pas indispensable de porter des bottes vernies et une chaîne, d’avoir un salon inutile, de faire toutes les sottises que recommande la doctrine du monde, et il ne connaîtra jamais le travail abrutissant, les souffrances au-dessus de ses forces, — ni les soucis et les efforts perpétuels sans trêve ni repos ; il restera en communion avec la nature, il ne sera privé ni du travail qu’il aime, ni de sa famille, ni de sa santé, et ne périra pas d’une mort cruelle et bête.
(...) Une génération après l’autre s’efforce de trouver la sécurité de son existence dans la violence et de se garantir ainsi la propriété. Nous croyons voir le bonheur de notre vie dans la puissance, la domination et l’abondance des biens. Nous sommes tellement habitués à cela, que la doctrine de Jésus, qui enseigne que le bonheur des hommes ne peut pas dépendre du pouvoir et de la fortune, et que le riche ne peut pas être heureux, nous semble exiger trop de sacrifices. C’est là une erreur. Jésus nous enseigne à ne pas faire ce qui est le pis, mais à faire ce qui est le mieux pour nous, ici-bas, dans cette vie.
(...) Nous faisons pis que l’autruche ; pour établir les garanties douteuses (dont nous-mêmes ne profiterons même pas) d’une vie incertaine dans un avenir qui est incertain, nous compromettons sûrement une vie certaine, dans le présent qui est certain.
(...) Nous sommes tellement habitués à cette chimère des soi-disant garanties de notre existence et de notre propriété, que nous ne remarquons pas tout ce que nous perdons pour les établir. — Nous perdons tout, — toute la vie. Toute la vie est engloutie par le souci des garanties de la vie, par les préparatifs pour la vie, de sorte qu’il ne reste absolument rien de la vie.
Il suffit de se détacher pour un instant de ses habitudes et de jeter un coup d’œil à distance sur notre vie, pour voir que tout ce que nous faisons pour la soi-disant sécurité de notre existence, nous ne le faisons pas du tout pour nous l’assurer, mais uniquement pour oublier dans cette occupation que l’existence n’est jamais assurée et ne peut jamais l’être. Mais c’est peu dire que d’affirmer que nous sommes notre propre dupe, et que nous compromettons notre vie réelle pour une vie imaginaire ; nous détruisons, le plus souvent, dans ces tentatives, cela même que nous voulons assurer.
(...) La doctrine de Jésus, qui enseigne qu’il n’est pas possible d’assurer sa vie, mais qu’il faut être prêt a mourir à chaque instant, est indubitablement préférable à la doctrine du monde, qui enseigne qu’il faut assurer sa vie ; préférable, parce que l’impossibilité d’éviter la mort et d’assurer la vie reste exactement la même pour les disciples de Jésus comme pour ceux du monde ; mais la vie elle-même, selon la doctrine de Jésus, n’est plus absorbée par l’occupation oiseuse des soi-disant garanties de l’existence ; elle est affranchie et peut être vouée au seul but qui lui soit propre, le bien pour soi-même et pour les autres.
(...) Nous avons appelé la pauvreté d’un mot qui est synonyme de calamité, mais, en réalité, est un bonheur, et nous aurons beau l’appeler calamité, elle n’en sera pas moins un bonheur. Être pauvre veut dire : ne pas vivre dans les villes, mais à la campagne ; ne pas rester enfermé dans ses chambres, mais travailler dans les bois, aux champs, avoir la jouissance du soleil, du ciel, de la terre, des animaux ; ne pas se creuser la tête à inventer ce qu’on mangera pour éveiller l’appétit, à quels exercices on se livrera pour avoir de bonnes digestions. Être pauvre, c’est avoir faim trois fois par jour, s’endormir sans passer des heures entières à se retourner sur ses oreillers en proie à l’insomnie, avoir des enfants et ne pas s’en séparer, être en relation avec chacun, et, ce qui est essentiel, ne jamais rien faire de ce qui vous déplaît, et ne pas craindre ce qui vous attend. (...) Être pauvre, c’est précisément ce qu’enseignait Jésus, c’est la condition sans laquelle on ne peut entrer dans le royaume de Dieu ni être heureux ici-bas. » Léon Tolstoï
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