Et l'habitat sur la ZAD, ET AILLEURS ?!
Je vous renvoie vers le magnifique livre de mon ami Ivan Illich : « L'art d'habiter », pour simplement constater avec Ivan que nous avons étrangement perdu en chemin ce trait caractéristique et fondamental de l'espèce humaine (...mais bon comme nous avons TOUT perdu...). C'est un des constats les plus puissants que j'ai fait ces dernières années : les gens n'habitent plus.
Concernant les expulsions politiques (et militaires !) de ceux qui cherchent à retrouver l'art d'habiter, Illich nous offre cette terrible analyse : (Est-ce que c'est ce qui attend finalement les Zadistes ?! Ou bien allons-nous enfin nous réveiller sur ce sujet ?)
Le sujet de l'habitat, vraiment trop peu abordé est pourtant fondamental, en lui-même, mais aussi métaphoriquement. En effet, le vieux monde que nous voulons voir finir est comme un immense édifice (non vernaculaire donc, qui s'impose à nous), et nôtre tâche est de le faire disparaître sans le faire exploser directement sans quoi il nous tomberait dessus et nous tuerait. Cela consiste pour chacun de nous (et ensemble) à retirer brique après brique, patiemment mais sûrement. Les briques du vieux monde existent très logiquement les unes par rapport aux autres, et on est souvent obligé pour retirer telle ou telle d'en avoir préalablement retirées certaines autres.
Voyez-vous à quel point cette métaphore se superpose parfaitement à notre situation réelle en terme d'habitat ? Nous n'habitons pas, nous sommes des "logés", hétéronomes, dans des édifices, non respirant, malsains, pollués, non vernaculaires, qui nous enserrent, et nous font vivre une pression d'Enfer, insoutenable, INDIGNE.
Soit nous sommes "LOCATAIRES" avec la pression financière délirante du loyer à payer et avec cette relation si exquise, si DIABOLIQUE, avec "le propriétaire" ; tout ça, c'est UN ENFER.
Soit nous sommes PROPRIÉTAIRES et nous payons un loyer à la banque. La pression est la même. Nous sommes dans tous les cas en conséquence des esclaves du travail-des propriétaires et/ou des banques.
Et en plus, — et c'est bien le pire du pire qui devrait nous faire péter les plombs — , nous n'habitons pas (relire Illich ci-dessus).
De plus, ces mauvaises conditions initiales ne permettront pas une bonne articulation de l'individuel et du collectif, tout aussi fondamentale.
Et de cette situation initiale délétère découle des mauvais rapports humains (des conflits perpétuels) qui ne devraient pas nous étonner — ils sont une conséquence, un symptôme, il faut traiter la cause, qui est le mode d'habitat — .
Tout ça me fait penser aussi à la description de Giono au début du texte « l'homme qui plantait des arbres » :
Notre vrai besoin à tous, CHACUN, c'est HA-BI-TER ! et habiter pour articuler l'individuel et le collectif et en articulant l'individuel et le collectif.
Et c'est d'avoir DE L'ESPACE ! DE L'AIR !!! Saint-Ex disait dans Citadelle cette chose très vraie : « le vice n'est que puissance sans emploi ». J'ajouterais la paraphrase suivante : le vice est aussi puissance sans espace.
Je vous renvoie aussi à mes autres articles : « Tuer l'idéologie pavillonnaire et l'idéologie de la maison bourgeoise » et « Ce qu'il faut de terre à l'homme ».
A l'heure actuelle (l'heure de la barbarie intégrale), une solution viable et assez miraculeuse existe dans l'habitat à ossature-bois, mur en paille et mortier, sur terrain agricole, déclaré en abris de jardin. On a tous appris des quantités de choses complexes et inutiles à « L'Éducation Gouvernementale ». Construire une petite maison de ce type est simplissime, à côté d'une infinité d'autres choses que nous faisons et que nous avons appris à faire (en étant FORCÉ en plus et à contre cœur).
N'est-ce pas le plus beau des travaux, qui se fait exactement à l'inverse d'un contre cœur, que d'AUTOCONSTRUIRE SA PETITE MAISON ?
Pourquoi on nous bourre le mou avec l'idéologie du travail, si ce n'est même pas pour réaliser le premier des travaux de l'homme, depuis que l'homme est sur la terre: HA-BI-TER (et se nourrir par ses propres moyens !).
Pourquoi ne pas habiter cette vie comme il se doit, comme le créateur la voulue ?
Pourquoi être esclave toute sa vie ?
Pourquoi continuer ces vies de dingues, où nous travaillons comme des dingues, simplement pour être logés dans des cages ?
Comment se fait-il que nous ne parvenons pas à nous focaliser collectivement sur ce point ABSURDE et gorgé de mal jusqu'à la lie ?! Comment se fait-il qu'un PEUPLE accepte cet état de chose scandaleux au dernier degré ?! Comment se fait qu'individuellement et collectivement nous acceptons que nos vies soient offertes aux banques et aux capitalistes uniquement par le truchement de lois absurdes qui empêchent de vivre ?
Quiconque quitte les boulevards du fric et la loi de l'argent pour chercher la vie fera le même parcours concernant l'habitat. Les notions rencontrées au travers des lois seront toujours les mêmes : terrain agricole ou naturel, abri de jardin, « abri de moins de 20² », « abri moins de 5m²», « En tant qu'agriculteur », « Qu'a-t-on le droit de faire sur un terrain non-constructible ? », caravane, roulotte, camion, yourte, tipis, pilotis, "flottant", prérogatives du maire, ...
Nous sommes des centaines de milliers, chercheurs de vie, à manipuler constamment ces notions dans tous les sens, à la recherche de LA solution, de LA bonne stratégie, alors qu'il n'y en a pourtant aucune. Car s'il y en avait une, tous les chercheurs de vie s'y seraient engouffrés depuis longtemps et tout le monde aurait fini par suivre. Pourquoi se refuser ce constat mortel ? Parce que ça fait trop mal au cœur ?
Concernant l'habitat, toutes les lois concourent JUSQU’À L'ABSURDE COMPLET, à ce que nous soyons tous radicalement INTERDITS DE VIVRE.
Si nous pouvions vivre, si nous pouvions quitter la loi de l'argent, s'il y avait une seule solution LÉGALE viable : tout le monde s'y engouffrerait, et ça ferait comme je le disais : un trou dans la bulle d'air, irrécupérable pour la loi de l'argent et des banques.
Et puis pourquoi faisons-nous à ce point-là les niais et les naïfs ? Nous savons bien que depuis des lustres, d'autres, avant nous, ont essayé de faire apparaître des trous et que c'est justement leurs actes qui ont permis, pour les gouvernements, de mettre au point de nouvelles lois afin de créer les nouvelles impasses nécessaires au maintien de la loi de l'argent.
A chaque nouveau commencement de trou vers le chemin de vie, en réaction, une nouvelle lois vient y mettre un terme instantanément.
Tant que les individus n'auront pas le courage de brandir sans faiblir, sans fléchir, cette certitude que nous sommes radicalement interdits de vivre, et que nous vivons dans la pire dictature qui soit depuis la nuit des temps, rien de bougera d'un iota. Car ce système vit de notre tendance à nous satisfaire de l'illusion de vie. Tant que nous ne serons pas un nombre substantiel-critique à affirmer que la vie est autre chose que l'état de chose actuel, rien de bougera. Tant que nous nous satisferons, même bon an mal an, de l'état de chose, rien ne bougera. Tant qu'il n'existera pas en chacun de nous un incommensurable NON, PERMANENT, rien ne bougera.
Rien ne bougera : la réalité restera opposée à la vie et à l'amour.
La réalité restera la matérialisation constante de la loi de l'argent. Nous continuerons de vivre en Enfer.
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