Une idée complètement tarée et débile
---> https://www.uneideefolle-lefilm.com/
Vive la Propagande !! Ce truc surpuissant, survolté en continu, qui sert à rassurer tout le monde en permanence. Votre conscience hurle contre vous-même, et de plus en plus fort et strident, la nuit aussi !! Alors, On (l'État et les industries culturelles) vous offre de quoi lui faire fermer sa gueule !
Pour les Propagandistes, c'est archi-simple : vous donner à entendre ce que vous voulez entendre. Et ce que vous voulez entendre c'est toujours la même chose, c'est : comment allons-nous changer sans changer ?! C'est ça que vous aimez entendre par dessus tout !
Madame ! Calmez-vous ! Écoutez-moi ! Je vais vous dire ce que vous voulez entendre : l'école va changer totalement ! Mais sans changer !
Madame !! Calmez-vous ! Écoutez-moi ! Je vais vous dire ce que vous voulez entendre : l'État et le système politique vont changer totalement ! Mais sans changer !
Madame !!! Calmez-vous ! Écoutez-moi ! Je vais vous dire ce que vous voulez entendre : l'argent et le système capitaliste vont changer totalement ! Mais sans changer ! Ouf ! Voici que tout à coup ça va un peu mieux ! Tout va changer ! Alors ma conscience se tait ! Tout va changer, mais sans changer ! Alors l'intégrité de ma conscience et la base de mon être sont préservés, RA-SSU-RÉS !! L'animal craintif mort de trouille qu'est l'espèce humaine n'a que ça en ligne de mire : se rassurer ! (et recolter des "J'aime" et des "tu es beau et important"). Rassurer principalement la base de son être.
La base de mon être, c'est l'école, c'est l'argent, c'est les gosses, c'est l'État et les institutions, c'est les papiers, c'est les gendarmes les experts et les boulangers, c'est le bureau de tabac la bière et le vin, c'est les hôpitaux, les tribunaux, c'est mes potes, c'est la propriété foncière, c'est mon crédit, c'est ma bagnole c'est mon smartphone et mon ordi, c'est les banques les assurances, c'est Noël, le ski, la télévision et le spectacle, c'est le cinéma, c'est la technologie... Oui, tout ça doit changer car notre monde c'est vraiment de la merde qui flingue tout ! ... Mais... Mais sans changer s'il vous plaîîît !!! Car je refuse que la lumière vienne sur les ténèbres des fondements de ma vie ! Changeons tout ! sauf mes fondements ! Donc changeons rien ! Ou plutôt, faisons, une fois de plus semblant de changer, pour s'offrir 30 ans de répit supplémentaires dans le seul but de refiler la patate chaude à ses enfants comme l'ont fait nos propres parents et grand-parents : oui ne jamais être la génération qui prend la responsabilité d'exécuter l'arrêt de la machine.
Alors la technique est la suivante : toujours garder l'Idée, l'Esprit, le code génétique ! Et on change quoi ? : L'esthétique ! qui se rapproche étymologiquement du concept de sensation ! Voilà, c'est ça : il faut changer notre perception, la sensation, que l'on éprouve vis-à-vis de la chose. On récuse l'école, mais on veut la garder pour ne pas bousculer les fondements de notre être, alors il suffit juste de modifier la sensation que l'on va ressentir vis-à-vis de l'école. Et ça se passe dans les mots surtout, tartiner avec des jolis mots : coopération, confiance, bienveillance (— mais qu'est ce qui nous casse les couilles celui-ci en ce moment —), autonomie, démocratie, égalité, ensemble, liberté, choisir etc. etc. Et puis évidemment, ça ne suffirait pas (quoique !), il faut aussi disséminer quelques objets : là, un compost, ici, une poule, là, un travail en équipe, ici, une assemblée délibérative (et pourquoi pas : là, un tirage au sort), pour que tous les esprits faibles sensibles aux illusions puissent s'en saisir pour rétorquer aux esprits lucides et objectifs : « ben tu vois bien que ça change, regarde, ils s'occupent d'un compost ! Et ils ramassent les oeufs de Violette la poupoule de l'école ! »
L'Idée, l'Esprit, le code génétique qui président à tout ça n'a pas été modifié même un tout petit peu, mais la sensation qu'on en a, oui ! Et à chaque fois, c'est ça qui compte pour repartir pour 30 ans ou plus !
La situation scolaire et scolarisante qui scolarise les individus et la société, est toujours là intacte, immaculée, avec tous les sordides personnages des professeurs, directeurs, experts et compagnie ; l'institutionnalisation des rapports, l'intégration en chacun de l'hétéronomie en toute matière, la propagande de masse, la toute-puissance et la légitimité de l'État, la diffusion de toutes les idéologies totalitaires dont l'idéologie de l'enfance, l'obsession du devenir, la spécialisation, l'argent. Tout cela est toujours à la base de l'école mais on n'a plus tout à fait la même SENSATION, c'est bien assez pour quelques lustres supplémentaires. L'école de Jules Ferry depus 1880 se reproduit toujours selon ce protocole. (Il y a aussi le sujet de « l'opposition contrôlée » : créer de vraies oppositions qui jouent le rôle d'opposant mais que l'État gère et organise de A à Z).
A la base des écoles (y compris les écoles de ce film) : il y a l'enfermement et la séparation d'avec la vie, l'inégalité et la peur de l'autre. Facile de le verrifier : prenez n'importe laquelle de ces 9 écoles présentées dans le film et demandez-vous ce qui se passerait si des dizaines de citoyens lambdas se proposaient d'intervenir dans l'école au même titre que les enseignants ? Aïe, aïe, aïe, la nouvelle école ne serait plus si nouvelle que ça... Car dans le code génétique de l'école de Jules Ferry, il y a toujours ce cristal : « dans la vie, il y a des gens PROFS et des PAS-PROFS et une institution extra-social non démocratique et puissante valide qui l'est et qui ne l'est pas.» Ça par exemple on n'y touche pas... parce que c'est un fondement.
Et puis bon sang, n'oublions JAMAIS que tous ces connards de profs sont rémunérés. Oui, ces abrutis, ces éternels-écoliers ineptes-inaptes suceurs de l'État et de tout ce qui est PUISSANT, au service du mensonge, sont payés pour (soi-disant) transmettre un savoir... Ils sont PROFS : dans leur intérêt personnel, pour aller s'acheter des voitures, des smartphones, des vacances au ski et des place de ciné. Voilà, un autre élément central de la génétique de l'école de Jules Ferry mais qu'on ne touchera pas non plus... pour conserver nos fondements : POUR CHANGER MAIS SANS CHANGER ! Sinon, on aurait vraiment trop trop peur !
Marchez pendant que vous avez la lumière - TOLSTOÏ
Ou l'histoire d'un homme qui ne parvient pas à se déscolariser pendant les 3/4 de sa vie... (livre Lumineux !) L'histoire commence par une déscolarisation au sens propre, celle de Pamphilius qui met fin à ses études un an avant l'obtention du grade, et quitte son meilleur ami Julius, pour partir vivre dans une « Communauté Chrétienne ». Ça se passe 100 ans après la naissance de Jésus-Christ et le livre est sous-titré : récit du temps des premiers chrétiens.
Julius va se trouver emporté par ce que Tolstoï nomme partout ailleurs : la doctrine du monde (lien vers le Chap X du livre « Ma religion »). D'abord au sens de la débauche, de l'immoralité totale et de la prodigalité, puis ensuite de beaucoup d'autres façons: responsabilités, argent, vie publique, pouvoir etc. L'histoire est avant tout celle du dialogue entre Julius et Pamphilius, puisqu'à plusieurs reprises et parfois à de très nombreuses années d'intervalle, ils se croisent, et Pamphilius parvient à chaque fois à toucher le coeur de Julius (même si ce coeur est toujours plus dur). Julius, en proie avec la doctrine du monde finit plusieurs fois par décider de vraiment changer de vie et d'aller vivre avec Pamphilius mais Julius se retrouve à chaque fois confronté à un homme, un médecin (il n'est même pas malade), qui le replace dans « la doctrine du monde» avec force d'arguments. Et la vie passe ainsi... jusqu'à la repentance et... une déscolarisation en pleine lumière !
Le livre commence par un prologue qui présente des personnages contemporains de la fin du XIXe qui vivent un peu le même genre de questionnements que Pamphilius et Julius et tombent dans les mêmes ornières et justifications que Julius pour éviter de « Changer de vie ». Ce prologue est tout à fait applicable à aujourd'hui.
Voici le livre et un bouton pour le télécharger :
Sur l'habitat !
Nous n'habitons plus, nous sommes des logés (délogés !)
Je vous renvoie vers le magnifique livre de mon ami Ivan Illich : « L'art d'habiter », pour simplement constater avec Ivan que nous avons étrangement perdu en chemin ce trait caractéristique et fondamental de l'espèce humaine (...mais bon comme nous avons TOUT perdu...). C'est un des constats les plus puissants que j'ai fait ces dernières années : les gens n'habitent plus.
>Poser la question "où vivez-vous ?", c'est demander en quel lieu votre existence façonne le monde. Dis-moi comment tu habites et je te dirai qui tu es. Cette équation entre habiter et vivre remonte aux temps où le monde était encore habitable et où les humains l'habitaient. Habiter, c'était demeurer dans ses propres traces, laisser la vie quotidienne écrire les réseaux et les articulations de sa biographie dans le paysage. Ivan Illich.
Comme d'hab, c'est la totalité du livre d'Illich qui prend aux tripes :
>[Quand on habite vraiment] Chaque être devient un parleur vernaculaire et un constructeur vernaculaire en grandissant, en passant d'une initiation à l'autre par un cheminement qui en fait un habitant masculin ou féminin. Par conséquent l'espace cartésien, tridimensionnel, homogène, dans lequel bâtit l'architecte, et l'espace vernaculaire que l'art d'habiter fait naître, constituent des classes différentes d'espace. Les architectes ne peuvent rien faire d'autres que construire. Les habitants vernaculaires engendrent les axiomes des espaces dans lesquels ils font leur demeure
(...)
>Le logé a perdu énormément de son pouvoir d'habiter. Le logé vit dans un monde qui a été fabriqué. Il n'est pas plus libre de se frayer un chemin sur l'autoroute que de percer des trous dans ses murs. Il traverse l'existence sans y inscrire de trace. Les marques qu'il dépose sont considérées comme des signes d'usure. Ce qu'il laisse derrière lui, ce sont des détritus qu'enlèveront des bennes. (...) L'espace vernaculaire de la demeure est remplacé par l'espace homogène d'un garage humain.
Non seulement, nous sommes des "logés" et pas des habitants, mais il y a aussi tout le problème de la dispersion que j'ai maintes fois abordé (notamment PDF là : http://www.descolarisation.org/pdf/la_dispersion_contre_la_democratie_sylvain_rochex.pdf ou émissions de radio là : http://www.radio-gresivaudan.org/Dispersion-acceleration-sociale.html
Concernant les expulsions politiques (et militaires !) de ceux qui cherchent à retrouver l'art d'habiter, Illich nous offre cette terrible analyse :
Autres phrases : >Ils seront tous expulsés, moins parce qu'ils causent du tort au propriétaire des lieux, ou parce qu'ils menacent la paix ou la salubrité du quartier, que parce qu'ils récusent l'axiome social qui définit le citoyen comme un élément nécessitant un casier de résidence standard.
Il ne peut y avoir d'art d'habiter en l'absence de communaux. (...) La guerre contre l'habitat vernaculaire est entrée dans sa phase ultime et on force les gens à chercher un logement - qui est un produit rare. (...) presque partout dans le monde de puissants moyens ont été mis en œuvre pour violer l'art d'habiter des communautés locales et créer le sentiment de plus en plus aigu que l'espace vital est rare. Ce viol des communaux par le logement est aussi brutal que la pollution des eaux. (...) L'autoconstruction est considérée comme un simple violon d'Ingres. Le retour à la terre est jugée romantique.
>
L'espace propre à porter les marques de la vie est aussi fondamental pour la survie que l'eau et l'air non pollués. Ce n'est pas le propre du genre humain que de se parquer dans des garages, si splendidement aménagés soient-ils, avec leurs douches et leurs économiseurs d'énergie.
C'est clair, nous n'habitons plus.
Or c'est aussi vital que l'air et l'eau purs.
Nous sommes des "logés" dans des casiers. Ce n'est pas insultant au dernier degré ça ?
Nous sommes tous insultés au dernier degré par le système de Mort, inhumain, dans lequel on vit. Et que fait-on ? ...
Le sujet de l'habitat, vraiment trop peu abordé est pourtant fondamental, en lui-même, mais aussi métaphoriquement. En effet, le vieux monde que nous voulons voir finir est comme un immense édifice (non vernaculaire donc, qui s'impose à nous), et nôtre tâche est de le faire disparaître sans le faire exploser directement sans quoi il nous tomberait dessus et nous tuerait. Cela consiste pour chacun de nous (et ensemble) à retirer brique après brique, patiemment mais sûrement. Les briques du vieux monde existent très logiquement les unes par rapport aux autres, et on est souvent obligé pour retirer telle ou telle d'en avoir préalablement retirées certaines autres.>
Je donne parfois l'air d'en vouloir à certains. J'en veux uniquement à ceux qui n'ont pas commencé à démonter l'édifice du vieux monde (et encore, je leur pardonne).
Mais je comprends tout à fait que la déconstruction soit difficile pour chacun d'entre-nous.
Voyez-vous à quel point cette métaphore se superpose parfaitement à notre situation réelle en terme d'habitat ? Nous n'habitons pas, nous sommes des "logés", hétéronomes, dans des édifices, non respirant, malsains, pollués, non vernaculaires, qui nous enserrent, et nous font vivre une pression d'Enfer, insoutenable, INDIGNE.
Soit nous sommes "LOCATAIRES" avec la pression financière délirante du loyer à payer et avec cette relation si exquise, si DIABOLIQUE, avec "le propriétaire" ; tout ça, c'est UN ENFER.
Soit nous sommes PROPRIÉTAIRES et nous payons un loyer à la banque. La pression est la même. Nous sommes dans tous les cas en conséquence des esclaves du travail-des propriétaires et/ou des banques.
Et en plus, - et c'est bien le pire du pire qui devrait nous faire péter les plombs - , nous n'habitons pas (relire Illich ci-dessus).
De plus, ces mauvaises conditions initiales ne permettront pas une bonne articulation de l'individuel et du collectif, tout aussi fondamentale.
Et de cette situation initiale délétère découleront des mauvais rapports humains (des conflits perpétuels) qui ne devraient pas nous étonner - ils sont une conséquence, un symptôme, il faut traiter la cause, qui est le mode d'habitat - .
Tout ça me fait penser aussi à la description de Giono au début du texte « l'homme qui plantait des arbres » :
Ce sont des endroits où l'on vit mal. Les familles serrées les unes contre les autres dans ce climat qui est d'une rudesse excessive, aussi bien l'été que l'hiver, exaspèrent leur égoïsme en vase clos. L'ambition irraisonnée s'y démesure, dans le désir continu de s'échapper de cet endroit. Les hommes vont porter leur charbon à la ville avec leurs camions, puis retournent. Les plus solides qualités craquent sous cette perpétuelle douche écossaise. Les femmes mijotent des rancœurs. Il y a concurrence sur tout, aussi bien pour la vente du charbon que pour le banc à l'église, pour les vertus qui se combattent entre elles, pour les vices qui se combattent entre eux et pour la mêlée générale des vices et des vertus, sans repos. Par là-dessus, le vent également sans repos irrite les nerfs. Il y a des épidémies de suicides et de nombreux cas de folies, presque toujours meurtrières.
>
Non, nous ne sommes pas "faits" pour vivre l'absence d'amitié et de vie collective saine à l'extérieur, puis pour ensuite, essayer de "vivre ensemble" en se réfugiant dans des "logements" à 4 ou 5 dans 50 mètres-carrés (et maintenant, depuis quelques années, tous derrière des écrans).
Notre vrai besoin à tous, CHACUN, c'est HA-BI-TER ! et habiter pour articuler l'individuel et le collectif et en articulant l'individuel et le collectif.
Et c'est d'avoir DE L'ESPACE ! DE L'AIR !!! Saint-Ex disait cette chose très vraie : « le vice n'est que puissance sans emploi ». J'ajouterais la paraphrase suivante : le vice est aussi puissance sans espace.
Je vous renvoie aussi à mes autres articles : « Tuer l'idéologie pavillonnaire et l'idéologie de la maison bourgeoise » et « Ce qu'il faut de terre à l'homme ».
A l'heure actuelle (l'heure de la barbarie intégrale), une solution viable et assez miraculeuse existe dans l'habitat à ossature-bois, mur en paille et mortier, sur terrain agricole, déclaré en abris de jardin. On a tous appris des quantités de choses complexes et inutiles à « L'Éducation Gouvernementale ». Construire une petite maison de ce type est simplissime, à côté d'une infinité d'autres choses que nous faisons et que nous avons appris à faire (en étant FORCÉ en plus et à contre cœur).
N'est-ce pas le plus beau des travaux, qui se fait exactement à l'inverse d'un contre cœur, que d'AUTOCONSTRUIRE SA PETITE MAISON ?
Pourquoi on nous bourre le mou avec l'idéologie du travail, si ce n'est même pas pour réaliser le premier des travaux de l'homme, depuis que l'homme est sur la terre: HA-BI-TER (et se nourrir par ses propres moyens ! Autre sujet, connexe).
Pourquoi ne pas habiter cette vie comme il se doit, comme le créateur la voulue ?
Pourquoi être esclave toute sa vie ?
Pourquoi continuer ces vies de dingues, où nous travaillons comme des dingues, simplement pour être logés dans des cages ?
Cher Étienne (mail à Étienne Chouard), ce jour
Cher Étienne,
Un mot amical pour te dire que j'ai toujours la sensation que tu attaques le régime (Procès de l'élection, dénonciation d'une fausse démocratie) et non la cause des causes de ce régime, qui est la matrice des consciences individuelles et la matrice de l'individu-collectif que nous sommes.
Cette matrice c'est l'école (principalement). C'est l'école qui fabrique cet individu qui N'EST PAS CONSTITUANT ! Tu t'exaspères parfois que les citoyens ne soient pas constituants et qu'ils devraient l'être, alors qu'il y a pourtant UNE CAUSE au fait qu'ils ne le soient PAS, et ne peuvent pas le devenir.
- Attaquer le régime (dénoncer le mensonge), c'est nécessaire, et je le fais comme toi, tu le sais (et tu m'as grandement aidé là-dessus à partir de 2011).
- Tenter de nous transformer en devenant constituant, c'est un point central oui, aussi.
Mais s'il s'agit de chercher la cause des causes, il faut donc aller jusqu'à la matrice du régime. Ça m'étonne toujours que tu finisses toujours par reléguer l'école en sous-sujet (ou que tu sois un peu critique à mon égard : « inutilement brutal et injuste » [le 4/12/2015]). Dans tes approches, tu mets pourtant constamment en question le comportement des individus (l'éthos) : ne pas interroger constamment la manière dont ils ont TOUS été éduqués, (selon le principe d'une propagande de masse), c'est manquer le principal.
Ne pas interroger l'origine de leur comportement, c'est pas être un peu court ?
« Une dépossession politique » ? Une « infantilisation » ?
Le fait que mes frères humains (ma génération ou bien celles avant et après) soient des enfants politiques, c'est à cause de ce qui s'est passé après la Révolution Française ??
Je crois moi que c'est surtout fonction de la nature de la domestication qu'ils ont pris dans la tronche entre l'âge de 3 ans et l'âge de 20 ans via une propagande de masse.
Le fait de produire en masse des enfants politiques et non des hommes politiques (au sens athénien), c'est un mécanisme structurel de nos institutions (via l'éducation, educere, conduire hors de).
La maison intérieure de nos contemporains est toute mal fichue. Nous avons tous été mal charpentés politiquement (et pas seulement) par l'école, par cette SCOLARISATION DES ESPRITS, qui déresponsabilise chacun profondément, qui fait intégrer profondément l'hétéronomie en toute matière, et qui fait intégrer notre dépendance aux institutions (et à l'argent !). Et il y a un schisme énorme en nous tous, entre nos aspirations profondes et ce que le régime nous a obligé de faire.
Chaque personne qui atteint l'âge de 18-20 ans, alors qu'il devrait être en pleine possession de ses moyens se situe sûrement au point le plus bas de sa vie : PERDU, PAUMÉ.
On va à l'école de 3 à 18 ans et une fois, soi-disant adulte, on ne sait pas prendre la parole en public, on n'est pas devenu adulte, on est irresponsable, on ne sait pas faire sa maison, ni se nourrir par ses propres moyens, on est juste devenu de la chair à capitalisme, esclave-consommateur, mouton parmi les moutons prêt à servir les riches (et tu voudrais qu'on soit CONSTITUANTS ?!). Mais il ne faudrait jamais parler de ces milliers et milliers d'heures d'ennui à écouter des sornettes qu'on nous fait rentrer à coup de butoirs (en jouant sur un chantage à l'amour, un chantage à l'inclusion, avec des carottes et des bâtons) ? Il ne faudrait jamais parler de ce système DE CASSAGE DES INDIVIDUS pour les faire tous rentrer dans la même petite boîte (en les terrorisant) ?
Les capitalistes, les riches, ont DEUX OUTILS/INSTRUMENTS (pas UN, mais DEUX) : le gouvernement représentatif ET le système de propagande (principalement l'école) qui va AVEC !!! (qui se nourrissent l'un l'autre).
Bien-sûr, il n'y a pas que l'Éducation Nationale, la scolarisation est plus large que ça. La matrice est ce système global de normalisation sociale par un système de propagande de masse constitué de : 1. L'éducation Nationale - 2. Les industries culturelles (médias de masse, radio, cinéma, télévision, et ministère de la culture) - et 3. la gouvernementalité algorithmique (la nouvelle propagande).
Et tout ce système repose bien-sûr sur le mouvement intrinsèque de la masse à avoir peur et à s'auto-contrôler, à répercuter à l'infini la norme sociale en rejetant celui qui n'est pas conforme.
Mais l'ossature de l'ensemble (pour chacun et pour la société) est bien fournie par l'Éducation Nationale (c'est pour ça que les oligarques disent souvent que l'école est « leur bien le plus précieux » - ça te titille pas l'oreille ça ?! - car ils ne disent même pas la même chose de l'élection... ça devrait t'interpeller !
C'est la société toute entière qui est scolarisée (dans la mesure où chacun l'est et qu'il s'agit bien d'un mode d'être social global). C'est pourquoi, je pense depuis 3 ans que pour vraiment s'attaquer à la cause des causes de tous nos problèmes, il faut déscolariser la société.
Et pour déscolariser la société, il faut auto-instituer partout des écoles pour tous (je parle donc plutôt de skholè) villageoises, communales, gratuites, conviviales, libres et égalitaires, débarrassées de l'État, où chacun peut être tour à tour, librement, égalitairement, élèves et profs. N.B : pour devenir tour à tour : gouvernés et gouvernants selon le bon mot d'Aristote, il faut impérativement être tous, tour à tour : élèves et professeurs ! C'est totalement LIÉ !!!! Il y a analogie totale entre l'élève et l'électeur, et, le prof et l'élu.
Tu continues de faire le procès de l'Élection quand tous les jours, tes collègues profs enseignent dans toute la France rigoureusement le contraire (va au moins lire les manuels par exemple). 12 millions d'enfants continuent TOUS LES JOURS de manger les mêmes bêtises (parfois en pire) qu'on m'a fait manger et qu'on a aussi données à mes parents et grand-parents.
C'est quand que tu vas ENFIN t'en prendre régulièrement, intensément et avec sérieux, à ce système de propagande ultra-puissant et massif qui enseigne à tout le pays, exactement le contraire de ce que toi tu racontes dans tes conférences depuis plus de dix ans ?
Amicalement,
Sylvain
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Et un autre extrait de cours de classe de 3ème :
Que les ivrognes rendent la terre à ceux qui veulent manger !
Dans un article du jour sur Reporterre.net, on peut lire en chapeau : Dans ce village de Côte-d’Or, un groupe animé par l’envie de reconnecter l’agriculture au territoire fait grandir un projet autant agricole que culturel, mêlant vignoble bio, culture du houblon, élevage de poules, mais aussi café associatif, habitat participatif ou encore université populaire.
>
Nous avons donc en premier : « Vignoble bio ». Est-ce pour produire du raisin qu'on mange ? Je ne pense pas (ou si peu). S'agit-il des « cépages interdits », les seuls ayant du sens en permaculture ? Je ne crois pas. Ensuite, deuxièmement : « Culture du Houblon ». Est-ce pour le manger en salade ?! Je ne crois pas. Est-ce pour en faire un certain levain (je vois qu'on peut faire ça avec le houblon) ? Je ne crois pas.
Le vignoble, c'est évidemment pour faire du vin, et le houblon, évidemment, bande d'alcooliques, pour en faire de la bière. Il s'agit donc de cultures d'ivrognes quoi et un site écologiste (pourtant brillant) s'en fait le relais. Si on regarde la suite du programme, ils se nourriront donc avec des œufs de poule (mais vu le type de production, ça doit bien être pour les vendre - et donc pour une fois de plus manger de l'argent au lieu de se nourrir !).
Quand on voyage en France ou un peu partout en train, on peut voir défiler à toute allure les paysages et notamment les champs... et combien de millions et de millions d'hectares pour ivrognes défilent sous nos yeux... ! Pourquoi personne ne le dit ?! : l'agriculture mondiale est pourrie, dévastée, polluée, accaparée par les alcooliques et autres drogués, par tous ces gens qui ont besoin d' « étouffer la voix de leur conscience (Tolstoï sur Alcool et Tabac) ». Tous ces gens qui boivent donc pour oublier qu'on pourrait faire pousser des milliards de milliards de plaqueminiers, d'actinidias, de pommiers, de cerisiers, de noyers, de châtaigniers, de poiriers, de pruniers, de figuiers, de grenadiers, d'abricotiers, d'asiminiers et de toutes les milliers d'espèces fruitières merveilleuses pour nourrir tout le monde (et je ne parle même pas des cultures annuelles)... (tiens mon correcteur orthographique ne reconnaît même pas asiminiers, et il me propose magasinier à la place !!! le salaud !). Donc, en fait, c'est connu, les alcooliques boivent pour oublier qu'ils boivent (... pour oublier qu'ils pourraient manger des fruits à la place si la terre n'était pas accaparée par eux-mêmes et leur vice...). Et je n'ai même pas encore parlé des champs de tabac et des autres drogues.
Tous ces hectares de vignes alignées comme des majorettes et torturées avec du fil de fer, raccourcies comme pour produire du Bonsaï, taillées, traitées, juste pour que les gens puissent se droguer, alors que la vigne est originellement une composante merveilleuse de jardins-forêts, qu'elle doit pouvoir se développer sur 10 à 15 mètres de hauteur à la manière des actinidias et de toutes les autres lianes, sur d'autres arbres compagnons ; alors que la vigne est avant tout là pour nous donner des grappes de raisins qu'on mange sur place (pour se nourrir !!!!) ; alors que la vigne est normalement beaucoup plus vigoureuse et résistante naturellement aux maladies.
De plus, puisque je parle de la vigne, il faut savoir que les meilleurs cépages (pour la permaculture) sont justement les fameux prohibés !!!! Mais tous ceux qui discutent de cette interdiction ne disent jamais que tout a été pensé par rapport au vin et qu'en fait c'est surtout là que se situe le scandale de cette interdiction. C'est-à-dire que même si les arguments pour interdire sont bidons, il faut voir qu'en plus ils ont concerné intégralement la production de vin. Nous avons vraiment un monde d'alcooliques ! qui en vient à oublier que le raisin, bien avant d'en faire une drogue, est simplement un fruit qui se mange comme la framboise ou la pomme... (et le raisin entier, consommé avec ses pépins, est une panacée pour le corps). [N.B : mais ça vient de très très loin tout ça, puisque le nom latin de la vigne européenne intègre carrément la production de vin : Vitis Vinifera]
Note concernant l'image ci-contre : une autre version de ce buvard a d'abord circulé avec une troisième mention en dessous de "ils donnent du mauvais vin" qui était : « Ils ne sont plus à la mode, ce sont des reliques du passé », mais cette mention a fait scandale et elle a donc été retirée.
*****
J'aimerais bien ce chiffre, mais il est difficile à trouver : le nombre d'hectares de terre en France et dans le monde dévolu à la production de drogues... Il doit faire vraiment très mal, je pense.
Que les drogués rendent la terre à ceux qui veulent se nourrir !
Qu'ils la rendent à ceux qui ont faim !
Et renseignez vous, pour votre jardin (pour manger du raisin), sur les « cépages interdits » : Noah, Baco, Isabelle, Clinton, Othello, Jacquez, Herbemont.
N.B : Ce propos du jour vient à point nommé après celui d'hier : « On boit un coup ! »
On boit un coup ?!
On refait le monde encore une fois ?
Une tisane ? Un café ? Du vin ? Et puis on mange ? Et puis on bavarde ? Ben oui, mais en fait, se demande-t-on seulement ce qu'on peut faire d'autres ensemble ??! Oups pardon ! C'est vrai, on pourrait aller consommer ensemble : restau, ciné, boutiques, théâtre, expos, oui, incorporer ensemble la position passive du consommateur de produits du système calibrés et inoffensifs (industries culturelles au service de la Propagande). Enfin, oui, on peut aussi aller se promener ensemble c'est vrai, ramasser des champignons ou autres (ça c'est sûrement le meilleur qu'on peut faire ensemble)... Mais aller !! Là, c'est l'hiver en plus, alors ? On boit un coup près du chauffage ? Et puis un autre !! Et encore un autre jusqu'à la fin, pour combler le vide de notre impuissance collective. Autour de la table ! Les enfants jouent dehors, ou en haut (oups pardons, ils sont sur la tablette ou l'ordi), et puis nous, on boit un coup et on bavarde... Et puis, nous buvons de l'alcool et éventuellement nous fumons (du tabac ou de l'herbe), pour « étouffer la voix de notre conscience » (Cf : Tolstoï sur l'alcool et le tabac), c'est plus pratique de pouvoir moins penser ou disons de penser dans la brume pour percevoir moins nettement l'horreur de notre situation. Partout ailleurs, des gens se retrouvent aussi (ou pas !!!), soit au bistro pour boire un verre et bavarder, soit chez eux pour... boire un verre et bavarder... Mais c'est quand que y'en a un qui va se lever de cette foule compacte qui ne peut rien faire d'autre que « boire un coup », pour au moins constater : qu'on ne peut rien faire d'autres que « boire un coup » ? (et démarrer évidement le raisonnement ad hoc : comment ça se fait qu'on ne peut jamais rien faire de RÉELLEMENT constructif et pérenne ensemble ???!).
Je rappelle au passage que « boire des coups » avec les autres, c'est bien le maximum, puisque ce qui prédomine dans cette non-société, ça reste la solitude derrière écran ou accompagnée d'autres drogues.
En fait, il y a d'un côté l'action individuelle et individualiste qui peut être parfois créatrice (mais toujours sous la forme de « ma petite entreprise » à moi moi moi moi moi). Mais comme on ne supporte pas la solitude et qu'en plus on a des besoins affectifs et sexuels, on se force quand même à mettre sur pied un individu-collectif bizarroïde en la personne du couple, le couple devenant pour chacun une sorte de compromis suprême pour tenter de régler à minima - mais ça marche pas - notre cruel dilemme entre société et solitude. Je rappelle qu'en mécanique un couple est constitué de « deux forces égales, parallèles et de direction opposée, agissant en sens inverse ». Alors ça semble efficace au départ, mais c'est jamais très diversifié comme application pour répondre à la densité de problèmes que pose la vie (le collectif est plus adapté) et le couple c'est toujours douloureux (parce que ça sclérose et s'entre-choque toujours) et c'est finalement infertile pour tout le monde. On fait des couples et on boit des coups avec des amis de passage, c'est en fait tout ce qu'on a le droit de faire dans cette non-société... (Quand la révolution cosmique prolétarienne arrivera-t-elle ??!!). Je rappelle que l'étymologie de "prolétaire" : c'est celui qui n'est bon qu'à faire des enfants et à bosser...de la chair à État quoi (Ce que nous sommes tous dans ce régime dictatorial).
De l'autre côté, il y a le collectif ("les autres", "tout le monde", "la communauté", "le village", "le pays", etc.), mais là, il n'est pas là, il n'ex-siste pas, et la seule chose qu'on peut faire avec « les autres » c'est de consommer « ensemble » notre impuissance politique en consommant des boissons ou autres consommations (« Des consommateurs consommaient des consommations »).
Ha oui, on a également le droit d'étendre son petit couple à une faction au service de ses petits intérêts (y compris les idées), qu'on appelle l'Association. Là, le concept va loin : il s'agit bien pourtant de ce que la philosophie politique nomme depuis le début : "faction", c'est-à-dire, normalement, la volonté claire et assumée de se séparer des autres, et de séparer, de marquer sa différence et des frontières, mais de nos jours la faction-association pour exister doit mentir en permanence sur son essence en faisant croire qu'elle est LE COLLECTIF manquant, tant désiré. C'est d'ailleurs vendu de cette manière : vous souffrez de vos scléroses individuelles ?! Et si vous vous mettiez au COLLECTIF en rejoignant une "ASSOCIATION" ??!
Dans la liste de tout ce que le diabolos (le diviseur, le diable) a inventé, l'association est largement dans le top ten (oui, le numéro un c'est l'argent).
Alors qu'est-ce qu'on peut faire ensemble ? Ben rien ! On le sait bien, mais on n'ose se l'avouer et encore moins le dire. Mais pourquoi on ne peut rien faire ensemble ? Là aussi, on n'ose point se l'avouer et encore moins le dire. On ne peut rien faire car la notion d'ensemble est déjà prise, elle n'est pas disponible. Elle est prise par l'État. Notre « ensemble » s'il devait naître, il détruirait l'État (pour naître, il doit détruire l'État). Et l'État, ce n'est pas l'Élysée, Matignon, la Tour Eiffel et tout ça, non l'État, c'est ce Pouvoir liquide (ou même gazeux) qui inonde le pays de part en part à travers tout ce qu'on pourra qualifier d' «institutionnel », d' « officiel » et d'administratif ou régalien, c'est également tous les FLUX. L'État, c'est aussi le Conseil Municipal de votre commune et de toutes les communes (qui n'en sont pas ! [des "communes"]). L'État c'est votre Maire. Alors, on sait tous très bien, inconsciemment ou pas, que si on fait croître le collectif, l'État se dresse toujours (pour nous dresser) de diverses manières en nous disant simplement (mais avec la plus crue des violences symboliques) - ou avec la plus extrême violence selon là où nous en sommes - « Mais que faites-vous ???! Vous vous croyez où ??! Le collectif c'est l'État ! Désolé, la place est prise, il ne peut y'avoir deux collectifs ». Ensuite, l'État-Papa nous dit à peu près toujours la même chose : 1. D'aller boire un coup ! 2. De rentrer chez nous 3. De monter une association 4. De faire un site Internet ... (« Mais si vous voulez vous exprimer Monsieur Rochex, pourquoi vous n'ouvrez pas un blog » m'avait dit une fois un policier).
Et nous obtempérons. Nous continuons de consommer notre impuissance à travers nos consommations... et de recommencer sans fin.
Aujourd'hui, 16 janvier 2017, et surtout ce soir (ben oui car les esclaves bossent), des gens vont se voir (car nous restons des animaux sociaux), et que vont-ils pouvoir construire, transformer ?!!? Ben rien du tout, et ils le savent, alors environ 5 minutes après le franchissement du paillasson : y'en a un qui va dire : « ON BOIT UN COUP ?! Qu'est-ce tu veux Bruno ? Et toi, Magalie ? » et puis, ils vont bavarder, à propos de tout ce qu'il faudrait changer dans ce monde et dans cette société. Ils parleront d'ailleurs de tout, oui, de tout !! Le lendemain, au taf, ils diront : « hier, on a encore refait le monde avec Bruno et Magalie ! » Eh oui, tous les soirs, le monde est refait en imagination, partout, par des millions de gens, mais JAMAIS en vrai (Quand, la Révolution cosmique prolétarienne ???!). Avec Bruno et Magalie, ils ont parlé de tout, et de toutes les solutions, même de l'écriture d'une nouvelle constitution, de la propriété foncière, de l'agriculture, de la santé, du transport, des outils techniques, de l'habitat, de l'eau, etc. etc. Ils ont eu des idées formidables, géniales, et ils ont fait montre d'un cerveau collectif des plus puissants ! Mais ils n'ont pas pu dépasser le fait de boire un coup et de bavarder car leur impuissance politique est inscrite au génome de la non-société dans laquelle ils vivent (ils ont conclu qu'ils se reverraient bientôt pour... boire encore un coup et.... et qu'ils feraient... un site Internet... pour présenter leurs idées, et ils étudieraient le fait de... de... monter une association !).
C'est une impuissance de régime, qu'ils consomment interminablement à coup de bière, de tisane, de vin, de kéfir, de cidre, de jus de fruit, de chocolat, de sirop, de liqueur, de laits, etc. (c'est en fait pour ça que nous sommes tellement ingénieux en matière de boissons).
Alors qu'est-ce que tu fais ce soir ? On boit un coup ? On refait le monde ? Qu'est-ce tu prends Didier ! Une p'tite association Loi 1901 ? Un site web ? Et toi Delphine ? Tu reprendras un peu du Festoche comme samedi dernier ? Bernard, tu veux un peu de ciné dans ton verre ? Non ? Carrément un cognac ? Lydie ? Un p'tit concert et un p'tit restau ? Avec de la glace ? Ha, ça,... c'est pas ce qui manque, la glace...
« Sinon j'aurai fait tout ça pour rien ! »
Voilà donc donné en une hideuse expression (le titre de l'article) un des outils principaux d'aliénation et d'emprisonnement des êtres par l'Institution Scolaire.
La scolarisation est non seulement une capitalisation (oui il y a un lien direct avec le capitalisme), mais c'est une capitalisation qui repose sur des franchissements de seuils et des droits d'accès. Sur ce site Internet, nous avons déjà beaucoup parlé du problème d'un savoir par capitalisation mais moins de ce problème de franchissement de seuil qui emprisonnent totalement les êtres.
Et globalement, on peut dire que c'est le temps qui passe, autant que les diplômes, qui conduit à franchir les seuils. Pour franchir une classe, il faut patienter une année scolaire ; pour franchir le bac, il faut attendre d'atteindre l'âge de 17-18 ans. Ils sont sans arrêt des millions à attendre... au lieu de vivre. Ils attendent de vivre et ils ne savent pas que s'ils continuent dans cette voie, ils ne vivront jamais : ils attendront toute leur vie. Combien sont-ils à dire « si je m'arrête de travailler à 55 ans, je vais avoir une retraite minable, et j'aurai fait tout ça pour rien, il vaut mieux que je continue, après ça ira.» (N'est-ce donc pas le même schéma qui dure depuis l'école ?)
Ce concept de seuil, d'étape, de niveau, (et donc de capitalisation), est énormément exploité par les jeux-vidéos depuis le début de cette industrie. Les fabricants de jeux-vidéos savent combien la psychologie humaine aime avoir la sensation de réussir à franchir des étapes, avec cette sensation que, avant le seuil : on peut encore TOUT perdre, et après le seuil, l'étape est définitivement « gagnée » (acquise), pour toujours !! ... (Alors que les Dieux se demandent depuis l'aube des temps ce que l'homme a gagné quand il dit justement avoir gagné.... ) Ça doit sûrement avoir avec l'adrénaline ou des choses comme ça. Les inventeurs de jeux-vidéos travaillent dur pour concevoir des jeux où les franchissements de seuil sont correctement étudiés et ajustés pour que le déplaisir ne l'emporte jamais sur le plaisir du défi et de la quête.
Dans les Institutions Scolaires (et puis après dans le "monde du travail"), on met au point des parcours qui repose sur la même recherche. Des parcours pour que chaque individu pris séparément puisse dire à tout moment : « Je continue car sinon j'aurai fait tout ça pour RIEN.» ou bien encore « Je continue car l'étape d'après est tellement énorme par rapport à celle que je viens de franchir ! Si jamais je réussis à la franchir, je serais tellement heureux ! »
C'est là où un machin comme le baccalauréat exerce une puissance hallucinante sur les êtres, puisque le commencement du jeu a été enregistré dans les consciences vers l'âge de 3 ans. Ainsi (seuil du Brevet des collèges mis à part), pour un élève de classe de seconde, âge qui correspond non seulement à des envies de rébellion mais aussi à la fin de l'obligation de scolarité (16 ans), s'il envisage d'arrêter, il aura la sensation très douloureuse d'arrêter un jeu qu'il a commencé à l'âge de 3 ans dont il a franchi des étapes intermédiaires (les classes) mais dont il n'a pas encore franchi le seuil suprême instituant la fin d'un Acte initié à l'âge de 3 ans ! (avec, on le rappelle, toute sa famille et toute la société qui lui en parlaient dès l'âge de 1 an, voire même quand il était encore dans le ventre de sa mère).
Mais comment donc ne pas voir que cette situation dans laquelle on nous place et qui nous conduit à penser : « Je continue car sinon j'aurai fait tout ça pour rien.» n'est pas saine du tout (litote) et se trouve diamétralement opposée à l'amour ? Comment ne pas admettre qu'il s'agit d'une des violences psychologiques les plus subtiles et les plus perverses qui soient ? Comment ne pas finir par comprendre que nous amener à penser de cette manière, ça n'est jamais dans notre intérêt, mais dans l'intérêt d'autres personnes et dans celui d'un système oppressif et violent (de "violence organisée").
Mais voilà donc une pensée-clé et des phrases-clés qui doivent tous nous alerter : « Je continue car sinon j'aurai fait tout ça pour rien.» ou « Je continue car l'étape d'après est tellement énorme par rapport à celle que je viens de franchir ! » pour se rendre compte qu'on est en train de se faire totalement avoir par un système, surtout dans la mesure où ce n'est jamais nous qui fixons les seuils. Ô bien-sûr, ils sont suffisamment forts pour nous faire croire que nous sommes nos propres bourreaux. Leur puissance est d'être totalitaire : en dehors de ce système où nous disons « Je continue car sinon j'aurai fait tout ça pour rien.», il y a bien souvent effectivement ... rien.
Mais quand on se bat 4 jours et 4 nuits pour un marlin (Cf : Le vieil homme et la mer de Hemingway), n'est-ce pas toujours pour constater qu'il attire ensuite les requins ?
Quand on aime la vie, c'est le sentier de la vie qu'on aime, peu importe qu'il passe par un sommet ou dans un fond de vallée.
Alors, se dépasser, oui, mais avec chaque pas qu'on fait, et non à partir d'un parcours artificiels à étapes MACHIAVELIQUEMENT imposé et pensé par d'autres dans leur intérêt ou celui d'un système.
Ne jamais oublier que l'intérêt d'une journée de classe, c'est uniquement celui du prof à travers son salaire et que l'élève, lui, en se rapprochant d'une étape dans son parcours scolaire, s'éloigne toujours plus de lui-même. Un seuil dans le parcours scolaire c'est donc uniquement un mur de plus qui nous sépare de nous-même, un qui monte jusqu'au ciel, une étape définitive, c'est vrai, pour la plupart.
On retrouve le sujet de l'école de la peur, souvent abordé dans ce site. Vivre en pensant « Je continue car sinon j'aurai fait tout ça pour rien.» c'est vivre dans la peur, et c'est se mettre en chemin pour la reproduire sur d'autres. Combien sont ceux qui échafaudent en permanence pour les autres des parcours de peur une fois qu'ils ont acquis une place dans le système ! Et malheureusement pour nous tous, la vie n'est pas comme un jeu-vidéo, la cruauté est bien réelle.
Sylvain
P.S : d'ailleurs vous constaterez que toutes les fois où dans votre vie vous avez fonctionné avec le « Je continue car sinon j'aurai fait tout ça pour rien.» et que vous avez finalement franchi les seuils (croyant remporter votre mise !), eh bien, dix ans ou trente ans plus tard, ces périodes correspondent systématiquement à ce que vous regrettez le plus dans votre vie. Il s'agit en fait de toutes ces périodes où vous vous êtes laissés emporter par la doctrine du monde (Cf : le texte de Tolstoï ci-dessous) :>la majeure partie des malheurs de sa vie sont provenus uniquement de ce que, contrairement à son inclination, il a suivi la doctrine du monde qui l’attirait. Tolstoï
La propagande au kilomètre
J'espère que vous avez bien en tête que nous ne disposons pas des moyens pour dénoncer chaque maillon d'une propagande pro-école qui se déroule en continu et au kilomètre dans cette société.
Au rayon cinéma, le plus célèbre maillon (récent) de cette propagande est le film "Sur le chemin de l'école" (2012). Ici, on vous propose plutôt son antithèse : Schooling the World.
Pour contrer la propagande, vous pouvez essayer d'organiser des projections de Schooling the world (les réalisateurs sont ok), mais dans l'espace "public", il faudra franchir la barrière des élus de la lumière intersidérale (qui sont souvent les premiers défenseurs de l'école d'état). Nous vivons en dictature.
N.B : à ceux qui pensent qu'il s'agirait aussi de Propagande de diffuser "schooling the world," je les renvoie au chapitre sur la Puissance dans le livre de Jacques Ellul "Propagandes". Un élément caractéristique et premier de la Propagande est son incroyable Puissance de feu qui n'a rien à voir avec l'échelle humaine ou villageoise.
L'École de la peur
Toutes les spiritualités et philosophies du monde ont toujours fort justement opposé le concept d'Amour à celui de Peur. Or le milieu dans lequel nous nous développons et luttons pour croître est un milieu intégralement constitué par la peur. Nous vivons dans une société basée sur la peur : la peur de l'autre, la peur de l'avenir, la peur d'être malade, la peur d'être exclu, la peur de manquer. Cette société a pour matrice principale l'école qui est bien une école de la peur.
>Face aux attentes de mes éducateurs, j’apprends la crainte de les décevoir, de ne pas en être reconnu, aimé, valorisé... Quotidiennement et plusieurs fois par jour, j’apprends ainsi la peur La peur est apprise, en effet. Même si elle se colporte et se répand dans l’humanité depuis des millénaires, elle n’est pas, pour autant, une fatalité, une donnée naturelle. Le mécanisme de la peur est simple : un danger ou une menace (réelle ou supposée) et des ressources propres qui sont (ou que j’estime) insuffisantes pour affronter ce danger. Il est aisé, à partir de ce principe, de générer et d’entretenir la peur, et d’en tirer profit – et l’éducation y recourt fréquemment, sciemment et, de toutes manières, intrinsèquement. JP. Lepri
Dans cet article, nous allons aborder 7 points : 1) l'Enfermement, 2) La Surveillance, 3) La laideur et la dureté, 4) La compétition, 5) L'immobilité, 6) L'ennui, 7) La méchanceté des profs, 8) La peur totale : celle de mourir.
Commençons tout d'abord par évoquer le contenant et l'atmosphère générale de l'école. Les élèves d'hier et d'aujourd'hui (d'ici et d'ailleurs) sont des "individus disciplinaires" selon la formule et le concept de Foucault, et rien d'autre.
1) L'Enfermement
Les quatre murs de la classe constituent une contrainte incompressible, résistants aux efforts successifs de « renouveaux pédagogiques ». Ils limitent aussi bien le déploiement de l'art de l'enseignant que les aspirations exploratoires des élèves. Au-delà des réformes et des discours d'ouverture, la classe demeure un espace qui dresse un mur entre l'enfant et son milieu familial, son environnement naturel, son réseau social, et qui le prive des multiples occasions éducatives émergeant d'un milieu diversifié et non contrôlé. Thierry Pardo
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Le contenant est une véritable prison, et ce n'est aucunement une image, c'est réalistement une prison, un bocal hermétique, un sanctuaire inviolable officiellement protégé par l'armée (on l'oublierait !), avec des portails à pics, et bien souvent de nos jours : de la vidéosurveillance. C'est en fait assez évident qu'il en soit ainsi puisque face à l'horreur et à la nocivité de la situation scolaire, la nature nous hurle intimement de nous échapper (même si, rapidement, nous apprenons tous à reprimer ce hurlement afin de ne plus jamais l'entendre). Vivre-dans-la-peur, l'être humain semble malheureusement être en capacité de s'y habituer, c'est "la peur coutumière" (qui s'installe pour toute la vie) dont nous parle Catherine Baker :
En réalité, Marie, avant de concevoir toutes les bonnes raisons qu'on a de ne pas mettre les enfants à l'école, j'ai agi spontanément, comme d'instinct, pour t'éviter de vivre toute ton enfance dans la peur. À l'école, on a peur. (...) À la mère dont le petiot hurle au premier jour de la maternelle, on dit: « Il va s'habituer ! » C'est effectivement ce qui se passe. On s'habitue. La plupart oublient même qu'ils ont eu peur, qu'ils s'y sont accoutumés. Le pli est pris. Ils ont peur toute leur vie, ne savent plus de quoi. C'est là que réside l'atrocité de la souffrance obscure. (...) j'ai essayé d'éviter ce qu'il était en mon pouvoir, d'écarter de ton enfance: la sombre cochonnerie de l'institutionnalisation des rapports de peur entre adultes et enfants. Car cela n'était en rien nécessaire. (...) pourquoi aurais-je permis que tu vives la peur pour la peur, pour le pur apprentissage de la peur coutumière ?
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L'enfermement, qui permet à la peur de proliférer, est à la base (au génome) de la situation scolaire.
Je m'installe dans un coin de la classe et j'observe. Quel spectacle désolant ! Tous ces enfants assis, muets et inattentifs, emmurés, appelés chacun à son tour à ânonner, obéissants et éteints. Quelle tristesse ! La seule qui semble prendre plaisir à cet exercice, c'est l'enseignante qui exerce son petit pouvoir dans l'inconscience totale. A la récréation où les pauvres prisonniers vont hurler leurs frustrations dehors, l'enseignante, au lieu de venir me parler, à moi cet intrus dans son petit monde fermé, va prendre un café rapide et s'emmure dans des corrections. Pauvres enfants abandonnés de leurs parents, condamnés à cet asile d'aliénés qu'est devenue l'école ! Ma fille ne sera pas abandonnée. Je voudrais bien libérer tous les autres en même temps... Léandre Bergeron
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Pour empêcher la nature, la situation spatiale est celle d'une prison au milieu d'un désert car si nous nous échappons, ce ne pourra être qu'à la manière du colosse Indien à la fin du film "Vol au dessus d'un nid de coucou" autant dire que c'est quasi impossible. De nos jour, le futur déscolarisé, qui doit donc avoir la chance d'être de type "colosse Indien", qui défonce les barreaux de la fenêtre avec le bloc de douche (Cf : la scène finale du film susnommé) retrouve la campagne originelle et la solitude car l'école est totalitaire, elle recouvre tout. Notre "mouvement de déscolarisation de la société" (qui est un mouvement dans le sens littéral du mot mouvement et non un parti), voudrait d'ailleurs changer ça. « La société est fatale, et la solitude impraticable » nous dit fort justement Emerson. Nous voudrions donc lutter de toutes nos forces contre ce dilemme insupportable qui consiste pour l'homme moderne à devoir choisir entre mourir, dégénérer, se suicider (physiquement et intellectuellement) en société ou bien souffrir la solitude et le vide.
Cet enfermement physique est l'expression matérielle de la fermeture du savoir : « L’enseignement scolaire n’est pas réellement conçu pour ouvrir à autre chose, mais est essentiellement fermé. » nous dit Charlotte Nordmann. Nous avons donc affaire, en terme purement physique, à un milieu fermé à tout point de vue. Il s'agit donc aussi d'un espace fini et défini, limité, au service de la rareté et du manque (condition de tout asservissement).
2) Surveillance intégrale
Le maître-mot d'une prison, sa réalité quotidienne, est la surveillance intégrale. Ainsi les lieux scolaires ont été conçus dans ce but. Anne Querrien, dans son livre "L'école mutuelle, une pédagagie trop efficace ? " résume bien la situation :
Rien ne doit être laissé au hasard, nous dit F.Buisson dans son Dictionnaire pédagogique qui était , sous la IIIè République, la bible de l'enseignement primaire : " Les emplacement de l'estrade du maître, des tableaux, des modèles, des appareils de chauffage ne doivent pas être laissés au hasard... " " La classe doit avoir la forme d'un rectangle, toute forme polygonale ou circulaire est proscrite. " Tout a été mis en oeuvre pour produire des écoles comme des petits pains : la classe est un moule unique, reproductible en autant d'exemplaires que possible.
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L'espace scolaire est d'abord conçu pour que le maître puisse voir en permanence tous les élèves dont il a la charge. Le pouvoir est donné au maître de saisir l'ensemble des élèves d'un coup d'œil : c'est la première base matérielle de son pouvoir, pouvoir bien plus sûr que celui d'un maître qui frappe et qui ne voit pas pendant ce temps ce qui se passe derrière son dos. Toute une structure mentale s'est peu à peu élaborée à travers ces espaces rectangulaires et tristes, et y demeure maintenant attachée.
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Non seulement les enfants doivent rester sans cesse sous les regards conjoints des autorités qui en ont la charge, mais ils doivent sans cesse garder le regard fixé sur le maître, et ne le porter par ailleurs que sur des objets, des lignes strictement contrôlées, propres à leur représenter l'autorité dont ils émanent. Le regard que l'enfant porte sur son école doit lui inspirer le sentiment de cette présence du pouvoir.{xtypo_quote}
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Catherine Baker, dans "insoumission à l'école obligatoire", cite Michel Foucault concernant cet atroce "principe de visibilité obligatoire":
{xtypo_quote} La plupart des gens ont oublié leur enfance. Sinon, jamais ils ne pourraient se conduire envers les mômes avec un sadisme aussi bête. L'enfant vit en famille dans une menace vague qu'il peut d'autant moins circonscrire qu'elle se noie dans l'affection. A l'école, les sources les plus profondes de l'insécurité permanente, la peur de faire de la peine à ses parents, celle d'être séparé de ses amis, celle, bien enfouie, de jouer là tout son avenir, celle de devoir se reconnaître stupide, etc. ne se prêtent pas aux conversations entre mômes. Michel Foucault dans "Surveiller et punir" a des réflexions parfaitement appropriées à l'institution scolaire sur le "principe de visibilité obligatoire" : « C'est le fait d'être vu sans cesse, de pouvoir toujours être vu, qui maintient dans son assujettissement l'individu disciplinaire. » Le pouvoir peut braquer le projecteur sur n'importe quel enfant, à n'importe quel moment : "Que faites-vous ? "
3) La laideur et la dureté
Certains réformateurs de l'éducation nationale voudraient peut-être changer le contenu et garder le contenant. Malheureusement pour eux, même les murs, les matériaux, et les objets sont atroces. On ne pourrait même pas conserver les murs et le matériel pour en faire autre chose. Ces lieux sont laids, anti-vie, et ils incarnent la laideur or, ce qui nous motive tous pour faire un nouveau monde, n'est-ce pas la beauté ? Les "permaculteurs" ont sans arrêt comme modèle la forêt et n'y a-t-il rien de plus opposé à une forêt qu'une école ou une usine ? Et le modèle des écoles, n'est-ce pas justement la prison et l'usine ?
Cette laideur n'est point un détail subsidiaire, c'est une intention première, c'est un choix politique calculé en lien direct avec les buts de ces bâtiments. Les matériaux employés sont de type industriels et artificieux : plastique, polymères, métal et toxique. Evidemment, rien de naturel, rien de "chaleureux", rien de "convivial", rien de rond, à fortiori rien non plus de "doux". Le bois, la pierre, la terre, le végétal, le tissu, tout ce qui "réchauffe" - le corps et l'âme avec - est évidemment proscrit et rigoureusement absent, l'objectif étant la laideur et l'agressivité des lignes - en harmonie avec les arrêts de bus JC Decaux - .
Le regard que l'enfant porte sur son école doit lui inspirer le sentiment de cette présence du pouvoir.
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nous dit encore Anne Querrien. Donc, ce sera rectiligne, tranchant même, froid, dur, gris, fixe, sans odeur ni saveur, artificiel, industriel, moulé sur gabarit, l'opposé du vernaculaire... les bâtiments scolaires sont faits pour lacérer les corps et surtout les âmes. C'est un lieu où l'on doit se cogner, qui doit nous cogner et où l'on doit se faire cogner. C'est un lieu qui doit désespérer, qui doit nous faire oublier la beauté, la chaleur et la rondeur du cosmos et des seins de notre mère.
Sur cette laideur citons également Christiane Rochefort :
Les bâtiments scolaires sont destinés aux enfants. Or, les anciens manifestent une pensée carcérale. Les nouveaux ressemblent à des cages. Tous sont parmi les plus laids et tristes édifices jamais plantés. Leur dessein architectural paraît de, ayant retiré le monde divers aux enfants, ne leur donner plus rien à voir. C'est une drôle de façon de penser aux enfants.
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et Catherine Baker :
Avec la publicité, l'école est la plus magistrale entreprise d'imbécilisation. L'imbécilisation consiste à ôter à l'enfant tout envie d'entrer dans la compréhension du monde. Je ne dirais jamais assez les profonds ravages causés par le simple aspect sinistre des salles de classes (aussi bien les "modernes" que les "anciennes"). Un rapport américain avait fait quelque bruit. C'était une étude approfondie des écoles publiques aux États-Unis demandée par la Fondation Carnegie au Dr Charles Silberman, un homme tout à fait modéré. L'auteur du rapport soulignait qu'il fallait vraiment considérer l'école comme "allant de soi" pour ne pas s'apercevoir que tout dans l'aspect extérieur de l'école comme dans les relations entre maîtres et élèves "menait immanquablement à la stérilisation des esprits".
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Krishnamurti :
La vie est authentiquement belle, sans rapport avec ce que nous en avons fait — une chose affreuse ; et vous ne pouvez en apprécier la richesse, la profondeur, l'extraordinaire beauté que si vous vous révoltez contre tout — contre la religion organisée, contre la tradition, contre cette société pourrie d'aujourd'hui — afin de découvrir par vous-même, en tant qu'être humain, ce qui est vrai. Ne pas imiter, mais découvrir. Il est très facile de vous conformer aux injonctions de votre société, de vos parents ou de vos professeurs. C'est un mode d'existence sans risques ni problèmes, mais qui n'est pas la vie, car il porte en germe la peur, la décrépitude et la mort. Vivre, c'est découvrir par soi-même le vrai, et cela n'est possible que lorsque la liberté est là, lorsqu'il y a en vous, au plus profond de vous, une révolution permanente.
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Raoul Vaneigem :
Aucun enfant ne franchit le seuil dʼune école sans s'exposer au risque de se perdre ; je veux dire de perdre cette vie exubérante, avide de connaissances et dʼémerveillements, quʼil serait si exaltant de nourrir, au lieu de la stériliser et de la désespérer sous lʼennuyeux travail du savoir abstrait. Quel terrible constat que ces regards brillants soudain ternis ! Voilà quatre murs. Lʼassentiment général convient quʼon y sera, avec dʼhypocrites égards, emprisonné, contraint, culpabilisé, jugé, honoré, châtié, humilié, étiqueté, manipulé, choyé, violé, consolé, traité en avorton quémandant aide et assistance. (...) pourquoi les jeunes gens sʼaccommoderaient-ils plus longtemps dʼune société sans joie et sans avenir, que les adultes nʼont plus que la résignation de supporter avec une aigreur et un malaise croissants ?
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Et Léandre Bergeron :
Comment oser dire que les enfants qui ne fréquentent pas l’école ne vont développer leur sociabilité ? C’est tout le contraire que je constate. Car la socialisation forcée des écoles ressemble à la socialisation des prisons plutôt qu’à l’épanouissement des relations humaines chaleureuses.
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4) Compétition
Les évaluations fondent également le circuit fermé du monde, les retirer créerait un trou d'air dans la cuirasse. Ce qui m'apparaît liberté et espoir semble être un vide effrayant pour ceux à qui je présente la fin de l'évaluation : "Mais comment on fait alors, si on n'évalue pas ? Il faut bien évaluer ". C'est quand même terrible de ne pas être capable d'imaginer l'appel d'air salutaire de ce vide qui n'est que momentané, et de demeurer à ce point-là terrorisé par le vide. Les profs étant avant tout payés pour évaluer (et cela leur donne en prime le sentiment d'exister et une légitimation), ce n'est peut-être pas demain que nos criminels de profs vont arrêter ce massacre quotidien.
La situation scolaire est totalement dénuée d'amour. Un professeur qui note n'aime pas. C'est un criminel. C'est le premier artisan de cette société affreuse, c'est le promoteur des guerres et de la lutte de tous contre tous. L'Éducation Nationale est un lieu totalement vide d'amour, pas une seule goutte, dans aucun recoin. C'est la forme de l'objet et ses outils de haine permanente, qui rend l'amour totalement impossible. Le but de l'école est la guerre entre les hommes. Celui qui dit diffuser de l'amour au sein de l'école est un grand hypocrite. Je te mets 9/20, et à toi 12/20, mais c'est avec amour bien-sûr ! Je vous viole l'âme avec amour, bien-sûr. J'introduis en vous l'ambition, la compétition, l'obsession du devenir, la corruption, l'obéissance, le conformisme, la tradition, l'individualisme, l'idée de réussite et d'échec, de développement vertical de votre personne, mais c'est avec amour bien-sûr ! Et au service de la fraternité, bien-sûr ! Je cautionne cette société pourrie de compétition et de lutte des places, mais c'est avec amour, bien-sûr ! Il y a l'école : l'acte quotidien contre l'amour, cette religion scolaire au service de la religion du fric, de l'égo, de l'avidité, et de l'ambition.
Collèges, Lycées, Universités, sont dans leur bulle, c'est effrayant. Le pire des entre-sois qui soit ! Les collèges et lycées fonctionnent en parfaite autocratie en la personne du proviseur. Les listes d'agrément de l'éducation nationale permettent d'assurer l'étanchéité parfaite. Les campus ont été installés en dehors des villes-centre. L'étudiant est souvent un expatrié qui ne peut se sentir citoyen d'aucune façon. La menace des sectes et de certains groupes d'influence est sans cesse brandie pour justifier cette sanctuarisation et cette surprotection nocive qui empêchent les jeunes de développer leurs propres anti-corps.
L'école a fidèlement évolué, ou muté, en harmonie profonde avec les besoins de l'Industrie et de ses services. En dépit de résistances internes elle est sa pépinière de matériel humain adéquat. Elle est calquée sur ses structures, et les transmet : soumission, compétition, ségrégation, hiérarchisation, et ennui mortel de l'âme. Christiane Rochefort
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Le principe horrible de l'Institution scolaire est si limpide : nous forcer à tous avancer sur un fil tendu au dessus du vide pendant si longtemps, de façon si harassante, que nous finissons tous par tomber, d'une manière ou d'une autre, à moment donné. Ainsi, on obtient une société de gens cassés, de gens qui ont pour toujours une vision mineure de leur être par rapport à l'ordre établi. De plus, deuxième partie du principe, ce fil, est une direction unique imposée qui aliène, pas à pas, chacun d'entre-nous pour nous mettre au service d'un système qui n'a rien à voir avec nos élans de vie initiaux (et exciter ce qu'il y a de plus vil en nous, non la vertu). Par quel moyen est-ce qu'on nous force : par un chantage affectif permanent, par notre besoin de socialisation, puis par un chantage à la survie qui vient s'ajouter.
5) Immobilité
Sur l'immobilité mortifère attendue de l'élève citons Christiane Rochefort :
Expropriation du corps. Bouclé là à six ans, après l'exercice préliminaire de la Maternelle - ambiguë, compliquée, importante, de plus en plus tôt la Maternelle. On tombe sur des chaises dures, et on écoute des mots pendant des heures. Est-ce par hasard que cette jeune créature croissante, cette boule d'énergie neuve, cet explorateur aventureux, est tenu immobile, pétrifié, confiné, réduit par grand soleil à la contemplation de murs, et à la rétention angoissée de la vessie voire du ventre, 6 heures par jour à temps fixe sauf récrés à minutes fixes et vacances à dates fixes, durant 7 années ou plus ? Comment apprendre mieux à s'écraser? Ça rentre par les muscles, les sens, les viscères, les nerfs, les neurones. C'est une leçon totalitaire, la plus impérieuse n'étant pas celle du prof. La position assise est reconnue néfaste pour la charpente les vaisseaux les canaux, et voilà comment votre Occidental a la colonne soudée, les tubes engorgés les poumons rétrécis des hémorroïdes et la fesse plate. Ça fait un siècle qu'on les voit les enfants gratter les pieds se tortiller, sauter comme des ressorts quand L'HEURE sonne (sans parler de 20 % de scoliotiques). Ces manifestations sont mises au compte de leur turbulence, pas de l'immobilité insupportable qu'on leur impose : le tort sur la victime. Non ce n'est pas un hasard. C'est un dessein, si obscur qu'il soit à ceux qui l'accomplissent. Il s'agit de casser. Casser physiquement la fantastique machine à désirer et à jouir. Que nous sommes, fûmes, avons été, tous, requiem. Tu ne vivras pas, tu n'es pas venu au monde pour ça. La machine est solide et résiste longtemps. Etre enfant c'est de l'héroïsme. Cette déclaration fera ricaner ceux qui ont oublié qu'ils ont été des enfants, qui ainsi se trahiront. {xtypo_quote}
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6) L'ennui
Sur l'ennui, citons Christiane Rochefort et Edmond Gilliard :
C. Rochefort qualifie les écoles ainsi : « les temples de l'ennui pré-industriel»
Edmond Gilliard oppose superbement l'ennui dans les école à l'amour ("le diable, c'est l'ennui" disait aussi le dramaturge Peter Brook) :
{xtypo_quote} Ce que l'enfant sait, c'est qu'il s'ennuie. C'est là sa science de la chose ; c'est là le fait réel de son «savoir actuel». C'est là l'objet immédiat de sa conscience ; c'est cela, l'évidence... Hélas ! il y a ennui dès qu'il n'y a plus amour. L'amour vrai crée l'irrésistible évidence du plaisir. Celui qui ne « devine » pas l'ennui ne communiquera jamais le savoir. L'amour cesse d'être légitime dès qu'il devient ennuyeux. (...) Répandre l'ennui, c'est, je crois, — c'est, certainement, — encore pire que d'exercer la violence ou de pratiquer l'injustice. L'ennui est plus nuisible, plus immoral que tout. Il ruine toute éducation en débilitant la nature, il énerve toute discipline, il anémie toute doctrine, il dessale toute nourriture, il ôte toute saveur à la conscience, il délave, lime. — L'injustice peut révolter, la violence peut stimuler la résistance. L'ennui, profondément, écoeure. L'ennui rend lâche. Une vigoureuse adversité fouette le sang, l'ennui instille sa torpeur dans les lymphes.
A ce stade du discours, voulez-vous reprendre un petit bain de l'idée de "NEUTRALITÉ DE L'ÉDUCATION NATIONALE..." ?
7) La méchanceté des profs
il est clair que tout homme de pouvoir est porté à en abuser et que le pouvoir corrompt toujours. Thucydide disait : « Par une nécessité de nature, chacun commande partout où il en a le pouvoir. » ; Alain disait que tout pouvoir ira toujours à fermer toutes les portes... Depuis la nuit des temps, des hommes réfléchissent sans cesse sur comment se protéger des abus de pouvoir, c'est là l'essentiel de la philosophie politique, mais ces découvertes et ces techniques, sont régulièrement ettouffées, écartées,...
Je voudrais ci-dessous redéfinir la méchanceté et l'abus de pouvoir et prouver par là que le groupe des profs est radicalement méchant, dans le sens où ses membres se trouvent simplement dans une occurrence où ils peuvent faire mal, et comme ils le peuvent, ils FONT mal en permanence (voir la fin de cet article sur la non-puissance). Nous devons donc en finir avec l'antimanichéisme primaire et nous remettre à dénoncer les abus des hommes de pouvoir pour ensuite mettre fin aux prérogatives et aux symbolismes/mysticismes qui provoquent les abus de pouvoir et l'absence de consentement mutuel et de philia.
Cet article veut aussi exprimer qu'en matière de méchanceté, il n'y a pas de différence fondamentale entre les profs d'hier et les profs d'aujourd'hui contrairement à ce qu'on essaie constamment de nous raconter. Ça fait partie de la stratégie de l'Éducation Nationale de toujours faire semblant de changer et notamment en matière de traitement des élèves. La baguette faisait mal aux doigts certes, mais qu'est-ce qui faisait beaucoup plus mal encore et qui fait toujours aussi mal aujourd'hui ? : La situation. Ce rapport (inhumain). Cette ambiance. Cette domination. Cette compétition. Cette peur de l'adulte, cette peur de déplaire et d'être jugé par la négative, et ça, voyez-vous de Jules Ferry à aujourd'hui, rien n'a changé d'un iota. Les fondements de la méchanceté (et donc in fine les fondements de l'obéissance et de l'aliénation) n'ont jamais été retirés. La méchanceté ne s'exprime par exactement pareil qu'au début du XXème siècle, mais son essence, sa puissance, son effectivité, son efficience, ses causes, sont toujours là, intacts.
Les profs font mal et font le mal en permanence, car ils poursuivent tranquillement la seule chose qui nous fait du mal à tous depuis notre naissance : la mise sous dépendance et le chantage à l'amour. Cette chose nous fait mal à la fois sur le moment comme une brûlure vive et dans le long terme, car c'est la cause première de notre propre aliénation puisque nous allons diriger toute notre vie par rapport à ça, au lieu de nous développer dans l'autonomie. Les profs prennent le relai des parents sur ce point (ou disons, oeuvrent de concert) et nous préparent ensuite pour être définitivement mûrs pour les prochains hommes de pouvoir qui vont venir : Patrons, Directeurs, Élus et compagnie. Les parents, puis les profs, préparent le terrain nécessaire pour qu'on vive la vie comme eux l'ont vécue, c'est-à-dire comme « un troc permanent de la gloire ou du mépris où chacun reçoit une supériorité en échange de l'infériorité qu'il confesse » (Jacques Rancière). A chaque nouvelle génération, on espère autre chose mais les profs sont là pour empêcher tous les nouveaux mondes possibles : « La tâche du pédagogue : fonctionnaire timide, il inculque à ses élèves le respect et la docilité qui les pousseront toujours à faire "comme les autres". Et, ainsi, il rend encore plus incertain l'avenir meilleur vers lequel s'élancent les cœurs nouveaux. » (Henri Roorda)
Nous sommes tous pareillement faibles sur ce point : nous marchons toujours dans les chantages à l'amour, car nous recherchons tous l'amour de l'autre et le plaisir qui est associé. Le gentil, celui qui nous aime vraiment, sera celui qui nous aime en continu et oeuvre pour notre autonomie. Le méchant sera celui qui crée notre dépendance et un chantage à l'amour : un amour qui varie sans cesse, surtout en fonction de notre comportement ; un amour qui disparaît si nous nous émancipons complètement. Le méchant est notamment celui qui nous donne de l'amour quand nous nous soumettons, quand nous obéissons, quand nous correspondons à ce qu'il attend. Très tôt nous nous faisons berner là-dessus puisque le méchant in fine, après que nous ayons obéi, nous donne effectivement de l'amour, il devient gentil, il devient source de plaisirs et nous voilà complètement pommé. Le méchant veut notre soumission uniquement et il est donc contre notre développement, contre notre liberté. Il est contre le fait de nous rencontrer et de trouver un rapport mutuel, puisque la rencontre suppose l'égalité et ce n'est pas ce qu'il cherche. Louise Michel disait que le pouvoir est maudit ; je dirais que de la même façon : le Professorat est maudit.
Sur le chantage à l'amour, lisons Gérard Mendel, c'est lumineux :
Si le sujet ne se soumet pas, exprime une volonté propre, l'adulte marquera sa désapprobation en lui montrant qu'il ne l'aime plus. Le très jeune enfant, avant même l'apparition du langage, associera ainsi de manière irréversible, affirmation de soi et perte de l'amour de l'autre. Quand on songe à ce que l'autre représente pour un nourrisson — tout simplement la vie — on conçoit l'efficacité d'un tel procédé. De cette manière, le sujet ne pourra pas évoluer naturellement vers l'autonomie. Sa peur de perdre l'amour des adultes, soigneusement entretenue et cultivée, le marquera d'une empreinte ineffaçable qui est le conditionnement à la soumission. (...) Celui qui détient l'Autorité sera appréhendé comme un personnage tout puissant, et le réflexe de soumission conduira le sujet à une obéissance absolue — sous peine de déclencher la réaction de culpabilité et la peur d'un abandon, d'une exclusion. L'angoisse d'un tel abandon, d'une telle exclusion répétéra, sans que le sujet en soit le moins du monde conscient, son angoisse originelle lorsqu'il était un tout jeune enfant, voire un nourrisson, menacé
>d'une perte d'amour.»
Nous voilà avec une définition extrêmement claire de la méchanceté : sont méchants, ceux qui se mettent (consciemment ou inconsciememnt) en position pour convoquer en permanence cette angoisse originelle dont parle G. Mendel, ce chantage à l'amour, qui provoquera notre soumission et donc in fine notre aliénation. Ils sont méchants car ils nous font mal. C'est évidemment sur ce schéma que va se brancher le principe carottes et bâtons, récompenses et punitions. Nous sommes tous prêts à nous faire avoir par ce système, car s'il y a des bâtons, il y a aussi des carottes et nous perdons totalement de vue, le véritable amour, la véritable amitié, ce courant continu, ce pain de vie partagé, la philia, l'agapè, cette relation par consentement mutuel et réciproque. Nous nous mettons tous à fonctionner comme des chiens de compétition dressés pour rapporter des proies à notre maître. Les profs, TOUS LES PROFS, sont dans une position, dans une situation, dans une occurrence où ils sont amenés à abuser et à être méchants. Ils sont pile là où il faut être pour jouer avec notre angoisse originelle de perte de l'amour, pour nous donner un amour sur courant variable, fonction de notre soumission et de notre obéissance... Pas de rapports humains, nous donnons seulement de bonnes ou de mauvaises réponses, comme dans l'expérience de Milgram, et le prof a les mains en permanence sur "le stimulateur de chocs".
Un professeur qui met des notes n'est rien d'autre qu'un pervers qui se venge. Comme un violeur qui viole parce qu'il a été violé. Le professeur a une infinité de points communs avec les élus, les patrons, les marchands en position dominante, les "programmateurs", et toutes ces personnes ("décideurs") qui se mettent stratégiquement en position d'avoir le droit d'élever ou de rabaisser arbitrairement autrui, de permettre ou d'interdire, d'ouvrir ou de fermer, de donner la vie ou la mort. Arbitrairement mais pas sans raison : ces individus élèvent et rabaissent les autres évidemment en fonction de ce qui leur permettra de s'élever du même coup. C’est bien la catégorie des méchants, au diable l'antimanichéisme primaire ! Il faut in fine leur pardonner puisque ce comportement, est évidemment le signe d'un manque radical d'amour et d'un besoin de consolation abyssal. Il ne s'agit pas non plus d'essentialiser quiconque, de condamner quiconque. Tout prof ou tout Élu qui démissionnera cessera immédiatement les méfaits qui correspondent à la situation du professorat ou à celle d'avoir le pouvoir en régime oligarchique.
Les méchants sont ceux qui mettent l'autre dans une relation de dépendance, de manque, pour se sentir exister, pour contempler la soif, la faim, le manque dont ils sont les auteurs, que leur existence crée. C'est leur manière à eux de vivre l'amour (mais c'est totalement l'inverse de l'amour, puisqu'il s'agit uniquement d'égoïsme, c’est l’amour d’eux-mêmes qui est devenu insatiable).
Si le monde va parfois si mal, c'est qu'il est gouverné par ces méchants, ça, on s’en doutait. C'est exactement pour cela d'ailleurs qu'on arrive régulièrement à l'idée fondamentale depuis 2500 ans de philosophie politique qu’ : « il ne faut jamais donner le pouvoir à ceux qui le veulent » (De Platon à Jacques Rancière, en passant par Montesquieu, Tolstoï, Alain et Castoriadis). Car ceux qui veulent le pouvoir sont justement les êtres tout prêts à vivre du manque qu'ils vont créer dans autrui, des êtres tout prêts à jouir de celui qui va les supplier. (Puisque c’est précisément cela qui est recherché par eux, selon une mécanique décrite par Simone Weil : « Faire du mal à autrui, c'est en recevoir quelque chose. Quoi ? Qu'a-t-on gagné ? (et qu'il faudra repayer) quand on a fait du mal ? On s'est accru. On est étendu. On a comblé un vide en soi en le créant chez autrui. » )
Les méchants organisent leur existence pour trouver un poste, une fonction, qui leur permettra d'être continuellement dépositaire de quelque-chose qui va créer le besoin, le manque dans autrui. Et ensuite, ils gèrent un compte-goutte. L'autre vient chercher ses gouttes, alors qu'il voudrait un océan, alors parfois il craque, il enrage, mais c'est peine perdue, puisque le méchant se repaît de cette rage, ça lui fournit une preuve magistrale de son importance et de son existence supérieure (en prime, le méchant utilise toujours cette rage pour faire passer l'autre pour le méchant). Oui, ce sont donc les méchants c’est-à-dire les hommes de pouvoir et ça s'exprime dans tous les domaines de la vie. Il suffit juste de créer la dépendance et de l'entretenir par le chantage à l'amour, via un arsenal d'outils divers et variés (matériels et psychologiques). Les gentils ne font pas ça. Là aussi, il ne s’agit pas d’essentialiser quiconque avec la catégorie des gentils, mais cette catégorie reste bien utile pour disséquer les rapports humains. C'est dans l'égalité, dans le partage juste et équilibré qu'ils tirent leur satisfaction. Si parfois, ils créent un rapport de dépendance, un manque, c'est momentané, c'est malencontreusement, c'est juste une erreur d'ajustement, un passage difficile. Les gentils cherchent les rapports d'égal à égal, et les entretiennent même si c'est un équilibre ardu à conserver dans la durée, ils n'ont pas BESOIN de créer le manque et de tirer sur la corde pour se sentir vivre.
Mais les Élus, les professeurs, les patrons, les chefs d'établissements et tous les chefs, et puis donc évidemment dans le domaine affectif, certains hommes vivent de la dépendance et du chantage à l'amour, l'organisent. Ce sont les êtres méchants, parce qu'ils font mal autour d'eux sans arrêt. Bien-sûr, nous arrivons tout simplement au cercle vicieux de la méchanceté : quand on comble un vide en soi en le créant chez autrui, le phénomène risque de se poursuivre à partir de la personne qu’on a maltraitée. Ça semble aussi machinale que de la thermodynamique.
Être avide, vouloir le beau, chercher la source de vie, c'est en chacun de nous et les méchants se placent donc stratégiquement en amont de toutes sortes de sources merveilleuse. A l’école, les sources sont principalement le savoir, l’idée de skholè, le sentiment d’exister, la socialisation, le droit d’évoluer, d’avancer (c'est pas rien !!!).
Le méchant, on le sait, n’a pas d'empathie et ne cherche rien à modifier puisque la souffrance de l'autre est la matière première de la nourriture dont il a besoin pour se sentir vivre, pour le remplir, pour combler quelque chose qui manque en lui. En fait, les méchants vivent continuellement d'un : « Tu as besoin de moi, hein ! Je le vois bien. Je la vois bien ta langue pendante. Je vois bien ta colère preuve que je suis indispensable pour toi » et ils ne vivent jamais la vraie vie. Ils ne se doutent même pas que s'ils arrêtaient d'être « méchant », de l'égalité pourrait jaillir la vie et le fertile, mais non ils préfèrent stagner, avec un compte-goutte, en plein désert, pour jouir des assoiffés autour d'eux pour qui ils sont immanquablement le centre, que dis-je, plus que centre - par ce mécanisme diabolique -, ils deviennent Dieu, une illusion de Dieu, ils sont le pourvoyeur de toutes choses. Ils sont en situation de distribution, ils passent leur vie à s’organiser pour être et rester indispensables. La première chose que l’on devrait tous faire, en face des méchants, c’est justement de se passer d’eux et de trouver comment les guérir par d’autres voies, mais c’est souvent très difficile, le gouffre d’amour en eux, fait un appel d’air gigantesque et aspire tout sur son passage... et leur chantage à l'amour marche trop bien,... le piège est si parfait,...
Je voudrais encore citer Simone Weil mais dans ses « commentaires de textes pythagoriciens » où il est en plus question du lien entre le divin et la géométrie.
« Les choses indifférentes restent toujours indifférentes ; ce sont les choses divines qui, par le refus de l’amour, prennent une efficacité diabolique. »
Qui me fait penser à l'expression « la corruption du meilleur engendre le pire » que l’on trouve chez Illich et beaucoup d’autres personnes.
Et comment ne pas rapprocher cela de l’école ? Comment ne pas voir que l’idée originelle de skholè en étant corrompue (notamment par le professorat), est devenue la chose la plus dangereuse ?
Une école, c’est un pharmakon, un outil inventé par l’homme qui peut être soit un remède soit un poison. Lorsque le pharmakon de l’école est entre les mains du pouvoir ou d’hommes de pouvoirs, alors il devient extrêmement toxique. La chose la plus toxique du monde peut-être. En ce sens, nous devrions peut-être veiller à ce que l’école ne soit pas un pharmakon, mais qu’elle soit uniquement rencontres, relations, rapports (mutuel, égaux, réciproques). Albert Jacquard disait justement que l’école devrait uniquement être le lieu de la rencontre des autres.
Tolstoï, lui aussi, quand il développe son "principe de non immixtion" de l’école et des profs (l’école et les profs ne doivent pas s’immiscer dans les êtres), il imagine une école libre qui ressemble plus à « la culture » qu’à un enseignement, des méthodes, des techniques et des outils.
Rencontre, culture, voici des concepts qui nous éloignent donc d'un pharmakon pour être sûr que personne n’en viennent à manipuler l’école et à mettre les êtres sous dépendance. C’est aussi pour ça que nous avons un gros problème avec « la culture » de nos jours, car elle a aussi été rendue pharmakon et puis ensuite détournée, manipulée, stérilisée, par les pouvoirs. On peut imaginer que la culture, que la rencontre des hommes mettent en œuvre des pharmaka, mais encore faut-il qu’ils soient décidés collectivement et que leur utilisation soit partagée équitablement entre tous.
Mais qu’en est-il du mouvement des dominés puisque « là où nul n’obéit personne ne commande » ? et selon l’angle choisi, je pourrais dire : puisque là où nul ne perd son autonomie, personne ne peut mettre l’autre sous sa dépendance.
Pour décrire ce mouvement des dominés, je donne la parole à Simone Weil (dans les « commentaires de textes pythagoriciens ») :
« Il peut arriver qu’un homme transporte la position centrale hors de soi dans un autre être humain, en qui il met son trésor et son cœur. Lui-même alors devient une simple parcelle de l’univers, tantôt assez considérable, tantôt infiniment petite. La crainte extrême peut produire cet effet aussi bien qu’une certaine espèce d’amour. Dans les deux cas, quand pour un être humain le centre de l’univers se trouve dans un autre, ce transfert est toujours l’effet d’un rapport de forces mécaniques qui soumet brutalement le premier au second. L’effet se produit si le rapport des forces est tel que toute pensée d’avenir chez le premier, qu’il s’agisse d’espérance ou de crainte, passe obligatoirement par le second. Il y a identité essentielle quant au caractère brutal et mécanique de la subordination dans les relations en apparence si différentes qui lient un esclave à un maître, un indigent à un bienfaiteur, un grognard à Napoléon, un certain type d’amoureux, d’amoureuse, de père, de mère, de sœur, d’ami, et ainsi de suite, à l’objet de leur affection. »
Il me paraît évident que le principe du mal se trouve ici : dans la mise sous dépendance d’autrui conséquence direct d’un vide en soi et son corolaire, se laisser mettre sous dépendance. C’est pour ça que toute l’astuce de l’Éducation Nationale est d’intervenir le plus tôt possible, sur les êtres les plus faibles et malléables possibles. L’Éducation Nationale ne fait qu’entériner et perpétuer en fait un monde de mise sous dépendance, un monde de chantage à l'amour, un monde de compétition avec carottes et bâtons.
Dépendance aux institutions. Dépendance à l’argent. Dépendance aux trusts agro-alimentaire par la destruction des moyens d’autosuffisance et notamment de la terre. Dépendance à des propriétaires immobiliers ou des moyens de production.
"Le gouvernement par la contrainte" n’est pas grand-chose à côté de ce macro-système ramifié de mise sous dépendance (qui commence par l’école).
La première des mises sous dépendance que réalise l’école est celle concernant le savoir comme nous en parle Ivan Illich et puis John Holt :
« Le professeur prépare à l'institutionnalisation aliénatrice de la vie en enseignant le besoin d'être enseigné. Une fois cette leçon apprise, l'homme ne trouve plus le courage de grandir dans l'indépendance, il ne trouve plus d'enrichissement dans ses rapports avec autrui, il se ferme aux surprises qu'offre l'existence lorsqu'elle n'est pas prédéterminée par la définition institutionnelle. » I.I.
« Le plus fondamental des droits de l’homme est celui d'être maître de son esprit et de ses pensées. Cela implique le droit de décider soi-même comment on va explorer le monde qui nous entoure, celui d'évaluer ses propres expériences et celles des autres, et enfin le droit de chercher et de donner du sens à sa vie. Quiconque nous ôte ce droit, tout éducateur soit-il, s'attaque à l'essence même de notre être et nous cause une blessure profonde et durable. Car il nous affirme ainsi que nous ne pouvons pas nous faire confiance à nous-mêmes, même pour penser, que notre vie durant nous dépendons des autres pour connaître le sens du monde et celui de notre vie, et que nos propres interprétations, faites au regard de nos expériences, n'ont aucune valeur. Mon propos n'est pas d'améliorer l' "éducation" mais de faire sans, d'en finir avec ce système de formatage affreux et anti-humain, et de laisser enfin les gens se construire eux-mêmes ». J.H.
Quelques lignes après le texte de Simone Weil que nous avons cité plus haut, elle poursuit :
« Il y a pourtant une exception. C’est quand deux être humains se rencontrent dans des circonstances telles qu’aucun ne soit soumis à l’autre par aucune espèce de force et que chacun ait à un degré égal besoin du consentement de l’autre. Chacun alors, sans cesser de penser à la première personne, comprend réellement que l’autre aussi pense à la première personne. La justice se produit alors comme un phénomène naturel. »
Et puis, plus loin :
« Seul le vrai renoncement au pouvoir de tout penser à la première personne, permet à un homme de savoir que les autres hommes sont ses semblables. (…) Les hommes n’aiment la richesse, le pouvoir et la considération sociale que parce que cela renforce en eux la faculté de penser à la première personne. Accepter la pauvreté au sens littéral du mot, c’est accepter d’être néant dans l’apparence qu’on présente à soi-même et aux autres comme on est néant en réalité. »
Donc, laisser à l'autre son autonomie, et ne pas chercher à prendre puissance sur lui via un chantage à l'amour, et chercher la charité, la rencontre mutuelle.
Tout ceci me fait penser à ce que dit Jacques Ellul sur la non-puissance. Et je voudrais donc terminer cet article avec lui, avec quelques merveilleuses citations où on comprend que la Vérité se trouve dans la non-puissance :
« Nous pouvons être assurés que dans toutes nos situations de richesse, de puissance, de domination, d'expansion, de haute technologie, de croissance indéfinie, Dieu n'est pas. »
« Ce qui a constamment marqué la vie de Jésus, plus que la non-violence, c'est le choix en toute circonstance de la non-puissance. Ce qui va infiniment plus loin. La non-puissance n'est pas l'impuissance. Celle-ci est le simple fait que je ne peux pas faire ce que j'aurais envie de faire, ou devrais faire. La non-puissance est un choix : je peux, et je ne le ferai pas. C'est un renoncement. »
Les profs, les élus, les patrons, les parents, sont des êtres qui peuvent, et ils font. Tragédie !
« la non-puissance est une orientation permanente dans tous les choix de la vie et toutes les circonstances. On a une puissance, et on refuse de s'en servir. Tel est l'exemple de Jésus. C'est une des expressions les plus bouleversantes que cette considération d'un Dieu qui est le Tout-Puissant, et qui venant parmi les hommes prend la décision de la non-puissance.»
« cette orientation permanente et ce choix explicite de Jésus de la non-puissance nous placent actuellement dans une situation délicate. Car nous devons faire le même choix. Mais nous sommes placés dans une société qui n'a pas d'autre orientation, pas d'autre objectif, pas d'autre critère de la vérité que la puissance !
La science est devenue non plus recherche de la vérité mais recherche de la puissance, la technique est tout entière un instrument de puissance. Il n'y a rien dans la technique sinon de la puissance. La politique n'est ni le souci du bien et du juste ni l'expression de l'humain, elle n'a pas d'autre but que de réaliser, d'affirmer la puissance. L'économie quand elle se voue à la recherche effrénée de la richesse des nations est en définitive elle aussi vouée à la puissance...
Notre société est l'esprit de puissance, la grande différence avec les sociétés antérieures est que sans doute celles-ci recherchaient aussi la puissance mais n'en avaient pas les moyens. Alors que notre société a maintenant acquis les moyens d'une puissance illimitée, si bien que nous sommes aujourd'hui placés dans la situation la plus difficile qui ait jamais eu lieu, puisqu'il nous faut récuser à la fois l'esprit de notre temps et les moyens employés. Sinon, si peu que nous cédions à ces puissances, nous trahissons Jésus, bien plus sûrement que si nous commettons tel ou tel péché individuel et limité : car c'est un choix de vie (dont la non-violence est une partie) et il n'y en a pas d'autre possible. Si le dernier mot est l'amour, il consiste à ne jamais exprimer ni marquer une puissance quelconque envers l'autre en toute circonstance.
Et seule la non-puissance aujourd'hui peut avoir une chance de sauver le monde...»
8) La peur totale : celle de mourir.
A l'école, on a peur et on apprend à avoir peur. C'est un régime de peur intégrale. Il y a toutes sortes de peurs quotidiennes bien-sûr, mais parlons de cette peur globale qui sous-tend ce système - et il s'agit forcément de la peur qui domine toujours toutes les autres - : la peur de mourir. Cette peur suprême est précédée de la peur de l'exclusion sociale, mais on sait très bien avec quelle célérité, on passe de l'une à l'autre, et comment finalement elles se confondent toujours anthropologiquement.
Chaque scolarité répond au schéma animal et dogmatique (le mot est archi-faible) suivant : « Je dois apprendre, et vite, je dois savoir, c'est-à-dire savoir répondre correctement aux questions en fonction du modèle, c'est-à-dire obéir, pour avoir des diplômes, qui me permettront ensuite d'avoir un "travail", un "métier", lequel me rapportera de "l'argent" (plus ou moins selon si j'ai bien travaillé à l'école ou pas) et par ce moyen, je serai accepté, je serai à l'abri du besoin, je ne dormirai pas dans la rue et j'aurai de quoi de manger. Et si j'excelle, je serai récompensé, je pourrais même vivre dans le confort, voire dans le luxe. Ma scolarité réussie est ce qui m'éloigne de celui qu'on appelle "un SDF", de la déchéance, de l'absence de toit et de nourriture, et me rapproche de la reconnaissance des autres et donc de la sécurité matérielle et affective. Si j'échoue à l'école, si je suis un raté, je pourrais en mourir, comme ce SDF mort de froid. Je finirai tout seul, à manger dans les poubelles, sans dents et ma vie sera très brève, remplie de souffrances physiques et morales. » Tous les adultes, en vertu de ce "réseau de mafiosi" dont parle Léandre Bergeron, sont de connivence pour entretenir ce schéma dans les enfants. Ha cet amour-menteur pour les enfants ! Je te fais peur pour que tu obéisses et que tu te conformes, mais je t'aime. L'amour n'est qu'un outil de premier choix, parmi les outils de servitude : "c'est pour ton bien", parce que je t'aime. L'amour des parents pour leurs enfants, c'est aussi intense que "la subversion du christianisme" (Cf : Jacques Ellul) ou que l'imposture de notre régime politique. Une illusion, une très fine manipulation, une mystification, on nous paie de mot, et nous, on marche, on fait confiance, alors qu'on nous conduit à l'abattoir.
Voilà donc ce qu'on appelle "civilisation", "société", "République", "vivre ensemble","la famille qui nous protège", un état de chose qui repose à tout instant sur la peur de mourir, la peur d'être exclu, la peur d'être dernier, rejeté par les siens, la peur de ne pas correspondre vu les risques encourus pour sa survie. Voilà donc cet état de chose (société, famille) que l'on affuble sans cesse de jolis mots fleuris qui n'est qu'un régime de peur intégrale : MARCHE OU CREVE. Voilà avec quoi la jeunesse de ce monde chemine. Voilà, ce qu'il y a dans le coeur de la jeunesse de ce monde à chaque instant (et dans le coeur de chacun de nous). Et sans refondre totalement (inverser !) cette matrice diabolique, nous voudrions conserver des aspirations à un monde qui serait beau comme ci ou comme ça ? Quelle blague !
Ce site internet propose d'ausculter LA MATRICE de notre société et des individus. Dès le départ, cette matrice nous intime au plus profond de nous-même que la distance, fusse-t-elle, infime, que nous prenons vis-à-vis du modèle social en vigueur nous rapproche (même un tout petit peu) de la mort. A chaque fois que nous nous écartons de ce qui est admis, attendu, VLAN, une logique implacable est là pour nous faire incorporer qu'on prend un risque pour notre survie future. C'est beau l'amour ! C'est beau la fraternité quand même !
En conséquence, ce régime de peur, donne naissance à des individus dont les caractéristiques premières seront l'insincérité, le mensonge permanent vis-à-vis de soi et des autres (pour correspondre), la vente mutuelle, la construction d'un personnage (de masques), de carapaces, l'incorporation de rôles - rien de plus adéquat qu'un rôle, qu'une fonction voulue par l'État, pour s'éloigner de la peur de mourir puisqu'on sera accepté sans détour, donc on se précipite sur les rôles -.
Les individus n'en sont pas puisqu'ils sont tous gorgés de schismes en tout genre : pour ne pas mourir, pour être accepté, on s'auto-découpe tous, à la machette, en fines rondelles. Les psychés sont de véritable temple du refoulé et du refoulement. L'histoire de nos 20 premières années à tous est une histoire intégrale de refoulement. Et la "société" est composée in fine de gens qui sont les fantômes d'eux-mêmes, qui ne sont JAMAIS eux-mêmes.
Le sentiment de l'échec scolaire est égal à la peur de mourir. C'est un système totalitaire qui emporte chacun d'entre-nous.Nous avons (encore) essayé d'allumer un feu
Il faisait froid et nous avons essayé d'allumer un feu. Plus la Terre se réchauffe à cause du CO2 du Méthane, plus nous avons froid. Nous avons proposé des veillées pour que la vie revienne peu à peu au village : de la philosophie, des jeux, des conversations, du théâtre etc. se parler, se voir, s'entraider et apprendre les uns des autres, se retrouver.
On se disait qu'il suffisait peut-être juste de se mettre en chemin pour retrouver tout ce qui fait la douceur de vivre : l'Amitié, le soin aux autres, et puis bien-sûr, si possible, les coquelicots, les fours à pain, les rires de petites filles et de petits garçons, la pluie aussi douce que le soleil, l'abondance de bienfaits, le plus possible de manifestations de la Vie, la paix intérieure et extérieure, le retour des sens et des sensations, oui, quelque-chose comme à la fin du livre L'homme qui plantait des arbres :
Sur l'emplacement des ruines que j'avais vues en 1913, s'élèvent maintenant des fermes propres, bien crépies, qui dénotent une vie heureuse et confortable. Les vieilles sources, alimentées par les pluies et les neiges que retiennent les forêts, se sont remises à couler. On en a canalisé les eaux. A côté de chaque ferme, dans des bosquets d'érables, les bassins des fontaines débordent sur des tapis de menthes fraîches. Les villages se sont reconstruits peu à peu. Une population venue des plaines où la terre se vend cher s'est fixée dans le pays, y apportant de la jeunesse, du mouvement, de l'esprit d'aventure. On rencontre dans les chemins des hommes et des femmes bien nourris, des garçons et des filles qui savent rire et ont repris goût aux fêtes campagnardes. Si on compte l'ancienne population, méconnaissable depuis qu'elle vit avec douceur et les nouveaux venus, plus de dix mille personnes doivent leur bonheur à Elzéard Bouffier.
Quelque harmonie serait-elle envisageable ? De toutes façons nous avions vraiment trop froid dans ce village, il fallait bien tenter quelque-chose. Nous disions sans cesse : il est mort notre village ! Alors tout bêtement nous avons essayé d'allumer un feu au centre du village. Du bois, des brindilles, de la cagette, du papier, une allumette, nous avions tout ce qu'il faut et en prime, nous étions une petite bande d'enthousiastes (étymologiquement : pénétrés et emportés par le divin). Nous avions un feu en nous et nous voulions le déposer et le matérialiser comme offrande ("Toi qui m'a donné du feu quand...").
Le feu a commencé de partir, les flammes grossissaient, cela nous ravivait, nous étions ravis. Septembre, octobre, novembre 2016, à observer ce feu s'épanouir lentement... Quand le froid de l'hiver allait s'ajouter à celui des âmes, le feu serait peut-être très grand, très beau et très chaud, tant mieux !>
Mais les élus sont encore venus et, hommes ou femmes, ils ont pissé sur le feu en rigolant pour l'éteindre. Je suis allé les voir plusieurs fois, pour leur dire d'arrêter et d'aller pisser ailleurs, et quand je me suis tourné vers les villageois pour avoir leur approbation et leur soutien, il n'y avait plus personne. Chacun, par un mystérieux mouvement de pesanteur, était retourné se placer mécaniquement derrière un écran d'ordinateur, de télévision, de tablette ou de smartphone. J'ai regardé à nouveau vers feu le feu, et les élus pissaient toujours, et puis se branlaient et éjaculaient dans la bouche ou le cul des villageois, chacun ligoté façon SM, à l'endroit où on avait essayé de faire un feu. Les élus de sexe féminin sodomisaient mes concitoyens avec des godes-ceintures. Je me suis approché d'un camarade (de sexe masculin) qui avait une bite dans la bouche, un gode-ceinture dans le cul et des braises au milieu du dos, et j'ai tenté de le questionner. Je compris à partir des bribes de mots que j'ai pu glaner entre deux coups de bite, qu'il n'avait aucunement conscience de ce qu'il était en train de subir et qu'il se croyait tranquillement installé derrière son écran ordinateur en train de regarder un film porno.
Oui, et donc ils se laissaient faire. En fait, il paraît que c'est parce qu'ils ont des "habitus de dominés". C'est Bourdieu qui l'a dit. Et il paraît que c'est tout.
Je ne vous raconterais donc pas cette histoire du jour où nous avions essayé de mettre des couleurs.
Le masochisme comme éthique : éviter à tout prix ce qui pourrait nous guérir.
Combien de personnes travaillent la terre pour leur subsistance ? Qui fait cela ? On dit que le nombre d'agriculteur se situe autour de 3% en France, mais quelqu'un qui produit du vin ou du lait pour le vendre, un autre qui produit des courgettes et des pommes pour les vendre, sont-ce là des gens qui travaillent la terre pour "gagner leur pain à la sueur de leur front" (la Genèse) ? Non, ce sont des personnes qui vendent et se vendent (comme tous les autres) pour obtenir de l'argent et c'est par ce moyen-là qu'elles iront chercher leur subsistance auprès d'autres vendeurs.
Le nombre de gens en occident qui tirent de la terre leur subsistance doit avoisiner zéro... Ça serait bien au moins de le noter... étant donné que c'est pourtant la seule chose à faire pour être en accord avec les lois de la vie.
Ces dix dernières années, j'ai pu observer que les hommes ont deux mobiles "négatifs" principaux : 1° tout faire pour ne pas avoir à travailler la terre pour sa subsistance et 2° tout faire pour ne pas participer aux prises de décisions politiques. Ce sont des mobiles qui les guident en permanence. On pourrait facilement prouver que tous les choix sont effectués à la lumière de ces deux mobiles négatifs.
Pour l'un et l'autre, chacun échafaude de solides paradigmes de justifications (des cortèges de raisons logiques entre elles) qui permettent en toutes circonstances de pouvoir justifier pourquoi on ne travaille la terre pour sa subsistance et pourquoi on ne prend pas part à la vie politique (aux décisions pour le bien commun).
La propagande (que l'homme ne cesse de répercuter) est là pour fournir tous les éléments de langage et autres signes ou imageries pour mettre au point, en chacun, ces justifications. N.B : Ce que je nomme "Propagande" est toujours l'ensemble constitué par l’Education Nationale (programme explicite et implicite : voir Citation de E. Reimer), les industries culturelles (radio, cinéma, presse, télévision, "médias"), la publicité, tous les processus Etatiques/Institutionnels de normalisation sociale, et désormais la neuroscience au service des Possédants et la gouvernementalité algorithmique.
Passées les justifications les plus faciles, et s'il nous est donné de pouvoir creuser ces deux sujets (terre et politique) avec les gens, on arrive rapidement à l'idée que les deux choses leur feraient mal, c'est en tout cas ce qu'ils disent. Tout le monde dira également qu'il s'agit là de deux sujets qui peuvent sans doute intéresser plein de gens (formidables) mais en tout cas : pas eux. Eux ont bien d'autres passions, centres d'intérêts, activités, et sont doués pour beaucoup d'autres choses, mais pas ça. Ils disent tous cela.
Et puis donc : travailler la terre pour sa subsistance, ou participer à la prise des décisions communes, dans les deux cas, il paraît que ça fait mal, que c'est douloureux et puis tous se déclarent totalement, mais alors totalement, inaptes, incultes et ignorants pour ces deux choses. Tous disent, un peu comme pour quelque-chose de très très fragile qu'il vaut vraiment mieux que eux n'y touchent pas car ils risqueraient de mal faire.
Jeunes, moins jeunes, vieux... Tous... Ils sont d'ailleurs (selon eux) soit trop jeunes, soit occupés à autre chose, soit trop vieux...
Ils feraient mal. Ça fait mal. Bref, selon eux c'est vraiment un mal.
Ce qui me frappe alors, c'est combien ce mal est pourtant LE bien suprême. Il s'agit précisément des deux sujets qui seraient en mesure de tout leur rendre : leur temps, leur santé, leur pouvoir, leur plaisir, leur énergie, leur sérénité, leur paix, leur indépendance, leur bonheur, leur liberté, leur courage, leur allant, leur volonté etc., et bref, toute la douceur de vivre qu'on est en droit de vouloir en venant au monde, et toutes les vertus de l'homme debout, fier marinier de la vie.
Ce que les gens cherchent à éviter à tout prix est exactement ce dont ils ont le plus besoin... (dans le meilleur sens du mot besoin...)
...J'en reviens donc toujours à chercher pourquoi l'ordre ici bas est inversé...
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front... Il semblerait que ça soit le mot SUEUR qui pose problème... Mais alors pourquoi celui-ci fait-il du jogging ? Pourquoi cet autre du VTT ? Pourquoi presque tous "font du sport"... ?
Et pourquoi tous remplacent le mot "pain" par "argent pour acheter du pain" ?
Les choses divines sont pourtant on ne peut plus claires : tu gagneras ton pain à la sueur de ton front, ça veut juste dire qu'il faut tirer SOI-MÊME sa subsistance directement de la terre, et que ça fera un peu, parfois, comme quand on fait un peu de sport : ça fera un peu transpirer quelques gouttes, mais il se trouve que c'est bon pour le corps (et même pour la tête à cause des endorphines)...
Je me souviens de ce dessin très intéressant (qui reprenait les codes visuels des salles de sport) où quelqu'un avait indiqué quels muscles étaient sollicités par chaque outils classiques de jardinage.
Ensuite, participer, chacun, aux décisions communes, permettrait à notre communauté humaine que ça ne soit plus les pires d'entre-nous qui prennent de mauvaises décisions, mais que l'intelligence collective puisse tirer profit de chaque cerveau et que cette même intelligence tende à alléger la peine de chacun grâce à l'entraide et à la mise en commun. Mais bon, ça aussi, il faut l'éviter à tout prix.
Une journée de plus s'est écoulée aujourd'hui où les gens ont tout mis en œuvre pour vivre loin ou à côté des deux choses dont ils ont le plus besoin.
Mystère.Total.
Dénonciation de la permaculture commerciale (sketch radio)
Joseph Sapin termine son stage de permaculture (moment du paiement).
Extrait de la dernière émission du Monde Allant Vers avec Mathilde, Joris et Sylvain (Intro de 5'30)
Ce sketch est une impro en direct.
+ : le coté impro apporte une justesse intéressante.
- : des effusions de bisous et d'amitié au moment de la séparation finale auraient été marrants, et plus de références à tous les travaux de bagnards effectués pendant le stage auraient aussi apporté un plus à ce dialogue.
On en refera peut-être un, + écrit.
Nous voulons être délivrés. Celui qui donne un coup de pioche veut connaître un sens à son coup de pioche. Et le coup de pioche du bagnard, qui humilie le bagnard, n’est point le même que le coup de pioche du prospecteur, qui grandit le prospecteur. Le bagne ne réside point là où des coups de pioche sont donnés. Il n’est pas d’horreur matérielle. Le bagne réside là où des coups de pioche sont donnés qui n’ont point de sens, qui ne relie pas celui qui les donne à la communauté des hommes. Et nous voulons nous évader du bagne. Saint-Exupéry dans Terre des hommes.
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