Chronologie de ce site
Il a ouvert en septembre 2014. Le sujet de la toxicité grandissante et terrifiante d'Internet a été évoqué de nombreuses fois dans des articles. Face au constat d'une toxicité totale d'Internet, le site a été fermé plusieurs fois début 2016 et de multiples appels ont été lancés pour inviter les gens a remettre enfin les priorités dans le bon ordre, Internet devant exister simplement en tant que bonus à une vie réelle partagée et non l'inverse. Inviter les gens à comprendre qu'Internet peut au final totaliser la somme des expériences vécues et tendre à devenir l'unique expérience (absurde).
Ceci s'ajoutant en plus à de très nombreux préjudices pour nous (discriminations concrètes et calomnies nombreuses pour les idées que l'on porte - nous habitons en zone rurale et c'est pas triste de porter des idées subversives dans ce genre de milieu particulièrement xénophobe), nous avons totalement fermé le site entre septembre 2016 et décembre 2016. Je précise qu'entre temps nous n'avons pas arrêté de penser, d'étudier et d'écrire (comme on pourrait le penser vu qu'Internet est devenu la chose qui détermine ce qui existe et ce qui n'existe pas)... Il ré-ouvre ce jour, 19 décembre 2016, pour satisfaire quelques demandes, et face à la décadence complète de ce monde où d'ailleurs il semble devenu incontournable de se droguer ou de s'alcooliser ou de manger de la merde (car Internet c'est aussi cela) si on veut tenter, ne serait-ce qu'un chouïa, de rejoindre la population dans son Enfer. Oui, il semble qu'il faut accepter de prendre un peu de la poudre magique (et chimique industrielle) pour rejoindre de temps en temps une population, pourrait-on dire, de "thanatonautes" complètement perchée. Seulement de temps en temps, car le reste du temps, on est dans la forêt en train de prendre soin du cosmos. Alors toi qui lit ces lignes, si tu pouvais seulement choper quelques infos et documents ici, pour te dépêcher de créer des rencontres réelles dans ton village dans une idée de bien commun, au lieu de consommer simplement un peu de subversion, comme d'autres consomment du porno, pour juste te passer un baume et reprendre demain ta vie au service de l'argent et de l'idéologie du travail, ça serait sympa. C'est présenté sur ce site : la déscolarisation c'est surtout la reconquête des espaces communs pour y vivre une skholè collective et une vraie démocratie.
Les Élus ou l'Amitié, nous avons un choix à faire...
Je voudrais rebondir sur ce propos d'un ami concitoyen qui me disait qu'il se passe dans le monde entier chaque jour des choses beaucoup plus graves que notre vie de village empêchée par les Élus...
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Si on part des thèses du municipalisme ou du communalisme, le plus grave n'est pourtant jamais les décisions politiques et économiques (et leurs conséquences) de la Maison Blanche ou de la Chine. Le plus grave, c'est toujours cette impossibilité de vivre à l'échelon de la commune, qui est le seul échelon de la vie humaine et celui où tout commence : l'échelon de l'Espérance. L'échelon où on peut tout reprendre à zéro au niveau même de la place de l'homme dans l'univers si cela nous chante.
Nous sommes toujours tournés vers les spectacles de la grande échelle nationale ou mondiale et nous en oublions constamment l'échelon à notre mesure qui permet tout (justement parce qu'il est à la mesure de l'homme) : celui de la commune. Combien d'artistes vont se croire bouffons à la cour en épinglant quotidiennement sur youtube le Président des USA ou l'oligarchie française ou telles stars sans jamais un seul instant s'en prendre à leur Maire ou à la petite oligarchie qui tyrannise en continu leur petit village. L’échelon de la praxis (actions réelles transformatrices du réel) est pourtant uniquement celui de la commune (car à la mesure de chaque individu – y compris de « l'individu collectif »).
Le plus grave, c'est donc toute cette vie qui voudrait éclore dans les ruelles, les collines, les jardins, les communaux, les Églises, les places, auprès des fours à pains, dans les salles communales, qui est systématiquement et quotidiennement assassinée dans l’œuf par les Élus soi-disant « de la Ré-publique ».
Le plus grave c'est toute cette Espérance contenue dans la possibilité de se rassembler, de se parler, de s'écouter, de s'entraider, de prendre soin ensemble, de créer ensemble, de jouer ensemble, d'apprendre ensemble, de festoyer, de mettre en commun qui est systématiquement et quotidiennement assassinée par les Élus.
Tuer l'espérance est le plus grand crime. C'est comme retirer à un mourant le dernier espoir de sa guérison (fut-il basé sur quelques irréalités, métaphysiques ou transcendances). En empêchant l'amitié au sens de la philia d'Aristote, les Élus réalisent ce que Cornélius Castoriadis n'a eu de cesse de nommer la clôture de l'imaginaire social et politique.
Le Chrétien que je suis baptise cela l'Espérance assassinée, et pourquoi pas : Jésus crucifié encore et toujours. Le monde va très très très mal, certes, mais donc pour continuer à vivre, le minimum est de laisser une ouverture sur de nouveaux possibles. Or les Élus ferment tout à double-tours (je le constate depuis 12 ans de mille et unes manières). Il est aisé d'observer les choses de façon purement physique et/ou biologique : les Élus travaillent à maintenir un milieu clôt sur lui-même alors que les processus ordonnateurs de la vie réclament en permanence un échange avec « le milieu extérieur ». Le christianisme rejoint plus souvent qu'on ne le croit la biologie.
Les Élus empêchent la rencontre avec l'Autre, avec l'Étranger, avec le Voisin : ils empêchent l'air de rentrer (ils haïssent le nouvel air - la nouvelle ère). Les Élus cadenassent la porte qui devrait pourtant rester ouverte, celle que nous pouvons tous pousser pour être accueillis en convive tel que nous sommes, avec notre pauvreté d'être humain égale à celle des autres, cette porte qui nous amène autour de la table avec une bougie au centre ou près du foyer. Prenez un peu le temps d'analyser ce qu'il reste d'en-commun dans votre commune (oui, commune !! nous osons encore dire "Commune" !!) [N.B : pour effectuer dignement cette analyse, merci de ne pas vous faire prendre au piège avec « les services publics » qui servent uniquement des logiques individualistes (eau, ordures, école, routes etc.) ou avec la forme associative qui est une forme privative ou avec les notions d'argents (l'amitié suppose la gratuité). Vous verrez qu'il ne reste plus rien de véritablement COMMUN]
Il y a en fait antinomie radicale entre la notion d'en-commun et la notion de délégataire du peuple.
Il faut donc bien comprendre pourquoi les Élus détruise systématiquement l'en-commun (et ils le font tous). Il le font car il y a antinomie radicale (au niveau éthique, symbolique et esthétique) entre un régime fondé sur la délégation et une démocratie véritable. Tout ceux qui cherchent à nous faire croire à longueur de prise de parole qu'on pourrait mixer les deux, que tel Élu sera enfin au service du bien commun, sont d'effroyables menteurs. C'est l'un ou l'autre : les Élus ou l'Amitié, nous avons un choix à faire.
Les Élus (tous les Élus) savent plus ou moins inconsciemment que si le peuple se rassemble et retrouvent les chemins d'un vivre ensemble dans la philia, cela ouvre directement la porte à des formes autogestionnaires et d'autonomie collective dans lesquels ils disparaissent immédiatement en tant qu'Élus.
Les Élus savent plus ou moins inconsciemment que leur pouvoir (comme tous les pouvoirs !) est mathématiquement fonction du degré de division à l'intérieur du peuple. Il s'agit donc bien là de deux forces antagonistes : la force de l'amitié ou celle de la délégation (concomitante des petites vies privatives).
Tout est affaire de symbolisme. Les Élus savent (encore une fois plus ou moins inconsciemment) à quelle vitesse le nouveau symbolisme de l'assemblée du peuple peut les mettre directement à terre. Imaginez que sur un seul mois, l'assemblée du peuple se tiennent ne serait-ce qu'une fois de plus que « le conseil municipal », c’en est déjà fini de ce dernier au niveau symbolique. L'oligarchie politique peut disparaître très rapidement en fait et cette disparition en fait la met en position de disparaître rapidement y compris en droit. Ce qui est réellement vécu comme partage régulier entre les membres du peuple développe toujours une force symbolique beaucoup plus grande que les petites réunions (ridicules) d'une oligarchie politique.
On peut bien me parler des heures de tels ou tels Élus qui seraient soi-disant tournés vers le bien commun et l'amitié dans le village, ces Élus fonctionneront toujours en fonction d'une limite franche constituée par la conservation de leur pouvoir issu de la délégation, et cette limite constituera toujours un mur immédiat pour qui veut faire progresser l'Amitié dans son village.
Donc, vous pouvez tous continuer de mener vos petites affaires privées en tentant d'oublier les Élus, en cultivant constamment des milliers d'excuses pour ne jamais vous frotter à eux. Pourtant, souffrant de solitude et de toute la peine à devoir mener sa barque seul : la flamme, le souvenir, de l'Amitié viendra toujours vous chercher. Et l'impossibilité de l'Amitié vous ramènera TOUJOURS à vos Élus.
Donc, autant vous frotter à eux tout de suite, ce serait vraiment gagner du temps et éviter beaucoup de temps gâché.
Autant œuvrer dès à présent pour la philia sans Élus, puisque le cas échéant cette question ne vous lâchera jamais totalement.
Franchir des lignes
J'ai encore rendez-vous, ce jour, avec l'Élu de la Lumière Céleste Intersidérale. Je m'y rendrai mais je ne me rendrai pas.
Je serai sûrement encore tout seul ou bien avec ma bonne amie. Sujet : le 9 novembre dernier, six personnes ont effectué une demande pour 4 soirées conviviales et culturelles dans la salle polyvalente de la commune (à ce jour sans réponse), deux dates étant déjà passées.
Je lui dirais encore la vérité (concernant les processus ordonnateurs de la vie) et il me dira éternellement son mensonge d'Élu de la Lumière Intersidérale Enrubannée Électroluminescente et Fluorescente...
Je me heurte depuis 12 ans à ce propos de Cornélius Castoriadis :
Ce matin, j'ai tourné le truc dans tous les sens avec cette exigence : réussir à inventer quelque-chose. Face à la répétition d'une situation, c'est la seule façon de s'en sortir par le haut.Domination d'une oligarchie et passivité et privatisation du peuple ne sont que les deux faces de la même médaille.
Mais ça tourne de plus en plus dans la choucroute : la confrontation du Prince avec moi n'a que trop duré.
Je connais par cœur toutes les réactions du Prince, toutes ses ficelles, toutes ses formules, toutes ses pathologies et ses déviances. Pendant des années, je les ai apprises, maintenant je suis lassé au dernier degré. Nos dialogues sont de plus en plus, toujours les mêmes. Il manque de plus en plus l'intervention extrinsèque qui peut tout changer.
Mais qui veut franchir les lignes ?!>
Les processus de normalisation sociale installent pour chacun de nous, des faisceaux de lignes, invisibles, à ne pas franchir (ça commence dans le sym-bolique (coutumes, lois,...), et ça finit dans le dia-bolique). Certains nomment cela : le Surmoi. Ça pèse sur la conscience. Des personnages l'incarnent : l'Élu, le Prof, le Prêtre, le Flic, le Médecin,...
Dans le monde d'aujourd'hui, ces faisceaux constituent carrément des entrelacs de barbelés qui lacèrent au quotidien les individus.
Malgré cela, c'est pas grave, le Surmoi semble toujours vainqueur : ne jamais, à aucun prix, franchir les lignes. Glauque. Morbide.
Pour ma part, et je crois que c'est ma qualité, je me suis toujours fait profession de capter les lignes, de jouer avec et de les franchir. Je me sens un peu seul avec ça. Mais à vrai dire, je ne me sens bien que comme ça. Rester toujours en-deçà des lignes du Surmoi, me viderait l'âme, me tuerait. J'ai parfois la sinistre impression que c'est exactement l'inverse pour les autres. Face à l'invitation à franchir une ligne, la réponse classique des "gens" est une peur bleue équivalente à la peur de mourir.
Franchir des lignes demande, il est vrai, d'improviser (une fois la ligne franchie), et d'aller à la rencontre de l'inconnu : l'inconnu en soi, l'inconnu dans l'autre, et l'inconnu de chaque seconde qui se présente. Franchir la ligne du Surmoi, nous amène en fait dans le seul véritable lieu du créatif, que les Grecs nommaient Poiesis et qui donna naissance au mot de poésie.
L'homme du commun, le vulgus, le prolétaire, reste toujours en-deçà des lignes symboliques. Cela se traduit par : faire ce qu'il convient de faire et dire ce qu'il convient de dire, qui sont toujours des mauvaises actions et des mensonges (au moins vis à vis de soi-même). Franchir les lignes, c'est toujours tenter de dire la vérité à l'endroit même où il ne faut pas la dire, et c'est aussi effectuer une action avec un degré de surprise telle (donc de poiesis, donc de poésie), qu'il y a aussi expression (approchée) de la vérité. Car rien n'est plus vrai que la loi de gravitation universelle, et franchir des lignes, c'est sauter dans le vide, c'est affronter le vide, c'est se confronter au vide. Car le vide est nécessaire pour que quelque-chose de neuf (poiesis) puisse advenir (Cf : Peter Brook, L'Espace vide.)
Tout ça, c'est aussi la notion de Kairos, le temps profond, qui rompt le Chronos, le temps linéaire. On peut parfois traduire le Kairos par opportunité.
Avec les Princes de ce monde, depuis dix-douze ans, je pense que je crée constamment des opportunités de Révolution. Je brise le Chronos, en franchissant des lignes (notamment via la parole, mais pas seulement) pour faire apparaître le Kairos. Un temps profond, c'est-à-dire un essai de Rugby qui doit être transformé par le peuple. Je le fais en puisant dans mes racines chrétiennes qui me confère une passion de l'impossible. Une vie chrétienne, c'est une vie qui compose constamment avec une réalité nourrie de l'irréalité qui contient "Dieu" : l'invisible, l'impossible, le vide, tout ce qui est au-delà de TOUTES les lignes. Je suis parfois chrétien "militant" pour cette raison : il faut des outils pour accepter de se confronter au vide. Mais il y a aussi l'outil du théâtre. Et c'est uniquement pour cela que depuis 2001, j'ai constamment fait la promotion de l'apprentissage du théâtre. Car le théâtre, est la discipline totale qui permet d'apprendre à franchir les lignes (de s'auto-éduquer à), à combattre le surmoi, de rivaliser avec lui, puisque c'est un moyen en or pour se retrouver véritablement en situation de (le mot est de plus en plus galvaudé) création (au sens de la poeisis). J'invite quiconque qui ne l'a pas encore fait à se retrouver de nombreuses fois dans la situation qui amène l'acteur à franchir la ligne qui séparent les coulisses de la scène. Sachant qu'après cette première ligne gigantesque, la scène sera le lieu d'un franchissement de lignes permanent...
Refuser la mécanique glaciale des secondes et des jours en mettant des pieds dans le vide, est, je pense, le trait fondamental de ma personnalité. Je crois que j'ai toujours été ainsi : toujours vivre avec une dose plus ou moins substantielle de provocation qui dans un sens littéral devient un pur synonyme du "franchissement de lignes".
Je n'ai jamais vraiment réussi à aller à la Boulangerie (ou autres topoï de notre vie sociale) et à réaliser ce qu'il convient de dire et de faire dans une boulangerie sans franchir de lignes (mêmes petites, mêmes faciles à franchir). Moi je me sens mourir si je ne franchis pas de lignes.
Mais, donc, là où se situe la plus intense réflexion et interrogation philosophique pour moi : pourquoi diable, ai-je l'impression que c'est rigoureusement l'inverse chez les autres, disons chez l'extrême majorité ?! Me parviennent constamment les preuves et les signes, que les autres ont, eux, l'impression de mourir s'ils doivent franchir des lignes... Je suis humain, je suis donc semblable à mes frères, mais je pense que j'exprime là ma plus grande différence d'avec mes frères.
Ça doit me venir de mon père, qui était bien spécial, et qui m'a appris par son action et ses paroles que l'autorité est bête et illégitime. J'ai donc moins de mal que la moyenne à jouer avec.
J'ai donc rendez-vous avec « mon père », tout à l'heure, à 15h. Je serai presque seul face à sa tyrannie, sa bêtise et son absence de légitimité. On créera sans doute un petit Kairos, et quelques VERTIGES, comme ça, pour dire à l'adversaire qu'on est toujours là, bien vivants, plus vivants que jamais ! Et pour maintenir l'Espérance.
Mais bon sang, qu'est-ce que c'est long...
Les autres, eux, sont en-deçà de la ligne, au "travail", en-deçà de la ligne-glissière : sur l'autoroute de la vie.
Conseil de prudence : prenez la première sortie autoroutière, franchissez la ligne... de crête, et prenez le chemin de la forêt et de la Montagne.
Là, par delà les branches et les cimes, vous retrouverez le Ciel, la Lune et les Étoiles : le COSMOS.
Sylvain
Dialectique de l'amitié
La notion revêt de plus en plus pour moi une dualité contrastée de plus en plus nette. Et finalement, comme toujours en philosophie, ça s'éloigne et se complexifie, en même temps que ça se précise. Cette dialectique, quelle est-elle ?
Pour la décrire simplement, je partirais principalement de deux sources littéraires, mais il y en aurait des milliers (surtout pour la première vue de la dialectique).
Première source : « Lettre à un otage » de Saint Exupéry. Saint-Ex décrit avec tant de vérité, cette force qui fait que l'on coule vers un autre être que soi-même pour s'y sentir bien et en plénitude ("pour s'y sentir pur"). Cette force mystérieuse qui requiert le non-jugement réciproque, l'accueil total des qualités et des défauts ("si mon ami boîte, je ne lui demande pas de danser"). Cette première vue est similaire à la définition chrétienne et divine de l'amitié : l'accueil sans limite du pauvre et de la misère de la condition humaine qui implique qu'on devienne pauvre avec le pauvre, pauvre parmi les pauvres. (J'associerais volontiers "L'ami dévoué" de Oscar Wild pour le sujet du sacrifice lié à l'amitié (et un texte de Tolstoï aussi) mais il vaut mieux simplifier pour faire apparaître clairement cette dialectique.)
Pour l'autre partie de la dialectique, il y a cette deuxième source, la source Grecque, avec notamment l'Éthique à Nicomaque d'Aristote et tout le feu de la philia Athénienne. L'amitié de Saint-Ex serait donc en fait pour les Grecs : Agapè. Quant à la philia (j'ai déjà beaucoup écrit à son sujet), on peut la définir par l'amour partagé de la vérité (qui va donc, avec le courage de la vérité et la philosophie). La Philia est l'amitié quotidienne issue de la citoyenneté, c'est-à-dire entre personne libres et autonomes amoureuses de la (recherche de la) vérité (Alethéia).
La philia, avec toute sa fronde qui la caractérise, dit ceci : la vérité avant les amis. Cette idée ne signifie pas qu'on ne veuille pas d'amis et qu'on veuille uniquement la vérité, au contraire, ça signifie qu'il ne peut pas y'avoir d'amitié véritable, si on fait fi de la vérité dans ses relations (on cherche l'amitié véritable et pas juste des "relations"). Cela signifie aussi qu'il ne peut pas y'avoir d'amitié sans communauté politique en un lieu, sans citoyenneté (liberté et égalité) et sans autonomie individuelle et collective (en un point de l'espace et du temps).
L'amitié, chacun en conviendra, implique la gratuité totale (même racine que pour la grâce). Et cette gratuité, cette grâce, pour exister doit trouver du symbolique où s'épanouir. Ce ne peut-être que le symbolique de la mise en commun des actes, des paroles et d'une partie substantielle des biens matériels (ou de la matérialité au sens large). Le diabolique du chacun pour soi à la poursuite de ses intérêts ne peut pas créer d'amitié. (On peut entrevoir que la philia rejoint l'agapè sur la notion de vérité qui viendrait de Jésus-Christ.)
Mon âme est toujours bienheureuse de sentir la perfection encore possible de l'agapè et la joie d'accueillir l'autre à ma table comme le Christ, ou d'être moi-même accueilli comme le Christ, mais je dois dire que je souffre le martyr de vivre sans Philia. De vivre dans un monde où chacun poursuit constamment ses petites jouissances privatives, où l'idée même de bien commun, a totalement disparu (des consciences et de la réalité). Je vois TOUS mes frères humains passer leur vie à vendre et se vendre et parfois, je ne vois plus du tout ce qu'il peut rester d'amitié là-dedans (au sens donc de la philia d'Aristote). J'ai souvent la sensation d'un monde de glaces, où nous sommes uniquement des clients les uns pour les autres. Je me demande tous les jours : comment a-t-on pu réaliser une ablation aussi parfaite de la philia, (et donc de l'en-commun) telle une opération de l’appendicite ? L'idée de l'amitié qui découle de la liberté et de la citoyenneté (de la liberté dans la citoyenneté) a été totalement enlevée du monde...
J'ai dans le cœur deux divinités, qui incarnent chacune, un pan de l'amitié. Le Christ (du nouveau testament) et Athéna (fille de Zeus, déesse de la sagesse et du polémos, protectrice d'Athènes). En somme : Agapè (Christ) et Philia (Athéna). Je n'arrive pas à me résoudre à abandonner la moitié de l'amitié. Je pense que ces deux moitiés sont d'ailleurs en équilibre l'une avec l'autre et que l'absence de l'une abîme l'autre (c'est un couple inséparable qui s'émule, et si l'un meurt, l'autre en meurt comme Roméo et Juliette).
Cet ami, qui boîte (comme tout le monde), qui repart de chez moi mais qui s'en retourne pour vendre et se vendre... Je ne le comprends plus... Je m'interroge... Agapè ne peut pas être uniquement un baume, un pharmakon.
Agapè appelle la Philia. Philia concoure à Agapè. Ce monde de ventes permanentes, de sphères privées, de juxtaposition d'oikoï, et d'agapè totalement approximatifs entre deux portes (ventes), ne me va pas du tout.
NB. : chaque oikos étant d'ailleurs devenu une petite entreprise libérale (même que ça soit sous des formes jugées "éthiques" - ça reste du privatif et de la vente)
Oui, je m'interroge, comment parfois ne pas en vouloir sérieusement à mes frères humains d'être TOUS des commerçants ?
N.B : énième email militant que je reçois hier de la part de André dans lequel on trouve encore et toujours un appel à cotisation - tout le monde demande sans arrêt du fric par un biais ou par un autre... c'est quoi le rapport avec l'amitié ?
Dans tous mes amis et proches depuis 36 ans, il n'y a guère qu'Olivia et Valentin que je sens véritablement totalement détaché du fric (qui le condamnent philosophiquement et qui cherchent à s'en débarrasser).
Cet ami qui vend et se vend continuellement est en plus toujours à la peine, alors il vient chercher Agapè pour se passer un baume quand œuvrer pour la Philia allégerait définitivement son fardeau.
C'est donc ABSURDE.
En tout cas, je dois dire que ces jours-ci, je me sens en froid avec l'amitié ou à moins que ça soit le monde qui se refroidit de jour en jour.
Je ne comprends plus ce que les gens veulent partager : de l'alcool ? Des tisanes ? Du foot ? Du cannabis ? Bouffer ensemble ? Des paroles, au choix : de résignation, de déprime, ou sur "une meilleure alimentation" (obsession du moment - légitime vu le désastre) ??!!
(Bon de toutes façons, les gens ne se parlent bientôt plus, ils regardent leur smartphone...)
Mais en fait, on fait quoi ??!! On construit quoi, de commun, de sensé, de viable, de solide, de soigneux, de pérenne, ET DE BEAU ??!!! ENSEMBLE et pas chacun pour soi ?
A suivre.
Sylvain
L'homme fait l'inverse de ce qu'il faut. Eh bien soit.
Hier soir encore (oui, encore ! et encore !!!), je tombe sur un court passage de Khalil Gibran, qui s'intitule « le moi suprême » : un roi tout juste couronné discute avec ce qui semble être son reflet nu.
Le roi dit avoir été couronné car il est le plus noble, le plus sage et le plus puissant. ...
Et vous connaissez la chute (c'est ça le problème, c'est que vous connaissez tous la chute... qui porte bien son nom de chute d'ailleurs.)
Le reflet nu, lui révèle que s'il était noble, sage et puissant, il aurait refusé d'être couronné, et que celui qui est le plus noble, le plus sage et le plus puissant est celui qui n'est pas roi.
C'est le plus vieux thème de philosophie.
Quiconque ouvre un livre de pensées ou même de poésies, quiconque prête l'oreille à la source des sources entend cette musique : celui qui veut trôner et/ou trône ici bas est le moins sage, le moins noble et le moins puissant. Celui qui gouverne les hommes ne peut pas se gouverner lui-même. Vérité chrétienne, vérité bouddhiste, vérité de toute la philosophie politique depuis la nuit des temps, vérité tout court, vérité ultime. Vérité des vérités.
Lorsque j'ai intensément repris ou parcouru les couloirs plus ou moins classiques de la philosophie politique à partir de 2010, c'est cette vérité qui m'a sans cesse inondé. Et j'ai pu mesurer combien cette vérité était formulée de façon identique dans toutes les pensées qui nous viennent du fond des âges.
Bien-sûr, on peut citer les pré-socratiques, Platon, des athéniens célèbres (Cléon entres autres), les stoïciens, des chrétiens, on peut parler des Bossuet, des Castoriadis, des Alain, des Rancière, des Sintomer et des centaines d'autres antiques ou contemporains que j'oublie (Gibran donc aussi, Saint Exupéry oui bien-sûr), on peut aussi parler de milliers de poètes, pamphlétaires, essayistes, ou dramaturges,... mais au final, ça ne sert à rien, cette vérité est tellement énorme, tellement en chacun de nous, tellement connu de l'homme, tellement martelée depuis l'aube des temps.
Mais je le crie quand même depuis 5 ou 6 ans : il ne faut jamais donner le pouvoir à ceux qui le veulent. J'ai diffusé des milliers de papiers, placardé des pancartes, réalisé des expériences politiques, donné du théâtre. Je l'ai dit aussi aux "rois" à chaque fois que j'ai pu. J'ai alerté à chaque fois que j'étais dans un groupe qui s’apprêtait à réitérer cette SEMPITERNELLE erreur.
Pourtant nous le savons tous (et les rois, comme Gibran finalement le suggère, le savent aussi). Nous savons tous que le moins apte d'entre-nous à gouverner est exactement celui qui désire le pouvoir. Nous le savons et partout, continuellement, des plus petites instances, au sommet des gouvernements nationaux, continentaux, mondiaux, partout, tout le temps, nous donnons le pouvoir à ceux qui le désirent. Nous confions le destin des hommes à ceux qui sont les moins sages : ceux qui seront les plus méchants, les plus cyniques, les plus égotiques. Nous donnons le pouvoir aux plus blessés d'entre-nous, aux plus malades d'entre-nous, aux Hitlers, : à ceux qui sont les plus enclins à REPRODUIRE LES VIOLENCES QU'ILS ONT SUBIS (Cf : Alice Miller et Cie).
Je dois donc ici avouer ma faiblesse, une honte et un échec : après tout ce temps passé à réfléchir à tout ça, je n'ai pas réussi à trouvé POURQUOI nous faisons ça et je m'en remets tout entier à vous et à tout le monde.
Je n'ai pas trouvé pourquoi nous ne tenons JAMAIS compte de millénaires de sagesses qui nous révèlent qu'il ne faut pas donner le pouvoir à ceux qui le veulent. Je n'ai pas trouvé POURQUOI les hommes sont si vides d'imagination et d'invention en face de cette ridicule aporie (qui n'en est pas une en fait).
J'ai longtemps réfléchi au problème du formatage et à la normalisation sociale, mais je me rends que ça ne suffit pas : car les hommes connaissent cette vérité peu importe le système de propagande idéologique aussi violent et profond soit-il.
Et demain, on va recommencer : telle élection de délégués, ici, là, partout ; en posant préalablement la question : QUI SE PRÉSENTE AU POSTE ? Qui signifie littéralement à chaque fois QUI VEUT LE POUVOIR ? Quand toute la philosophie depuis que le monde est monde nous hurle : ne donnez pas le pouvoir à ceux qui désirent le pouvoir.
Alors je m'en remets à vous. Je considère que j'ai plus qu'essayé de dire, de faire, pour respecter cette sagesse du fond des âges.
Je vais donc laisser les hommes inlassablement faire l'inverse de ce qu'il faudrait faire.
Je continue ma route avec cette conclusion sur l'homme :
Il est un animal craintif qui fait exactement l'inverse de ce qui recommandé par les Dieux, par la sagesse et le bon sens.
Ce qu'il faut de terre à l'homme
C'est le sous-titre d'une nouvelle de Léon Tolstoï que vous pouvez lire ici. Et c'est le titre d'une bande dessinée sortie assez récemment chez Dargaud, réalisée à partir de la nouvelle de Tolstoï susmentionnée.
Certains disent que cette histoire donne une parabole pour dénoncer l'avarice de l'homme qui ne sait pas se satisfaire de ce qu'il a et qui veut toujours plus. Je ne suis pas tellement d'accord avec cette analyse. Cette histoire raconte plutôt la folie qui s'empare de l'homme quand ce dernier ne dispose pas (pour une foultitude de raisons diverses) de la quantité de terre nécessaire à une vie d'homme. Tolstoï n'a eu de cesse de constater que les paysans Moujiks étaient miséreux car ils ne disposaient pas de leur terre (+ servage) et de pas assez de terre (et il a souvent tenté d'y remédier).
Oui, car il faut disserter sur cette question de première importance : combien faut-il de terre à l'homme ? Et en 2016, comme depuis des siècles, on se porterait beaucoup mieux si chaque homme se posait la question pour y répondre (pour lui et pour les autres, donc pour l'homme) et prendre les mesures (révolutionnaires) nécessaires correspondantes.
La question entière c'est celle-ci : combien faut-il de terre à l'homme pour qu'il soit libre et heureux ? On peut répondre par un intervalle, mais on peut aussi se hasarder à donner un chiffre (ça aide à clarifier).
L'intervalle selon moi est le suivant : entre 1 et 4 hectares. Et le chiffre précis : 3 hectares - il m'arrive parfois de dire 2 (mais l'argument personnel des chevaux me poussent souvent à l'augmenter un peu). Ce chiffre doit répondre aux besoins de l'homme, à ses droits naturels (sur lesquels on peut toujours débattre) : se nourrir (des aliments sains), boire (de l'eau pure), respirer (de l'air pur), se vêtir (naturellement), s'abriter (vernaculairement), se déplacer (naturellement).
La propagande (Éducation Nationale, Industries Culturelles, Algorithmes), et la normalisation sociale a malheureusement donné aux gens des objectifs autres que celui d'avoir la quantité de terre nécessaire pour leur vie. Si chaque homme disposait de quantité de terre qu'il lui faut, il n'y aurait plus de capitalisme qui tienne (et peut-être plus d'asservissement de l'homme par l'homme).
Il est très intéressant, voire mystique (notamment chrétien) et un peu "communiste", de constater que ce qu'il faut de terre à l'homme (dont je viens de faire une proposition sensée), et la quantité disponible en cas de partage équitable est approximativement la même. Effectivement, que ça soit à l'échelle du monde ou à l'échelle de la France, si on divise le nombre de terre arable disponible par le nombre de personne, on arrive bien à ce chiffre de 1 à 4 hectares par personne - ce chiffre est plus petit à l'échelle de la France qu'à l'échelle du monde, mais on reste confortablement dans l'intervalle -. N.B : en enlevant du béton (des autoroutes et autres), on pourrait peut-être retrouver pour la France, le même chiffre que pour le monde.
Je précise bien qu'il ne s'agit pas pour moi de placer bêtement un être humain, tout seul, par parcelle cadastrale de 3 hectares. On peut évidemment faire tous les regroupements qu'on veut. Je dis juste qu'il est crucial, vital, d'avoir, chacun, constamment en tête : ce qu'il faut de terre à l'homme. Ainsi deux ou trois foyers pourront sans doute vivre confortablement, libres et heureux sur 6 hectares.
Évidemment, j'arrive maintenant sur nos règles (qui ne sont pas les nôtres, mais celle des oligarques au services du capitalisme) d'urbanisme et autres d'aménagement qui nient de A à Z : ce qu'il faut de terre à l'homme. Si nous réfléchissions tous les jours à ce qu'il faut de terre à l'homme, on pourrait se dresser contre ces lois iniques, mais les gens ne songent pas tellement à : ce qu'il faut de terre à l'homme.
Je l'avais déjà dénoncé dans un texte qui s'intitulait : « Soit tu habites soit tu cultives ! » : les règles d'urbanisme et agricoles actuelles fondent un monde où la question de l'habitat est follement et dramatiquement séparé de la question de la subsistance et cela constitue une hérésie totale qui devrait tous nous bouleverser au plus haut point.
Deux situations qui favorisent l'incomplétude pour tous coexistent : soit tu es sur le régime des terres constructibles et tu n'auras jamais ce qu'il faut de terre à l'homme. Soit, tu es en zone agricole ou naturelle, et là, tu disposes de ce qu'il faut de terre à l'homme mais il est très complexe d'avoir le droit d'habiter (cela est empêché le plus possible par les lois et mœurs en vigueur). Il est très rare de trouver une parcelle constructible immédiatement bordée de grands espaces agricoles ou naturels qu'on peut également acquérir. Et puis de toute façon vu le prix exorbitant des terres constructibles, il restera souvent plus grand chose pour acquérir des terres "agricoles" ou "naturelles" même si elles sont peu chères.
Or, nous avons tous besoin d'habiter là où nous cultivons et vice versa.
Quand il est loisible de détailler tout ce qui lie organiquement le fait d'habiter et le fait de cultiver - pour constater qu'habiter et cultiver est en fait une seule et même chose -, tous les professionnels agricoles sur leurs 50 hectares, tous les bourgeois sur leur petite parcelle constructible de 1000 mètres-carrés ou tous les habitants des villes, classes moyennes, ou tous les prolos des banlieues déchantent et comprennent enfin là où le bât blesse (et qu'il blesse très très fort).
Les cycles du corps, les cycles de la maison, les cycles des champs, les cycles de l'eau, les cycles des arbres, les cycles de nos animaux, les cycles de tout ce qui vit autour de nous, les cycles des saisons sont tous organiquement - et mentalement pour l'homme - imbriqués. Les besoins du corps, les besoins de la maison, les besoins des champs, les besoins de tous les animaux autour de nous, et les besoins des saisons sont tous intimement, cosmologiquement reliés et se répondent de façon infiniment complexe.
Le principal élément (mais ce n'est pas le seul) qui fonde cet équilibre est que le déchet de l'un est la nourriture de l'autre. Je fais pipi plusieurs fois par jour, il est intolérable que tout cet azote ne termine pas dans mon champ - pour ne donner que cet exemple -, mais il y en a des milliers si vous réfléchissez en terme de nourriture et de déchets. En fait, c'est là d'ailleurs où la notion de déchet disparaît totalement... Si les notions de nourriture et de déchets sont séparés c'est parce que habiter et cultiver sont séparés.
L'agriculture pérenne (la permaculture) a besoin d'un milieu diversifié : le complexe agro-sylvo-pastoral (Des champs, des prairies, des pâtures, des haies, des arbustes, des arbres et de la forêt) dont parle Claude Bourguignon. Cela est impossible à avoir sur une trop petite surface. Il faut de la terre à l'homme. Il ne lui faut pas 80 hectares, mais 1,2,3,4,5,6.
Ce qu'il faut de terre à l'homme... On peut s'obnubiler (étymologiquement : s’obscurcir de nuages) sur beaucoup d'autres choses, pourtant si chacun tentait de répondre à cette question (pour lui, pour les autres : pour l'homme !) et de prendre les mesures (révolutionnaires) qui s'imposent subséquemment, la face du monde changerait immédiatement.
Une dernière chose pour insister. Ce qu'il faut de terre à l'homme, c'est bien se demander ce qu'il faut de terre à chaque homme. Donc, celui qui a ce qu'il lui faut de terre voir plus (et c'était le cas de Tolstoï) ne peut être tranquille (libre et heureux) en étant entourés d'êtres qui ne disposent pas de la quantité de terre nécessaire à l'homme.
Mais celui qui a assez de terre pour lui, que doit-il faire ? Il doit continuer de répondre à la question combien de terre faut-il à l'homme, et soit il en a trop alors il doit distribuer son surplus de terre, soit il a juste ce qui lui faut et il doit alors éviter de tomber dans l'écueil (faussement généreux, faussement chrétien) qui consiste à accueillir de façon pérenne une trentaine ou plus de miséreux sur ses 2 hectares (ça ne servirait à rien qu'à du conflit) mais il doit s'activer intensément, il doit brûler, s'échanger, pour une révolution agraire totale et s'échiner (socialement, culturellement, politiquement, juridiquement, législativement, artistiquement, publiquement...en paroles et en actes) chaque jour, pour que chaque homme autour de lui, tendent à avoir ce qu'il faut de terre à l'homme. Et puis, il doit donner dans tous les cas aux autres : le surplus en nourriture et bienfaits de ses 2 hectares. Il peut effectivement expérimenter le sacrifice en se privant, mais il doit savoir que l'homme est faible et que le sacrifice en est rarement un pour l'homme, que l'homme qui s'est sacrifié attend malheureusement toujours la contrepartie et qu'il vaut donc mieux ne pas se sacrifier pour ne jamais exiger auprès des autres de contreparties (car c'est alors pire que de ne pas donner.
Sylvain
Sommes-nous des projectiles ? (et puis c'est tout ?)
Nous sommes des projectiles soumis à la loi d'inertie et à la gravité. Les vecteurs initiaux sont la flèche du temps et l'éducation (Éducation Nationale + Famille + Industries culturelles + algorithmes).
Et voici, encore une autre manière de dire la passion de l'homme face à la masse :
J'ai cette image toute simple depuis plusieurs jours dans la tête : celle du projectile, celle d'un projectile en forme de petite boule toute simple (10 cm de diamètre pourquoi pas). Je me mets à voir les gens comme des projectiles entièrement soumis à leurs paramètres physiques qui les déterminent totalement et les font se mouvoir uniquement en fonction de la force initiale (qui les a projetés), puis de l'inertie et de la gravité qui fait faire à tous, en une vie, un simple rayon de courbure à la con...
Je pense que cette image me frappe d'autant plus que je suis trentenaire (36) et que je suis donc beaucoup en lien avec des adultes mûrs ou des plus vieux encore. Je peux donc sentir de façon terrifiante : les lois d'inertie et de gravité qui gouvernent mes congénères. Je pourrais aussi bien employer l'expression de pilotage automatique (qui serait confié aux dames inertie et gravité).
Des vecteurs on été développés par l'éducation et ce sont eux qui s'expriment (gouvernent) le plus longtemps possible. La loi d'inertie suit les vecteurs déterminés par l'éducation.
Alors, j'observe, je scrute intensément, les manifestations rares, affreusement rare, de forces intérieures autonomes qui ajouteraient des vecteurs improbables et inattendus capables de s'opposer à tous les autres paramètres physiques que je viens de décrire... ce serait d'ailleurs des vecteurs beaucoup plus verticaux (pour s'opposer à la gravité et à l’inexorable). J'observe, j'attends les manifestations de l'énergie libre de ces petites boules projetées...
Je ne suis pas nihiliste, je suis croyant ; la vie humaine est un défi à relever grâce à la passion de l'impossible : celui de réaliser autre chose qu'un simple rayon de courbure à la con, celui qui consiste à produire suffisamment d'énergie libre pour être capable de tout reprendre de sa trajectoire et de dessiner dans le ciel, ce qu'on voudra. Oui, comme cette image d'un avion postal d'avant la seconde guerre mondiale (coucou Saint-ex !) qui dessine un cœur dans le ciel, si ça le chante, avec son échappement de gaz.
Des cœurs, et toutes les arabesques qu'on voudra en fait. Tout, mais pas un rayon de courbure à la con. Toutes les arabesques qu'on pourra réaliser qui ne doivent rien à l'hérédité et à notre milieu, qui ne doivent rien ou presque rien à la flèche du temps. Transformer son éducation (et pour cela la remettre en cause) en rampe de lancement aérospatiale qui permet de vaincre la gravité planétaire avant de basculer en pilotage autonome dans l'espace interstellaire...
Je me trompe peut-être mais ça ne semble pas être le souci de mes congénères. La plupart semble vraiment s'appliquer à réaliser le rayon de courbure à la con... le plus con possible. A quel moment y'a-t-il remise en cause radicale des croyances issues de l'Éducation et du milieu pour, enfin, se mettre au commande ?! Jamais ?! Mes congénères me consternent, et me déçoivent au plus haut point je dois l'avouer. C'est très misanthropique, mais tant pis, pour moi, il ne font pas ce qu'il faut. Vivre, une vie d'homme, c'est remettre en cause tous les vecteurs initiaux afin de se mettre, enfin, au commande, pour pro-poser quelque-chose. Je suis certes un pro-jectile, mais je dois pro-poser quand même.
Celui qui me lit se dit peut-être : quel orgueil abyssal de se croire délivré des déterminations alors que c'est le tragique de la condition humaine que nous partageons ensemble... En fait, je ne me crois pas délivré, mais je me sais doté de la plus extrême vigilance et concentration à cet endroit. Sortir de la caverne, me mettre au commande est le point où je dirige mes efforts depuis fort longtemps et je peux goûter régulièrement et de plus en plus souvent les fruits de ce travail. D'un autre côté, il me semble déceler que mes congénères ne dirigent pas leurs efforts sur ce même point. Mais j'ai bien conscience que ma perception de ce qui se joue avec les trajectoires humaines est forcément parcellaire, à partir de mon point de vue temporel, et non, holistique et diachronique.
Le milieu et l'Éducation fabriquent, on le sait, un surmoi qui vole les commandes pendant toute la durée de ce vol en forme de rayon de courbure à la con qui se termine par un crash.
Ce qui se passe, c'est qu'en réalisant un rayon de courbure à la con, les autres faisant de même, on peut donc les voir au dessus, en dessous, devant, derrière, ou à-côté. Ça nous rassure, on se dit qu'on est dans la bonne direction. On sait très bien que prendre les commandes pour faire des arabesques nous conduirait loin de la caverne des rayons de courbures à la con, au beau milieu du désert ou de l'océan.
Et est-ce qu'on en veut du désert et de l'océan ?
Si on savait que c'est là, et uniquement là, que se rencontre le petit prince ou que se joue notre bataille intime et dernière avec un gigantesque Marlin (Cf : le vieil homme et la mer), on prendrait les choses autrement au sérieux et on dirigerait nos efforts au bon endroit.
Sylvain
Bien vieillir ou mal vieillir
Bien vieillir ou mal vieillir.
Quand on relit ce texte de Foucault, il est clair que la possibilité est donnée à chacun de bien vieillir ou de mal vieillir (avec bien-sûr tout un spectre de possibilités entre les deux).
Ce bien vieillir, on peut donc le commencer dès l'âge de 20 ans si on comprend bien ce que nous dit Foucault.
Mais ce bien vieillir n'aura pas pu atteindre les générations nées entre 1930 et 1960 (exceptions mises à part), à cause d'un fait historique majeur (qui est le fait historique principal du XXe siècle) : le biopouvoir issu des industries culturelles (couplé à l'Éducation Nationale) visant à impacter massivement et durablement les consciences par des monticules infinis de sornettes utiles au capitalisme consumériste et à l'hypercontrôle des masses.
Ces générations ont été totalement impactées depuis leur naissance par le mode de vie diffusée par la propagande de masse. Ces générations se superposent totalement à l'apogée de l'histoire du cinéma, de la radio et de la télévision (les industries culturelles).
La critique des industries culturelles n'a véritablement commencé que dans les années 70 (un peu avant avec Adorno et Horkheimer), pour obtenir les premiers effets dans les années 90 et 2000 (avec une masse notoire qui balance enfin leur téléviseur par la fenêtre et entame les réflexions sur "la décroissance").
Les générations (1930-1960) ont souffert de la crédulité de A à Z. Ils ont bouffé de la propagande comme jamais aucune génération n'en avait bouffé dans l'histoire et des milliards d'existences ont tenté de se faire à partir de cette propagande de masse. Mais on ne peut pas à la fois s'adapter aux désirs du système capitaliste (en bouffant crédulement sa propagande permanente), et vieillir comme Foucault ou les philosophes le préconisent (voir lien ci-dessus), c'est antinomique.
C'est ainsi que nous débouchons sur une époque avec une masse énorme de gens plutôt vieux (population française plutôt vieille) qui découvrent à quel point ils ont été crédules et bernés de A à Z (comme aucune autre génération avant eux). La part d'entre-eux qui passent aux aveux tranquillement et acceptent les permutations nécessaires dans leurs cerveaux et comportements est extrêmement faible. La grande majorité maintient de force le voile de l'illusion devant leurs yeux.
Tout se craquelle, le décor en carton-pâte fiche le camp, on sait bien qu'on a vécu dans le faux, que tout est faux, qu'on a vécu pour enrichir les multinationales, les banques et détruire la planète, qu'on s'est gavé comme des porcs, qu'on a été CRÉDULES et niais, des béni-oui-oui, mais on veut l'emporter avec soi dans sa tombe. Ils savent qu'ils ont mal vécu, alors ils veulent mal vieillir et pour ça la meilleure façon, c'est de se venger sur les nouvelles générations en empêchant tout changement (qui mettrait en lumière inévitablement et directement leurs abyssales erreurs).
En vieillissant, ils ont souvent acquis du pouvoir (propriétés, carrières, argent, grades, pouvoir politique etc.). Et au final, les vieux-cons sont partout présents dans toutes les instances pour empêcher que de nouvelles vues (et modes de vie) existent car ceux-ci risquent fort de montrer combien ils ont mal vécu, combien ils ont été crédules, combien ils se sont fait avoir, combien ils n'ont rien fait de « bien », combien ils ont tout laissé faire/pourrir. Ils ont laissé l'environnement se dégrader totalement sans rien faire : jamais ils ne l'admettront, ce sont des vieux-cons aigris et méchants. Des gens qui ont mal vieilli. En plus, nombreux d'entre-eux sont souvent en même temps les fachos de la chansons de Brassens : "la ballade des gens qui sont nés quelques-part" :
(Version Tarmac)). La France en 2016 est majoritairement remplie de vieux-cons fachos. Pardonnez-moi ce langage simpliste qui résonne comme de la tarte à la crème (indigne peut-être de la philosophie), mais je ne parviens pas à lutter contre cette sensation au fond de ma tripe.
On pourrait dire que l'histoire se répète, mais je ne crois pas, à cause de l'existence au XXe siècle des industries culturelles et de l'Éducation Nationale (faits nouveaux). Les vieux-cons à l’œuvre actuellement, sont vraiment les plus cons depuis que le monde est monde. Et ceux qui veulent œuvrer ne savent plus du tout quoi faire d'eux. Comment donc les congédier, et leur donner de la soupe pour qu'ils se taisent ? Ils sont le cerveaux en vrac, pété par des décennies de PROPAGANDE CAPITALISTE. On voudrait pouvoir « travailler » en paix, pouvoir aggrader ce monde que nos aïeux ont totalement détruit sans que ceux-là même qui l'ont détruit nous en empêchent. A un moment c'est STOP !!!!
Sauf que les super-vieux-cons actuels pourraient être battus par les suivants qui auront eux été encore plus atteints que leurs parents, par la gouvernementalité algorithmique et la disruption actuelles. ...
Sylvain
Vivre dans la nature
Révélation pour moi : nous sommes faits pour vivre DANS la nature, immergés dedans. Pas à côté, dedans. Pas "le week-end" ou "en vacances", mais au quotidien. (ci-contre, photo de chez moi).
C'est le principe premier de la vie.
Mais est-ce vraiment une révélation, alors que cela est révélé à chacun d'entre-nous, moi y compris, à chaque fois que nous allons dans la nature ?!
Cela m'a été révélé par exemple toute mon enfance quand nous redescendions en ville après une virée dominicale en montagne et que ma mère disait systématiquement dans la voiture (dans les bouchons) : « Olala, on retourne dans la crasse, qu'est-ce qu'on était bien là-haut !! »
Et je me disais à chaque fois : c'est bizarre... puisqu'il en est ainsi, pourquoi est-ce qu'on redescend alors ???!!!
Oui, "dans les bouchons", car tout le monde faisait la même connerie, tout le monde retournait au boulot et à l'école le lundi - c'est très important de toujours faire comme tout le monde en dépit des lois de la vie - )
Le problème de l'homme c'est d'être long à la détente (à cause de cette loi du conformisme qui prime sur toutes les autres). Il peut faire 5000 fois la comparaison entre un lieu où il se sent bien et un autre où il ne se sent pas bien, sans jamais tirer de conclusion évidente pour sa vie (et concernant la direction à donner aux choses ) ...
Les "vacances d'été" (temporalité étatique-scolaire à bannir) sont le moment privilégié où les gens vont rejoindre des lieux où ils se sentent particulièrement bien (des lieux de nature), étrangement sans jamais penser qu'ils pourraient y demeurer... Ben non puisque c'est "le lieu des vacances",... que deviendraient "les vacances", si nous étions toujours en vacances ?! ,... la "temporalité étatique-scolaire" imposée et voulue par la dictature en souffrirait radicalement.
Le paralogisme est donc le suivant : vivre toute l'année SCOLAIRE dans un endroit où je me sens mal ou pas très bien, et rejoindre pendant les vacances les lieux où l'on se sent bien... : Esprit d'esclave, rien d'autre.
La cause de ce manque de logique semble venir d'un pan de la propagande du système qui fait que chacun intègre rapidement une sorte d'impossibilité couplée à une interdiction, à vivre dans la nature.
Un mot pour les propriétaires de chien : votre chien, en tant qu'animal, a de multiples longueurs d'avance sur le sujet dont je parle. Il suffirait à chaque propriétaire de donner une liberté totale au chien et de découvrir qu'il ira dans les lieux de nature où l'on se sent bien.
Le chien sait mieux que nous où il fait bon vivre, donc suivons-le. Suivons ce qui est bon pour lui, et ce sera bon pour nous aussi. Combien de propriétaire diront de leur chien qu'il aime les grands espaces, le grand air, courir, s'ébattre, jouer dans l'eau, se rouler dans l'herbe... (et qu'il a besoin de ça)... Et toi, propriétaire de chien, c'est quoi que tu aimes ? et c'est quoi dont tu as besoin ? Tu as besoin de ce que tu aimes et tu aimes ce dont tu as besoin... (et c'est à peu près des mêmes choses que ton chien)
Nous ne sommes pas faits pour avoir un jardin, mais pour vivre DANS un jardin et un jardin qui soit un biotope complet. Bref, un jardin-forêt, un écosystème auto-fertile.
Là-dessus, je ne comprends pas ma mère qui a passé sa vie à dire que là où elle se sent bien c'est "en montagne", sans jamais conclure que c'est donc là qu'il faudrait qu'elle s'installe.
Et tous ces gens qui vivent dans les grandes villes, tout en disant que ce n'est pas là qu'ils devraient être, c'est quoi cette schizophrénie ?
Dans la dictature en place, le chemin peut effectivement être ardu pour vraiment arriver à être là où on se sent bien (puisqu'il faut déjà vaincre la barrière des idées reçues concernant là où il faut vivre, là où l'on doit vivre), mais au moins le savoir, au moins tous les jours être sur le bon chemin : celui qui va nous conduire là où on se sent bien.
Pour ma part, je vis et je vais vivre de plus en plus dans la forêt, et c'est là que je me sens bien, c'est là que je trouve tout ce dont j'ai besoin.
Mais je constate que c'est AUSSI là où tout le monde se sent bien. Alors ?!
Je ne comprends vraiment pas la capacité de mes frères humains à accepter l'inacceptable, à accepter de vivre constamment contre leur aspirations profondes. Ha mince, j'oubliais, ils ont été SCOLARISÉS, FORMATÉS, MOULÉS, CONFORMÉS.
Des petits humains en série pour fournir en bétail la dictature étatique-capitaliste barbare. Mais chut ! Il ne faut pas dire la vérité.
Retrouver la skholè un peu partout
« L'École de la République », c'est-à-dire « l'École de Jules Ferry » née en 1882, à l’œuvre depuis 134 ans (4 générations seulement !!) - à la manœuvre plutôt - a assassiné un concept né à l'aube de la civilisation, dans la Grèce archaïque puis antique : LA SKHOLÈ. (c'est le mot que nous utilisons sur ce site depuis le début pour signifier qu'après la déscolarisation, il y a bien la "skholarisation" : les retrouvailles avec la skholè originelle. C'est l'étymon qui nous renseigne directement sur l'hérésie absolue de l'école de Jules Ferry)
La skholè, c'est quoi ? : c'est le loisir et le temps-libre, que peuvent se donner les hommes à eux-mêmes pour apprendre. Il s’agit de ce temps qu’ils choisissent de prendre pour se cultiver, pour étudier, et qu’ils peuvent prendre car (ou quand) ils ne sont pas harassés par un travail qui répond à la nécessité. Le mot skholè peut même incorporer également la notion de "repos" (les rêves étant riches en enseignements).
Bref, il s'agit du "temps pour soi", du "temps-libre" par opposition au "temps-contraint". "L'école obligatoire" est donc un oxymore, une complète hérésie. La skholè est forcément libre, gratuite (personne ne paye ou n'est payé), et égalitaire.
Le mot "école" ayant été détourné, abîmé, corrompu, par la dictature, l'emploi du mot d'origine nous permet de revenir au concept originel, débarrassé de sa souillure, et de savoir (enfin) de quoi on parle.
Depuis 1882, la dictature Étatique (« République ») a instrumentalisé le concept originel de Skholè pour mettre au point le plus formidable système de propagande, via une Éducation Gouvernementale des masses. Chacun est endoctriné à la doctrine d'État : du bétail humain pour servir la machine capitaliste et demeurer hétéronomes
Cet endoctrinement se passe pendant les 20 premières années de la vie. La suite de la vie des gens se passe ensuite "au travail" et les gens ne se rassemblent pas pour étudier ensemble, pour partager des savoirs, pour avancer ensemble, pour partager ensemble : noétiquement, scientifiquement, poétiquement, citoyennement : TOUS AZIMUTS... (dans une réalité charnelle, en présenciel) - apprendre en regardant une vidéo sur youtube c'est vraiment sinistre et diabolique.
Nous mettons au point une skholè (contactez-nous pour participer mais sachez que c'est une dynamique locale), nous vous invitons à faire pareil dans votre coin.
Faire pousser les fruits de l'esprit comme ceux des arbres, et mettre en pratique le document : "Conditions techniques de l'Égalité politique"
Aller, on va pas se laisser abattre et pour ça, nous allons penser ensemble, avec la tête et avec les mains...
Paul Valéry - 1935 - « Le bilan de l'intelligence » - Texte
Extrait (que l'on peut d'ailleurs ajouter à l'article du 03/06 : "De la connerie suprême des examens" ):
« Je n'hésite jamais à le déclarer, le diplôme est l'ennemi mortel de la culture. Plus les diplômes ont pris d'importance dans la vie (et cette importance n'a fait que croître à cause des circonstances économiques), plus le rendement de l'enseignement a été faible. Plus le contrôle s'est exercé, s'est multiplié, plus les résultats ont été mauvais.
Mauvais par ses effets sur l'esprit public et sur l'esprit tout court. Mauvais parce qu'il crée des espoirs, des illusions de droits acquis. Mauvais par tous les stratagèmes et les subterfuges qu'il suggère ; les recommandations, les préparations stratégiques, et, en somme, l'emploi de tous expédients pour franchir le seuil redoutable. C'est là, il faut l'avouer, une étrange et détestable initiation à la vie intellectuelle et civique.
D'ailleurs, si je me fonde sur la seule expérience et si je regarde les effets du contrôle en général, je constate que le contrôle, en toute matière, aboutit à vicier l'action, à la pervertir... Je vous l'ai déjà dit : dès qu'une action est soumise à un contrôle, le but profond de celui qui agit n'est plus l'action même, mais il conçoit d'abord la prévision du contrôle, la mise en échec des moyens de contrôle. Le contrôle des études n'est qu'un cas particulier et une démonstration éclatante de cette observation très générale.
Le diplôme fondamental, chez nous, c'est le baccalauréat. Il a conduit à orienter les études sur un programme strictement défini et en considération d'épreuves qui, avant tout, représentent, pour les examinateurs, les professeurs et les patients, une perte totale, radicale et non compensée, de temps et de travail. Du jour où vous créez un diplôme, un contrôle bien défini, vous voyez aussitôt s'organiser en regard tout un dispositif non moins précis que votre programme, qui a pour but unique de conquérir ce diplôme par tous moyens. Le but de l'enseignement n'étant plus la formation de l'esprit, mais l'acquisition du diplôme, c'est le minimum exigible qui devient l'objectif des études. Il ne s'agit plus d'apprendre le latin, ou le grec, ou la géométrie. Il s'agit d'emprunter, et non plus d'acquérir, d'emprunter ce qu'il faut pour passer le baccalauréat.
Ce n'est pas tout. Le diplôme donne à la société un fantôme de garantie, et aux diplômes des fantômes de droits. Le diplômé passe officiellement pour savoir : il garde toute sa vie ce brevet d'une science momentanée et purement expédiente. D'autre part, ce diplômé au nom de la loi est porté à croire qu'on lui doit quelque chose. Jamais convention plus néfaste à tout le monde, à l'État et aux individus (et, en particulier, à la culture), n'a été instituée. C'est en considération du diplôme, par exemple, que l'on a vu se substituer à la lecture des auteurs l'usage des résumés, des manuels, des comprimés de science extravagants, les recueil de questions et de réponses toutes faites, extraits et autres abominations. Il en résulte que plus rien dans cette culture adultérée ne peut aider ni convenir à la vie d'un esprit qui se développe.
Je ne veux pas examiner en détail les diverses matières de cet enseignement détestable : je me bornerai à vous montrer à quel point l'esprit se trouve choqué et blessé par ce système dans ses parties les plus sensibles. »
Texte intégral :
L'École est finie, c'est les vacances !
(et comme ça chaque année, du berceau jusqu'à la tombe - Vive Jules Ferry !).
La question n'a pas tellement de sens, tant la réponse est évidente et prévisible depuis le début : nous sommes maintenant fin juin, bientôt en juillet. C'est tout. C'est fini parce que "l'École est finie" dans tous les sens du mot École (Études, Examens, Travail, Stage, Érasmus, Professorat, Thèse, etc. etc.) Et les gens de "Nuit Debout" (comme 99,9% des gens) sont totalement branchés sur l'agenda et la saisonnalité étatique-scolaire. Ils y sont soumis à un point inimaginable (dont malheureusement ils n'ont pas conscience).
Imaginiez-vous sérieusement que la faune de « Nuit Debout » aurait pu être présente de la même façon un 28 juillet et un 17 août ??! Alors que le 28 juillet, Benoît est chez sa mère en PACA, Lydie est en vacance en Corse avec son ami du Pérou, et le 17 août, Franck est sur le festival d’Aurillac (il était sur Avignon en juillet), tandis que Matthieu fait un circuit VTT avec ses potes de Bretagne dans le Queyras (et puis Benoît prépare son déménagement car il vivra à Montpellier l'année prochaine, et Lydie va rejoindre en Allemagne, l'allemand qu'elle a rencontré à Nuit Debout) ! Leur comportement Place de la République était un comportement d'avril, de mai et de juin, mais un avril, un mai, et un juin de l'État-scolaire, pas du cosmos (donc, juin finissant, quelque-chose se termine à tout point de vue, oui, c'est sûr). Ce fut un printemps SCOLAIRE ! La grande majorité des gens de « Nuit Debout » ne sont pas des habitants, ils n'habitent pas, et à fortiori ceux de Paris ("Les parisiens sont tous des provinciaux montés à Paris" B. Charbonneau). Dans le calendrier scolaire-étatique, il y a une rupture de juin à juillet, l'individu termine un cycle, terminent ses "classes", rend ses rapports/travaux/mémoires, et s'organise pour changer radicalement d'activité, de relations, de rapport au temps, et de lieu pour juillet et août (et pour après). Toute la société suit le calendrier scolaire (cesser de suivre ce calendrier est un sacrée pas vers l'émancipation radicale). La majeure partie de ce qu'on appelle notre conditionnement et notre aliénation repose sur cette temporalité étatique-scolaire.
Quand le collégien rend sa copie de brevet, l'étudiant rend son mémoire, pendant que la plupart des salariés et des fonctionnaires rendent aussi quelque-chose (Les profs rendent les copies corrigées et les appréciations... etc.) ! Dans le calendrier du cosmos, il y a au contraire une sacrée continuité de juin à juillet. Les gens de « Nuit Debout » sont des scolarisés-étatisés, ultra-normés sur la temporalité de l'État (et sur la spatialité de l'État : les villes et les transports à grandes vitesses). Certains d'entre-eux disent être contre l'État, pourtant ils sont scrupuleusement soumis à son calendrier, à ses ruptures, à ses dates, à ses flux, à ses institutions, et à son organisation... Et vendredi soir, c'est le week-end ! Et la deuxième semaine de juillet y'a un festoche dans la Drôme ! Et en août, je fais un p'tit boulot dans un centre de vacances ! Et en septembre, je recommence, ce sera la rentrée !! Je serai scolarisé jusqu'à ma mort ! ("Du berceau, jusqu'à la tombe", disait Jules Ferry)
Tout avoir pour soi, chez soi, ou pour son association....
Voilà, ce que nous faisons tous... Mais ça ne va pas du tout... du tout, du tout, du tout...
Pour déplacer mentalement un objet de l'espace privé à l'en-commun, il suffit de répondre à la question : est-ce que la vie sur terre est viable si chacun de nous dispose d'une version de cet objet ?
Sylvain
04 56 29 35 06
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